Les ressources en miel dans l’hexagone en 2021

Publié le 10/01/2023

Qualité des produits

Photographie du « disponible apparent »

Nos ressources en miel dépendent de plusieurs facteurs : les importations, le niveau des récoltes, le tonnage commercialisé et les circuits choisis par les apiculteurs pour les distribuer. Afin de s’en faire une idée précise, il est toujours utile d’avoir un peu de recul sur le sujet. L’ITSAP-Institut de l’abeille s’est donc livré à un petit bilan pour cette année 2021, en comparant avec les années précédentes, à partir de 2017. On vous livre nos conclusions.

Les « ressources de miel » désignent le miel disponible sur le marché, c’est-à-dire la somme du tonnage récolté en France et commercialisé, du déstockage éventuel par les opérateurs et enfin des importations.

Concernant la récolte française, alors que sur la période 2016-2019, le poids relatif des tonnages non commercialisés (dons et autoconsommation) était plutôt stable, supérieur à 20%, cet indicateur aurait baissé significativement en 2021 pour se situer à seulement 11%.

Un recul très sensible de la récolte, après l’exceptionnelle année 2020

Selon l’observatoire de la production de miel et de gelée royale de FranceAgriMer, le tonnage de miel récolté en métropole en 2021 s’établit à seulement 19 802 tonnes. Après l’excellente récolte de 2020, estimée à près de 32 000 tonnes (soit une augmentation de près de +50% par rapport à 2019), 2021 s’affiche en très forte baisse : -38% par rapport à 2020, soit un recul de près de 12 000 tonnes.

Ce niveau est équivalent à celui observé en 2017, soit le plus bas de la période récente (2017-2021). Cet effondrement s’explique d’abord par une météo défavorable sur l’ensemble de la saison ayant touché la plupart des régions.

Figure 1 : Production et tonnage commercialisé en France. 2016-2021 Source : Observatoire de la production de miel et de gelée royale, FranceAgriMer (données retraitées), rapports annuels de 2017 à 2022.

Une partie de la récolte n’est pas commercialisée, en particulier par les apiculteurs disposant de moins de 50 ruches : elle fait l’objet d’autoconsommation et de dons entre particuliers. En 2021, l’observatoire estime l’autoconsommation à 6,9% du tonnage récolté. À celle-ci, s’ajoutent les dons et les pertes pour arriver, selon nous, à un tonnage non commercialisé en 2021 de seulement 11% de la récolte qui fut particulièrement faible cette année.

Tableau 1 : Les chiffres clés de la production. 2018-2021 Sources : *Observatoire de la production de miel et de gelée royale, FranceAgriMer, juillet 2022 Autres données : ITSAP, 2022 nd : non déterminé

Toujours selon cet observatoire, compte-tenu de la récolte exceptionnelle de 2020, les stocks de miel étaient très importants chez les apiculteurs fin 2020 : 15 200 tonnes contre 8 700 tonnes à la fin 2019, soit une hausse de + 6 500 tonnes de miel stocké. Face à la pénurie de miel en 2021, les apiculteurs ont largement puisé dans ce stock : l’observatoire estime que le tonnage déstocké en 2021 est de l’ordre de 4 800 tonnes permettant ainsi d’abonder le marché.

Figure 2 : Estimation des stocks de miel (en tonnes) chez les apiculteurs. 2018-2021 Source : Observatoire de la production de miel et de gelée royale, FranceAgriMer, juillet 20222 : Estimation des stocks de miel (en tonnes) chez les apiculteurs. 2018-2021

De ce fait, le tonnage de miel français commercialisé en 2021 cumule la production commercialisée de 2021 à laquelle s’ajoute le tonnage déstocké provenant sans doute en majorité de la récolte de 2020. Ainsi, la baisse très sensible de la récolte de 2021 est atténuée par cet apport de miel des campagnes précédentes et le tonnage commercialisé de miels en France se situe pour 2021 à 22 424 tonnes, soit un recul qu’on a réussi à limiter à 15% pour une récolte qui elle aura baissé de 38%.

Figure 3 : Circuits de commercialisation des miels en fonction des tailles de ruchers – 2021 Source : Sur la base des données fournies par l’observatoire de la production de miel de FranceAgriMer, rapport de 2022.

Si l’on s’intéresse à présent aux circuits de commercialisation des miels auxquels ont eu recours les apiculteurs en 2021, l’observatoire de la production de FranceAgriMer fournit là encore des données précieuses. On constate d’abord une grande diversité des situations (voir la figure 3 ci-dessous). Mais également une corrélation négative entre la taille des ruchers ou des exploitations et le poids relatif des ventes directes. La vente directe domine nettement dans les ruchers ou exploitations de moins de 150 ruches puisqu’elle représente le principal débouché, à savoir 57% à 60% des volumes. En revanche, chez les apiculteurs professionnels, les circuits longs sont importants avec des ventes aux conditionneurs, dans la grande distribution et auprès de magasins spécialisés. Toutefois, les ventes directes restent, pour ces apiculteurs, un débouché significatif, de l’ordre de 32% à 48% des volumes. Et d’après la figure 3, on observe que le débouché « ventes directes » est dominant pour toutes les classes de taille d’exploitations.

Tableau 2 : Évolution du poids relatif de la récolte et des tonnages vendus en ventes directes par les apiculteurs. 2018-2021 Source : Observatoire de la production de miel et de gelée royale, FranceAgriMer, juillet 2022

Sur la période 2018-2021, le poids relatif des ventes directes affiche une tendance à la hausse avec toutefois de fortes variations en fonction des années. La valeur de cet indicateur est inversement proportionnelle au niveau de la récolte : plus celle-ci est faible, plus le poids relatif des ventes directes est élevé. Logiquement, les apiculteurs cherchent à augmenter la marge globale de leur atelier, les ventes en circuits courts étant nettement plus rémunératrices que celles en circuits longs. Elles demandent en revanche plus de temps, dédié à la commercialisation des produits.

En 2021, le poids relatif des ventes directes atteint 46%, pour un tonnage malgré tout relativement limité. Même si l’ « effet COVID » s’est estompé en 2021, les principales composantes du comportement d’achat du miel en circuits courts sont toutes en progression, notamment dans les zones touristiques : contact avec la nature, connaissance de l’apiculture, valeur pédagogique du dialogue avec les apiculteurs notamment pour les plus jeunes, meilleure garantie sur l’origine du produit, achat plaisir, etc.

Figure 4 : Évolution du tonnage de miel commercialisé. 2017-2021

COMMENT NOS RESSOURCES ONT-ELLES EVOLUE ENTRE 2017 ET 2021 ?

Comme illustré dans le tableau 1, on retient l’hypothèse que le disponible apparent en 2021 cumule la récolte de l’année, abondée par le déstockage de miel entre la fin 2020 et la fin de l’année 2021, à hauteur de 4 800 tonnes de miel supplémentaires mises sur le marché. En 2021, le poids relatif du miel « origine France » est estimé à 43% du tonnage total commercialisé.

Du fait du niveau historiquement faible de la récolte nationale et des importations (évolution de -16% entre 2021 et 2020), le disponible apparent est en forte baisse en 2021 : avec un niveau de l’ordre de 51 700 tonnes, il décroit de -16% par rapport à 2020, soit un recul de l’ordre de 9 500 tonnes.

Le solde en volume du commerce extérieur participe de cette tendance : les importations en volume sont en nette baisse par rapport à 2020 (- 5 500 tonnes soit -16%) ; à l’inverse, les exportations augmentent de 21% pour se situer à 4 826 tonnes, soit un gain de 840 tonnes par rapport à l’année précédente.

Après cette année 2020 à marquer d’une pierre blanche, avec un disponible dépassant le seuil des 60 000 tonnes, l’année 2021 rejoue le scénario des années 2017-2019 : une période durant laquelle le tonnage disponible sur le marché français était estimé entre 51 000 et 53 000 tonnes.

Auteurs : 

Jacques Combes (consultant indépendant), Cécile Ferrus (ITSAP-Institut de l’abeille)

Contact : 

cecile.ferrus(a)itsap.asso.fr

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