Ressources, débouchés, consommation 2021 : une radiographie précise

Publié le 10/01/2023

Qualité des produits

Une enquête de ITSAP-Institut de l’abeille

Identifier les différents usages du miel en France, analyser la répartition du miel disponible entre la grande distribution, la vente directe et les exportations. Faire le point sur les évolutions majeures ces dernières années sur l’origine du miel, les débouchés et le niveau de la consommation française. Voici quelques unes des interrogations auxquelles tâche de répondre notre nouvelle enquête, édition 2021.

Sans faire plus de mystère que nécessaire, voici la manière dont se répartissent les emplois du miel en 2021. Par « emplois » il faut comprendre « l’ensemble des usages ou débouchés du miel disponible sur le marché domestique ». Les ventes au détail en pots représentent pour l’année 2021 le principal débouché, dans deux principaux circuits dédiés à la consommation directe des ménages que sont les formats de la grande et moyenne distribution et les ventes directes par les apiculteurs.

Les autres « emplois » identifiés sont les exportations vers les pays de l’UE et les pays tiers, la consommation de miels en restauration, l’utilisation de miels dans l’industrie agro-alimentaire et cosmétique et l’éventuelle constitution de stocks chez les apiculteurs ou les conditionneurs.

Une data provenant de différentes sources

Différentes sources permettent de préciser les tonnages vendus dans certains circuits : les données du panel NIELSEN fournies par FranceAgriMer précisent en volume et en valeur les ventes pour les deux formats hypermarchés et supermarchés. On ne dispose pas des données concernant les autres formats de magasins : drives, Enseignes à Dominante Marques Propres (EDMP) qui correspondent anciennement aux Hard Discounters, et magasins de proximité. On retient l’hypothèse que la tendance à la baisse observée en 2021 s’applique aussi à ce type de format.

Les exportations sont précisément connues via les données des douanes françaises. L’enquête annuelle de l’observatoire de la production de miel fournit, quant à elle, les volumes vendus par les apiculteurs dans les différents circuits et notamment le tonnage de miel écoulé en ventes directes. On ne dispose pas d’outils de suivi annuel des ventes de miel dans les autres circuits. Il reste que les tonnages et surtout l’origine des miels vendus en ventes directes par les apiculteurs constituent une donnée difficile à estimer, souvent basée sur du déclaratif. Enfin, un nombre limité d’entretiens avec des acteurs clés (apiculteurs, conditionneurs, négociants) permettent de conforter les tendances identifiées par ces différentes sources.

Tableau 1 : Tonnage et prix de vente au détail du miel vendu en hypermarchés et supermarchés. 2017-2021 Source : NIELSEN élaboration FranceAgriMer

VENTE DE MIEL EN GRANDES SURFACES : FIN DE L’EFFET D’AUBAINE DU COVID

Selon les données du panel Nielsen, le recul des ventes en GMS observée sur les années 2017-2019 a été stoppée par le net rebond des volumes de miel vendus en 2020 du fait du confinement lié à la pandémie de COVID. L’année 2021 voit la situation s’inverser avec des baisses significatives des volumes aussi bien en hypermarchés qu’en supermarchés et l’ « effet COVID » est pratiquement gommé avec des volumes vendus similaires à ceux de 2019.Les prix de vente varient peu d’une année sur l’autre : en 2021, ils décroissent légèrement dans les hypermarchés et à l’inverse, on observe une hausse très mesurée dans le format supermarchés

QUI DIT FAIBLE RECOLTE, DIT HAUSSE SENSIBLE DU POIDS RELATIF DES VENTES DIRECTES

Tableau 2 : Évolution du poids relatif de la récolte et du tonnage vendu en ventes directes par les apiculteurs. 2018-2021 Source : Observatoire de la production de miel. FranceAgriMer. 2019-2022

QUI DIT FAIBLE RECOLTE, DIT HAUSSE SENSIBLE DU POIDS RELATIF DES VENTES DIRECTES

Sur la période 2018-2021, le poids relatif des ventes directes affiche une tendance à la hausse avec cependant de fortes variations en fonction des années. La valeur de cet indicateur est inversement proportionnelle au niveau de la récolte : plus celle-ci est faible, plus le poids relatif des ventes directes est élevé. Logiquement, les apiculteurs cherchent à augmenter la marge globale de leur atelier, les ventes en circuits courts étant nettement plus rémunératrices que celles en circuits longs. Elles sont toutefois plus chronophages car il faut intégrer le temps dédié à la commercialisation des produits.

En 2021, le poids relatif des ventes directes atteint 46% mais pour un tonnage relativement limité.

Même si « l’effet COVID », vertueux, s’est atténué, il n’empêche que les tendances de fond caractérisant la consommation de certains produits restent bien présentes chez un pourcentage significatif de consommateurs en 2021.

Par ailleurs, les principales composantes du comportement d’achat du miel en circuits courts sont toutes en progression, notamment dans les zones touristiques : contact avec la nature, connaissance de l’apiculture, valeur pédagogique du dialogue avec les apiculteurs notamment pour les plus jeunes, meilleure garantie sur l’origine du produit, achat plaisir, etc…

En 2021, « l’ effet COVID » s’atténue et la consommation décline

L’année 2020 affichait un profil bien spécifique avec une explosion des achats pendant le premier confinement : de mars à mai 2020, le montant en valeur des achats de miel par les ménages affichait une hausse de +49% selon les chiffres du panel IRI. Et une hausse générale des ventes pour les formats hypermarchés et supermarchés, estimée par Nielsen à +10% en valeur et +11% en volume sur l’ensemble de l’année.

2021 présente des différences notables, parmi lesquelles l’atténuation du report massif vers des achats en GMS opéré en 2020, du fait de l’inaccessibilité plus ou moins forte des autres circuits, et un moindre effet de l’image et de la valeur d’usage du miel (produit sucré tartinable et poyvalent en cuisine), qui avaient atteint leur climax la première année de la pandémie.

Figure 1 : Bilan des emplois et ressources pour le miel, 2017-2021

La méthode des bilans permet d’estimer la consommation de miel en 2021 à 46 890 tonnes, soit une baisse de -9,5% par rapport à 2020. La figure 1 ci-dessous présente un bilan des emplois et des ressources pour le miel depuis 2017, en mettant en parallèle différentes variables du marché français du miel, notamment la récolte française et la partie commercialisée de celle-ci, le tonnage de miels importés, les exportations de miels et la consommation française.

Auteurs : 

Jacques Combes (consultant indépendant), Cécile Ferrus (ITSAP-Institut de l’abeille)

Contact : 

cecile.ferrus(a)itsap.asso.fr

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