Regard sur les principaux acteurs des échanges de miel ?

Publié le 28/11/2023

Qualité des produits

Une typologie par pays européen

En examinant les activités des principaux pays européens actifs sur le marché des miels, Jacques Combes, consultant indépendant et Cécile Ferrus, de l’ITSAP-Institut de l’abeille, ont pu dessiner une typologie des différents acteurs en présence, en tenant compte de leur niveau de production nationale, de leurs importations et exportations. Celle-ci permet de distinguer des pays plutôt importateurs et faiblement exportateurs, des pays de négoce et enfin des pays plutôt producteurs et exportateurs.

Cette typologie, basée sur l’analyse des cartes 1 et 2 et de la figure 1 ci-dessous, a identifié 4 types d’acteurs au sein des principaux pays européens actifs dans les échanges de miels : les pays importateurs de manière significative mais faiblement exportateurs (type 1), les pays de négoce, fortement importateurs et exportateurs (type 2), les pays de négoce mais producteurs et consommateurs importants (type 3), les pays producteurs et exportateurs nets (type 4).

Les pays importateurs significatifs et exportateurs pour des volumes limités

Leurs échanges se font pour l’essentiel avec les autres pays de l’UE. Ces pays correspondent aux acteurs de type 1, parmi lesquels on trouve la France et l’Italie. Même s’il ne fait plus partie de l’UE, le Royaume-Uni se rattache aussi à cette catégorie. La France importe essentiellement des autres pays de l’Union européenne (80% du total importé) pour combler le déficit entre sa production et sa consommation (35 500 tonnes importées en 2022). Elle exporte des volumes limités, de l’ordre de 5 200 tonnes. Il s’agit essentiellement de miels à valeur ajoutée produits en France exportés vers les autres pays de l’UE. L’Italie appartient également à cette famille d’acteurs : ce pays a importé en 2022 un tonnage moindre que celui de la France (26 500 tonnes) dont l’essentiel (78%) depuis les autres pays de l’UE. Le tonnage importé directement des pays tiers se limite à 6 000 tonnes, presque comme pour la France. En 2022, l’Italie a exporté 5 770 tonnes dont 82% vers les autres pays de l’UE.

Quant au Royaume-Uni, on retient l’hypothèse que la situation qui prévalait en 2019, avant le Brexit, se poursuit. Pays de faible production, celui-ci importe massivement des pays tiers, notamment de Chine, pour approvisionner son marché domestique. Il exporte des volumes très limités vers l’UE (1 500 tonnes en 2022). Mais, comme souligné dans notre précédente étude, nous ne disposons plus, depuis le Brexit, de données statistiques détaillées du commerce extérieur du miel du Royaume-Uni.

Carte 1 : Importations de miel des pays tiers et typologie des pays de l’UE des 27 et du Royaume-Uni en 2022

Carte 2 : Tonnage de miel exporté vers les autres états membres, des 7 principaux états membres exportateurs de l’UE en 2022

Source : Cartes réalisées par l’ITSAP sur la base des données d’Eurostat

Figure 1 : Tonnage et origine des importations et exportations pour un échantillon de pays de l’UE – 2022

Source : sur la base des données d’Eurostat

Les pays de négoce, fortement importateurs et exportateurs

Les pays du type 2 sont qualifiés de « plaque tournante » et figurent en rose dans les cartes 1 et 2. Des tonnages de miels importants ne font que transiter par ces pays : miels importés des pays tiers ou d’autres pays de l’UE puis revendus majoritairement dans les autres pays de l’UE. L’indicateur clé pour les identifier est le rapport entre le tonnage exporté et le tonnage importé. Quatre pays se distinguent dans cette catégorie : la Belgique, la Pologne, l’Espagne et dans une moindre mesure les Pays-Bas.

Concernant la Belgique, il s’agit d’un marché domestique limité présentant une production de miel insignifiante. Le pays affiche une forte augmentation de ses importations en 2022, à hauteur de 39 700 tonnes, provenant à 84% des pays tiers, avec 64% provenant de Chine. Cette même année, la Belgique a exporté pratiquement 32 000 tonnes, à 99% vers les pays de l’UE, hissant le ratio export/import à 80%.

La Pologne, quant à elle, joue un rôle clé dans le négoce du miel en Europe et ce depuis moins de dix ans. En 2022, elle a importé un total de 31 800 tonnes de miel, en nette baisse par rapport à 2021 : 86% proviennent des pays tiers dont 54% de Chine. La Pologne a réexporté ensuite 15 000 tonnes de miel, à 89% vers les pays de l’UE, ce qui porte son ratio export/import à 47%.

L’Espagne enfin, à la différence des deux précédents pays, présente une production domestique importante de miel. Mais c’est aussi un pays clé en termes de négoce international : en 2022, l’Espagne a augmenté sensiblement le tonnage importé (37 600 tonnes de miel) dont 82% provenant de pays tiers. Ce pays a ensuite exporté 28 300 tonnes, 76% de ce volume étant destinés aux autres pays de l’UE et ce comme en 2021. Son ratio export/import est de 75%.

Les pays de négoce, également producteurs et consommateurs importants

Dans ce 3ème groupe de notre typologie, on retrouve l’Allemagne. Après une baisse de -11%, enregistrée en 2021, le tonnage total importé par le pays décroit à nouveau en 2022 (-5%). Toutefois, le pays reste, avec plus de 74 700 tonnes, le 1er importateur de miel en Europe (voir figure 1) notamment à 70% des pays tiers avec un poids relatif de la Chine très faible contrairement aux pays du type 2 vus précédemment.

L’Allemagne a exporté en 2022 un tonnage de plus de 30 000 tonnes, destiné à 83% aux autres pays de l’Union européenne. Pour rappel, l’Allemagne avait exporté en 2021 un tonnage significatif de 29 000 tonnes, dont 78% sont repartis vers les autres pays de l’Union européenne.

Tableau 1 : Exportations vers l’UE de 3 pays producteurs en 2022 et évolution par rapport à 2021

Source : Eurostat

Les pays producteurs et exportateurs nets

Le type 4 comporte 3 pays d’Europe centrale et orientale : la Hongrie, la Roumanie et la Bulgarie. Ces derniers sont producteurs de miel et certaines de leurs productions sont spécifiques, à l’instar du miel d’acacia. Leurs exportations sont issues de récoltes nationales et destinées, en quasi-totalité, aux autres pays membres de l’Union européenne. Ces pays sont de fait qualifiés d’exportateurs nets. Ils n’importent pas de miels pour en faire du négoce international.

Auteurs : 

Jacques Combes (consultant indépendant), Cécile Ferrus (ITSAP-Institut de l’abeille)

Contact : 

cecile.ferrus(a)itsap.asso.fr

s'inscrire à la newsletter

Vous y retrouverez les actualités de nos dernières recherches, événements, publications, infos clés à savoir en tant qu'apiculteur.