La Chine devient le 1er fournisseur du marché hexagonal, inédit ! 

Publié le 28/11/2023

Qualité des produits

Bilan des importations françaises de miel en 2022

La France renoue avec un tonnage de miel importé très significatif de 35 500 tonnes en 2022, un record sur la période 2018-2021. Il faut en effet remonter à 2016 et 2017 pour observer un tel niveau d’importations. L’autre fait marquant de l’année qui nous occupe est l’explosion des tonnages de miel importés de Chine, plaçant ce pays comme 1er fournisseur devant l’Espagne et l’Ukraine, suivis par l’Allemagne, la Bulgarie et la Belgique. La faiblesse des importations, enregistrée en 2021, 29 300 tonnes seulement, ne s’est donc pas confirmée en 2022.

Quelle méthodologie adoptée pour cette étude ?

En fonction des variables, les séries temporelles peuvent couvrir plus d’une décennie (2010-2022) ou une période plus récente (2017-2022). Les chiffres sont exploités par année civile et sont disponibles en volume ou en valeur. Dans la base de données d’Eurostat permettant d’extraire les données sur la référence douanière « miel naturel » en 2022, seules les données de l’espace géographique de l’UE des 27 sont renseignées avec deux modifications à souligner : l’UE des 27 inclut dorénavant la Croatie mais exclut depuis 2020 le Royaume-Uni, Brexit oblige, et les données d’importations et d’exportations du Royaume-Uni ne sont plus renseignées.

Le Royaume-Uni n’étant plus pris en compte, les chiffres de 2022 sont comparables uniquement à ceux de 2021 et 2020, l’observation se faisant à espace géographique constant, à savoir les 27 pays de l’UE. Cette réalité handicape les analyses menées et les évolutions constatées sur les années antérieures à 2020.

En ce qui concerne l’origine effective des miels, c’est-à-dire leurs pays de récolte, l’hypothèse retenue est la suivante : les miels importés directement de pays tiers ont été récoltés dans le pays fournisseur de l’UE ou de la France. Par exemple, les miels importés de Chine, d’Argentine ou d’Ukraine sont considérés comme issus de la récolte effectuée dans ces pays. Si l’on s’intéresse à présent au négoce intra-européen (importations et exportations entre les différents pays de l’Union), le miel faisant l’objet de ces échanges peut avoir trois origines différentes. Prenons l’exemple d’un tonnage importé par la France en provenance d’un autre pays de l’Union sur une année civile ; il peut s’agir de miel effectivement récolté au sein du pays exportateur vers la France ; de miel importé d’un ou plusieurs pays tiers puis réexporté vers la France ; de miel récolté dans un pays de l’UE, importé par le pays qui le réexporte ensuite vers la France.

L’analyse qui suit met en évidence une très forte dynamique des échanges intra-européens sur le produit « miel ». Il convient donc de rester prudent sur les origines des miels approvisionnant chacun des marchés nationaux dont le marché français.

Après l’infléchissement de 2021, net rebond du tonnage importé en 2022

En 2021, la France n’avait importé que 29 292 tonnes de miel, soit le niveau le plus bas enregistré depuis 2015. Depuis 2014, le tonnage annuel de miel importé n’avait en effet jamais été inférieur à 32 000 tonnes.

L’année 2022 ainsi affiche un net rebond avec un tonnage de 35 508 tonnes, ce qui correspond à une hausse de 6 216 tonnes, soit +21%. Ce tonnage est équivalent à celui de 2017. La hausse du prix moyen en euros par kilo du miel importé en 2021, de l’ordre de +7%, se poursuit : en 2022, le prix moyen augmente de près de 8% à 3,75 €. Logiquement la valeur des importations bondit de + 30% à 133 millions d’euros. Ainsi, malgré la hausse générale des prix internationaux, les opérateurs ont renoué avec des achats conséquents à l’importation.

Figure 1 : Évolution des tonnages de miel importés par la France de 2010 à 2022

Source : Douanes françaises

Même si la France importe du miel depuis une quarantaine de pays (une tonne, a minima), les 10 pays qui exportent vers la France plus de 900 tonnes de miel chacun représentent en cumul plus de 87% des tonnages importés.

En 2016, 20% des tonnages importés l’étaient directement de pays tiers. Ce ratio a connu son plus haut niveau en 2019 pour atteindre 32%. Depuis, il a tendance à baisser régulièrement : en 2022, selon Eurostat, le tonnage importé par la France directement des pays tiers est de 6475 tonnes, soit 18% du tonnage total importé.

Tableau 1 : Chiffres clés des importations françaises de miel en 2021 et 2022

Source : Douanes françaises

En 2022, l’Ukraine rétrograde au rang de 3ème fournisseur de la France, au profit de la Chine et l’Espagne

Le scénario des années 2017-2021, période au cours de laquelle l’Ukraine devint un fournisseur majeur du marché français, s’est donc estompé : 2022 marque le retour de la Chine et ce, au 1er rang des fournisseurs du marché français.

Si l’Ukraine et l’Espagne demeurent les deux premiers fournisseurs du marché hexagonal sur la période 2017-2021, 2022 voit émerger une nouvelle hiérarchie. Tout d’abord, la Chine, dont les exportations vers la France n’avaient cessé de reculer, connaît une hausse importante de son tonnage : de 2 300 tonnes en 2021 à plus de 6 900 tonnes en 2022. Avec un poids relatif de près de 20%, le pays prend le leadership du marché français en tant que fournisseur. L’Espagne quant à elle se saisit de la deuxième place de ce classement avec 17% des tonnages importés, soit 6 113 tonnes en augmentation de +10% par rapport à 2021. A la 3ème place, on retrouve l’Ukraine qui, l’année de l’explosion de la guerre avec la Russie, préserve un tonnage significatif de 5 600 tonnes en 2022, soit 15,7%, mais en recul tout de même de -14%.

On retrouve ensuite 3 pays qui ont exporté chacun plus de 2 000 tonnes en 2022 pour un total cumulé de l’ordre de 21% : l’Allemagne d’abord, dont les ventes augmentent de 18%, pour atteindre

2800 tonnes. Puis, la Bulgarie avec 2 380 tonnes, ce qui représente un poids relatif de 6,7%, soit une légère augmentation par rapport à 2021. Et la Belgique enfin qui, avec 2 260 tonnes, enregistre une forte augmentation, de 20%, par rapport à 2021.

Remarquons que le tonnage importé d’Argentine, 1590 tonnes, soit 4,5% de nos importations, renoue avec la croissance sans pour autant revenir à la performance de 2020 (3 442 tonnes), après son effondrement en 2021.

Enfin, il faut citer, par ordre décroissant, 3 pays exportant vers la France plus de 900 tonnes de miel en 2022 : la Hongrie pour 1362 tonnes, soit 3,8% du total ; l’Italie pour 1 020 tonnes, soit 2,9% du total ; et enfin le Vietnam, pays nouvellement présent dans ce panorama des pays exportateurs vers la France, à hauteur de 907 tonnes.

Figure 2 : Structure des importations françaises de miel en volume de 2017 à 2022

Source : Sur base des données des Douanes françaises

Et quelles nouvelles côté prix ?

En 2022, les prix évoluent de façon variable en fonction des origines du miel importé. Pour un indice de prix moyen de «100» des miels importés en France, les prix à l’importation varient de 67 à 162 soit dans un rapport de 1 à 2,4. Cette fourchette, établie à 3,4 en 2021, s’est donc considérablement réduite.

Notons que les prix à l’importation varient de façon très importante en fonction des pays d’origine. Cette versatilité reflète à la fois les différents types de miels importés, de la tendance du prix mondial et les éventuelles politiques de prix adoptées par les pays.

Le prix moyen pondéré des importations françaises est de 3,75 €/kg. Comme en 2021, la Chine et l’Ukraine affichent un niveau de prix de moins de 3€/kg soit un prix de 30% inférieur au prix moyen pondéré des importations. Si le prix du miel chinois est resté stable, celui de l’Ukraine et, dans une moindre mesure celui de l’Argentine, affichent une augmentation sensible. Le miel importé en France d’Ukraine est passé de 2,15 €/kg en 2021 à 2,69 €/kg en 2022, connaissant une hausse de +25%. Le prix de ce miel avait déjà bénéficié d’une forte hausse en 2021, de l’ordre de+34%, passant de 1,64 €/kg en 2020 à 2,15€/kg en 2021. La guerre et la moindre compétitivité de l’offre peuvent en partie expliquer la baisse du tonnage exporté depuis l’Ukraine vers la France en 2022, 1000 tonnes en moins.

Il faut enfin signaler les fortes augmentations des prix pratiqués s’agissant de certains miels importés : au sein de l’UE, ceux importés d’Allemagne et de Belgique augmentent de 22% quand le Mexique et l’Ukraine affichent des prix en augmentation de respectivement +36% et +25%.

L’ITSAP-Institut de l’abeille a fait appel à l’expertise de Jacques Combes, un consultant indépendant, pour réaliser cette étude du marché du miel en 2022. Les analyses réalisées sont basées sur les chiffres extraits de deux bases de données disponibles sur Internet, en utilisant le code du produit « miel naturel » (NC8 0409 0000) : celle des douanes françaises, qui fournit de façon exhaustive le volume et la valeur des importations et des exportations de la France vers les autres pays de l’Union européenne (UE) et les pays tiers (https://lekiosque.finances.gouv.fr/); et Eurostat, en se référant à la rubrique Commerce UE depuis 1988 par NC8 puis en réalisant les extractions souhaitées (https://ec.europa.eu/eurostat/fr/data/database).

Auteurs : 

Jacques Combes (consultant indépendant), Cécile Ferrus (ITSAP-Institut de l’abeille)

Contact : 

cecile.ferrus(a)itsap.asso.fr

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