Comment améliorer son abeille ?
Les transformations paysagères modifiant les ressources, les pratiques apicoles influençant le développement des colonies, la mondialisation apportant de nouvelles maladies et prédateurs ainsi que les changements climatiques et ses effets sur les miellées bouleversent les relations entre les colonies d’abeilles et leur environnement. Les besoins des apiculteurs et apicultrices envers leurs abeilles évoluent. La sélection génétique, permet d’accompagner les abeilles face à ces évolutions perpétuelles et de mieux répondre aux besoins d’élevage.
Comment améliorer son abeille ?
Découvrir les concepts de la sélection
La sélection des animaux existe depuis que les humains interagissent avec eux. Les mécanismes dont cela découle peuvent être flous, connaitre quelques notions de génétique permet d’y voir plus clair sur les choix techniques pour mettre en place un plan de sélection.
Les grandes étapes de la sélection sont les suivantes :
• Définition des objectifs de sélection et des critères à évaluer pour y parvenir
• Recueil des informations de performance
• Evaluation génétique des colonies candidates à la sélection
• Choix des reproducteurs et des appariements
• Diffusion de la génétique sélectionnée et analyse des retours
• Réévaluation des objectifs de sélection
Pour mieux comprendre les différents types de caractères et les mécanismes génétiques se trouvant derrière la sélection :
Intégrer une démarche de sélection à son activité
La sélection est contraignante, et nécessite de la rigueur, du temps pour des taches spécifiques et une gestion particulière du cheptel. La première étape de la démarche est de clarifier les raisons pour lesquelles il est la sélection est faite
Besoin d’une abeille plus adaptée à ses pratiques ?
• Passion pour cette thématique ?
• Envie de travailler en collectif ?
De cela découlent les investissements envisageables en matière de
• Temps de travail
• Cheptel engagé
• Flexibilité du calendrier en saison
• Financement
• Adaptabilité sur les objectifs et les techniques utilisées dans le cas de choix collectifs
• Compétences en élevage et maitrise des fécondations
Heureusement, il existe plusieurs façons de mettre en place une démarche de sélection, correspondantes aux profils des sélectionneurs et sélectionneuses.
Fixer ses objectifs de sélection
La première étape est de fixer ses objectifs de sélection en fonction de ses objectifs d’exploitations et ses pratiques apicoles : c’est-à-dire visualiser clairement les caractéristiques que l’on souhaite améliorer. Des critères de sélection courants sont
• Production de miel
• Faible tendance à l’essaimage
• Douceur et tenue au cadre
• Résistance aux maladies et au varroa
• Faible consommation de ressources alimentaires
Choisir les abeilles desquelles débuter une sélection
Pour sélectionner et améliorer son abeille, la question du choix de l’abeille de départ se pose. Plusieurs approches sont possibles :
• Débuter à partir des abeilles présentes dans le cheptel
• Sélectionner les meilleures colonies du cheptel
Acquérir de la génétique extérieure
S’appuyer sur un protocole de testage des colonies
Pour sélectionner les reproducteurs les plus pertinents parmi le cheptel, il faut évaluer les colonies. La collecte d’informations de performance nécessaires s’appelle le testage. Pour éviter les biais, il faut s’assurer de suivre une conduite rigoureuse du rucher de testage et noter les bonnes informations. Certains éléments clés sont :
• Identifier ses individus candidats à la reproduction avec un code unique
• Conduire son cheptel de façon homogène pour limiter les facteurs environnementaux variables entre les colonies
• Suivre une échelle de notation pertinente
• Appliquer des protocoles de testage rigoureux
Analyser les données pour bien choisir ses reproducteurs
Une fois les colonies candidates à la sélection évaluées, un travail d’analyses de données permet de déterminer quelles reines fécondées seront utilisées pour la production des individus de la génération suivante. Certaines seront choisies pour produire des reines, d’autres reines fécondées produiront des mâles. Idéalement ce choix doit prendre en compte
• Les performances propres des reines candidates à la sélection
• Les performances des apparentés, ascendants, sœurs ou descendants, des reines candidates à la sélection
• Les liens généalogiques avec les autres individus parents et phénotypés
Plusieurs méthodes mathématiques peuvent être utilisées, comme une moyenne pondérée ou un modèles mathématiques plus complexes appelés BLUP.
Maitriser les fécondations
Maitriser les fécondations des reines permet de contrôler l’apport génétique des mâles entre deux générations. Cet aspect demande de pouvoir élever des mâles suivant un calendrier défini. Différentes techniques offrent des niveaux variables de contrôle de la génétique :
Fécondation dirigée en présence de ruches à mâles
• Fécondation contrôlée dans un environnement ou ne sont présents que les mâles élevés
• Insémination artificielle
Une variabilité génétique est également à considérer en fonction de la proximité généalogique des mâles fécondants.
Il est également important assurer une bonne gestion de la voie femelle. Le testage peut espacer de plusieurs années la naissance des reines de leur sélection comme « souche ». Leur durée de vie est alors un facteur limitant. Voici quelques clés pour augmenter leur espérance de vie
• Transvaser les reines et les colonies dans des ruches de format intermédiaire
• Limiter le nombre de cadres pouvant être pondus mis à disposition de la reine • Prélever du couvain naissant pour modifier le ratio nourrices/butineuses
• Veiller à assurer un apport de ressources régulier mais non excessif.
Axer sa sélection sur la résistance à varroa
Un objectif souvent fixé en sélection est de pouvoir travailler avec une abeille moins sensible au varroa. Plusieurs critères pour évaluer cette résistance sont utilisables :
• SMR (suppressed mite reproduction) permet d’évaluer la capacité de la colonie à empêcher la reproduction du varroa dans la cellule de couvain
• Croissance de la reproduction en varroas
• VSH (varroa sensitive hygiene) permet ‘évaluer la capacité de la colonie à nettoyer des cellules de couvain où sont présents des varroas.
Conserver la diversité
Sélectionner c’est choisir les reproducteurs. Il y en a donc que l’on écarte de la reproduction ce qui induit une perte de diversité génétique qui y était liée. Afin d’éviter une érosion de diversité irréversible il peut être pertinent de réaliser de la conservation.
Les grandes étapes de la mise en place d’un conservatoire sont :
• Concertation entre les apiculteur.ices utilisant la zone
• Caractérisation de la population d’abeilles
• Définir un rayon de 3 km et un rayon tampon de 10 km
• Constituer le rucher de 250 à 300 colonies
La conservation de la semence est également une possibilité qui tend à se développer.
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