En 2022, la Chine s’impose pour la première fois en tête des fournisseurs de l’UE

Publié le 28/11/2023

Qualité des produits

Bilan des échanges commerciaux de miels dans l’Union européenne des 27

Entre 2010 et 2019, les importations depuis les pays tiers vers les 28 membres de l’UE ont considérablement augmenté, passant de 140 000 tonnes en 2010 à 205 000 tonnes en 2019. Elles ont permis à l’Europe de combler son déficit, à savoir la différence entre ses volumes de consommation et ceux de sa récolte. Durant la même période, les tonnages échangés entre les 28 ont connu une dynamique équivalente, augmentant de +39%. Le Brexit, effectif à partir du 31 janvier 2020, a réduit de façon significative le tonnage importé des pays tiers, compte tenu de l’importance des achats de miel du Royaume-Uni dans les pays tiers, notamment en Chine.

En 2021, les importations des pays tiers par les 27 états membres étaient de 173 000 tonnes, en légère baisse, de -3%, par rapport à 2020. En 2022, les importations des pays tiers par les 27 pays de l’UE repartent à la hausse : +10% à 190 600 tonnes de miel, soit un des niveaux les plus élevés de la période 2010-2022.

Trois pays représentent 60% de ce tonnage : l’Allemagne y contribuant pour 27%, la Belgique et la Pologne ensuite, avec des volumes plus limités, respectivement 17% et 14% du total. La figure1 illustre l’impact du Brexit : à partir de 2020, la baisse des importations des pays tiers de l’UE des 27 est nettement visible. En 2019, le Royaume-Uni avait importé des pays tiers un tonnage significatif, de près de 43 000 tonnes de miel.

Le commerce intra-européen, c’est-à-dire l’ensemble des échanges de miels entre les 27 états membres de l’UE reste important mais n’augmente que très légèrement par rapport à 2021, de +2,4% pour atteindre 150 700 tonnes. Ces échanges intra européens de miel affichent une croissance régulière mais limitée : le tonnage en 2021 était de 147 000 tonnes soit +2% par rapport à 2020.

Ce commerce concerne aussi bien des miels récoltés dans chacun des états membres que des miels importés d’autres états membres ou de pays tiers. Sans le Royaume-Uni, ces échanges intra-européens ont augmenté de + 40% par rapport à 2010, dans le même ordre de grandeur que les importations des pays tiers à l’échelle de l’Union européenne.

Figure 1 : Tonnages importés des pays tiers et échanges intra-UE de 2010 à 2022

Source : Eurostat

N.B: Les données 2022 sont celles fournies par Eurostat en 2023 et concernent l’UE des 27 pays, excluant le Royaume-Uni. Dans la mesure où l’ensemble statistique étudié pour cette dernière année est différent de celui analysé par Eurostat de 2010 à 2019, le choix a été fait d’illustrer les données de la période 2020 à 2022 par deux couleurs différentes (en jaune pour les échanges intra-européens et en vert pour les importations de miel des pays tiers).

La Chine redevient le 1er fournisseur de l’Union Européenne

L’identité des principaux pays tiers exportant du miel vers l’UE change peu d’une année sur l’autre : 8 pays tiers représentent bon an mal an 80% des tonnages importés avec un trio de tête qui reste inchangé mais dont les tonnages varient en fonction des années.

L’année 2022 affiche d’une part, une forte augmentation des tonnages importés mais aussi un retour en force de la Chine dont le tonnage de miel vendu en Europe augmente en 2022 de +42% pour atteindre 68 400 tonnes, soit un poids relatif de 36%. La Chine reprend le leadership après deux années de relatif effacement (2020 et 2021), années durant lesquelles l’Ukraine était le 1er fournisseur de l’UE, avec un total exporté estimé entre 54 et 55 000 tonnes.

S’il est plausible que la Chine reste le 1er fournisseur de miel du Royaume-Uni, l’impact de ce flux sur le marché de l’UE des 27 reste limité car en 2022, selon Eurostat, l’UE n’a importé que 1 500 tonnes de miel en provenance du Royaume-Uni.

Sans doute en lien avec le déclenchement de la guerre, l’Ukraine a perdu en 2022 sa position de 1er fournisseur de miel de l’UE : le tonnage importé de ce pays est ainsi passé de 54 000 tonnes en 2021 (31% du total) à 46 100 tonnes, soit une baisse de -14,6%, pour un poids relatif de 24% du total.

Comme en 2021, l’Ukraine et la Chine représentent en cumul 60% des tonnages importés des pays tiers par l’UE pour l’année 2022.

Viennent ensuite les pays d’Amérique centrale et du Sud qui sont les fournisseurs réguliers et historiques de l’Europe. On peut cependant constater des fluctuations importantes en volume en fonction des années : l’Argentine affiche une belle progression de ses ventes en 2022 (+35%) pour un poids relatif de 10% du total, le Mexique suit avec 7%. Ensuite, le Chili, l’Uruguay, le Brésil et Cuba se positionnent comme les 4 autres principaux pays fournisseurs de l’Europe.

Malgré la diversité des pays fournisseurs de l’UE, 4 pays, à savoir la Chine, l’Ukraine, le Mexique et l’Argentine, représentent, en 2022, plus de 77% du tonnage total importé des pays tiers.

Tableau 1 : Tonnages et poids relatif des principales origines des miels importés des pays tiers par l’UE des 27 en 2022

Source : Eurostat

Figure 2 : Origine des importations des pays tiers en 2014, 2018, 2019 pour l’UE des 28 puis 2020, 2021 et 2022 pour l’UE des 27

Source : Eurostat

En tête des importations, le trio Allemagne-Pologne-Belgique

Les trois premiers pays européens important du miel des pays tiers restent inchangés en 2022 avec un léger recul en termes de poids relatif : l’Allemagne, la Belgique et la Pologne représentent en cumul 59% du tonnage total en 2022 contre 63% en 2021.

L’Allemagne avec plus de 52 000 tonnes, soit 27% du total, est de loin le principal pays importateur des pays tiers : en 2022, le tonnage importé par ce pays est stable par rapport à 2021 (51 900 tonnes en 2021).

Suivent deux pays qui représentent à eux seuls près du tiers des tonnages importés des pays tiers. La Belgique tout d’abord qui, en 2022, a importé 33 240 tonnes de miel des pays tiers, soit une augmentation de 3,3% par rapport à 2021 et un poids relatif de 17% du total. Vient ensuite la Pologne, avec 27 348 tonnes importées en 2022, soit 14,3% du total. Comme en 2021, les importations polonaises des pays tiers sont de nouveau en nette croissance en 2022, de +6,6% par rapport à 2021.

L’Espagne reste un importateur majeur, connaissant une très forte croissance de ses importations des pays tiers : si son tonnage avait baissé de plus de 6% en 2021, il s’est relevé en 2022 au niveau de 18 160 tonnes, soit +25% et un poids relatif de 9,5%.

Puis, comme en 2021, vient le Portugal dont le tonnage importé des pays tiers ne cesse de progresser depuis plusieurs années. Il affiche en 2022 une très forte progression, de +43%, pour atteindre 10 116 tonnes. Le poids relatif du Portugal dépasse maintenant 5,3% du total des importations de l’UE en provenance des pays tiers.

Enfin, en 2022, selon Eurostat, la France a importé en direct des pays tiers 6 475 tonnes de miel. Elle enregistre ainsi une nouvelle baisse par rapport à 2021 (-8,5%), ce recul étant moins important que les années précédentes.

Auteurs : 

Jacques Combes (consultant indépendant), Cécile Ferrus (ITSAP-Institut de l’abeille)

Contact : 

cecile.ferrus(a)itsap.asso.fr

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