Le marché français du miel en 2022 : 
géographie et segmentation de la production

Publié le 17/12/2023

Qualité des produits

Répartition régionale des miellées et production des miels sous signes officiels de qualité

Comment se répartit la production française de miel en 2022 entre les différentes régions françaises et note-t-on des changements en la matière ces dernières années? L’ITSAP-Institut de l’abeille s’est également intéressé à la manière dont cette production se segmente par miellée. Enfin, petit coup de projecteur sur les miels sous Signes Officiels de la Qualité et de l’Origine (SIQO) à l’échelle de la production nationale.

Les tableaux et les cartes ci-après présentent le tonnage récolté par zone géographique, son poids relatif par rapport à la production nationale et son évolution par rapport à l’année précédente. Après un rappel de la situation de 2020 et 2021, la géographie de la production en 2022 est présentée selon la même approche.

Ces données sont fournies par l’Observatoire de la production de miel et de gelée royale de FranceAgriMer (résultats publiés en 2021, 2022 et 2023). La comparaison porte sur cinq régions sud, à savoir la Corse, la PACA, l’Occitanie, la Nouvelle-Aquitaine et l’Auvergne-Rhône-Alpes ; et cinq régions centre, nord et est que sont les Hauts-de-France, l’Ile-de-France, le Grand-Est, le Centre-Val de Loire et la Bourgogne-Franche-Comté.

Tableau 1 : Tonnage et poids relatif de la production régionale. 2021 et évolution par rapport à 2020.

Source : Observatoire de la production de miel et de gelée royale, FranceAgriMer, 2020 et 2021.

Une production française réalisée au 2/3 dans les régions du sud

En 2021, le recul de la production a été nettement plus faible dans les régions sud, le quart nord-est subissant pour sa part un effondrement de sa récolte (-61% par rapport à 2020).

Logiquement, les 5 régions sud voient leur poids relatif augmenter de façon sensible, représentant en 2021 les deux tiers de la production en métropole.

Figure 1 : Répartition régionale de la production de miel. 2020 & 2021

Source : Observatoire de la production de miel et de gelée royale, FranceAgriMer, 2020 et 2021.

La hausse spectaculaire de la récolte dans les régions du Nord, Centre et Est en 2022 se traduit par un poids relatif de cette zone géographique qui atteint 36% du tonnage récolté, contre seulement 21% en 2021.

Certes, la majorité de la production de miel reste localisée dans les 5 régions sud mais elles voient leur poids relatif passer de 66% en 2021 à seulement 51% en 2022.

Tableau 2 : Tonnage et poids relatif de la production régionale. 2022.

Figure 2 : Répartition régionale de la production de miel. 2021 & 2022

Source : Observatoire de la production de miel et de gelée royale, FranceAgriMer, 2023.

Focus sur la production nationale par miellée

La figure 2 illustre, pour chaque région, la miellée majoritaire en volume. Si on regarde la production nationale par miellée, la hiérarchie des miellées en tonnage est modifiée de façon sensible en 2022 par rapport à 2021, reflet du changement climatique et des problèmes rencontrés par certaines cultures. En tonnage, la première miellée pour l’année 2022 est celle du colza avec 14,2% des volumes (ensemble des régions au nord de la Loire).

Puis vient l’acacia avec près de 12% du tonnage (récoltes abondantes en Bourgogne-Franche-Comté et Auvergne-Rhône-Alpes). En poids relatif, le miel de tournesol (8,4% en 2022) diminue sensiblement par rapport à 2021 (15,4%) : la baisse de tonnage est plus mesurée (2 630 tonnes en 2022 contre 3 050 tonnes en 2021). Enfin, la lavande est la miellée principale dans le quart sud-est (en forte baisse par rapport à 2021, avec seulement 6% du tonnage national).

Figure 3 : Répartition régionale de la production de miel par miellée et poids relatif de chaque miellée dans la production nationale. 2022

Source : Observatoire de la production de miel et de gelée royale, FranceAgriMer,2023.

Les signes de qualité en 2022 : un bilan contrasté

Tableau 3 : Tonnages de miels sous référentiels de type SIQO. 2018 -2022

Source : Enquêtes 2023 auprès des ODG (Organisme de défense et de gestion des SIQO)

Après le niveau record enregistré en 2020, la production de miels sous référentiel de types AOP/LR/IGP baisse pour la seconde année consécutive : 1 212 tonnes soit une baisse de 5% par rapport à 2021. Ce tonnage ne représente que 3,9% de la production nationale.

Par ailleurs, la production de miels en AB en 2022 est estimée par l’Observatoire de la production de miel de FranceAgriMer à 4 978 tonnes, en nette hausse (+21%) par rapport à 2021, corrélée à celle du rendement par ruche (+60%) et le fait d’une météo favorable de la campagne. Ce tonnage représente 16% de la production nationale de 2022.

Certains miels sont produits sous une double certification (AOP/LR/IGP) et Agriculture biologique : aussi, la somme des tonnages de ces deux types de miel ne permet pas de calculer un indicateur « Pourcentage de miels produits en 2022 sous une certification de type SIQO » car elle pourrait être source de double prise en compte de certains volumes.

Le recul de 5% de la production de miels sous référentiel de types AOP/LR/IGP s’explique d’abord par celui de la production des deux référentiels des miels de Provence pour un total d’environ 170 tonnes par rapport à 2021. La production du Label Rouge (LR) miel de lavande et de lavandin de Provence chute de près de 30% (-72 tonnes) ; celle du Label Rouge (LR) miel toutes fleurs de Provence augmente de près de 56% (+24 tonnes), et enfin celle de l’IGP Miel de Provence baisse de 17% (-123 tonnes).

Malgré la sécheresse et les températures extrêmes qui ont sévi en Alsace et dans les Vosges, les deux SIQO du Grand Est affichent pour 2022 un sursaut de production par rapport à 2021, de l’ordre de 100 tonnes produites pour l’IGP Miel d’Alsace (contre à peine 8 tonnes en 2021) et de 17 tonnes, pour l’AOP Miel de sapin des Vosges (absence de production en 2021 du fait de celle de miellat).

Après le pic enregistré en 2020, l’IGP Miel des Cévennes connaît une seconde année de baisse avec seulement 27 tonnes de production (-18% par rapport à 2021). Outre la météo défavorable, l’IGP peine à mobiliser les apiculteurs de certains territoires.

Enfin, malgré un printemps froid puis une sécheresse sévère, le tonnage de l’AOP miel de Corse est stable et ce, grâce à la miellée de châtaignier qui a été abondante.

Par ailleurs, le niveau d’inflation pesant sur les dépenses alimentaires des ménages, la demande de miels de crus, notamment des miels sous SIQO, pâtit de leur niveau de prix.

La production sous le référentiel AB en hausse

Selon l’Agence Bio, après une forte augmentation sur les années 2019-2021, la croissance marque le pas en 2022. Le nombre de ruches conduites sous le référentiel AB est estimé à 237 145 soit +3% par rapport à 2021. Pour l’Observatoire publié par FranceAgriMer, le nombre de ruches en conversion ou en bio serait de près de 250 000. En revanche, la croissance du nombre d’apiculteurs certifiés ou en conversion se poursuit, à un rythme toutefois moins soutenu : 1 372 exploitations au total pour 2022.

Selon l’Observatoire de la production de miel (FranceAgriMer, juillet 2023), le rendement par ruche en Agriculture Biologique rebondit fortement en 2022, passant de 14,3 kg en 2021 à 22,3 kg soit +56%. La production de miel issu de l’Agriculture Biologique progresse de +21% en 2022 pour atteindre 4978 tonnes, portée par des conditions météorologiques favorables.

Tableau 4 : Statistiques 2022 sur le secteur Agriculture Biologique en apiculture

Source : Agence Bio Agreste

Pour en savoir plus :

Auteurs : 

Jacques Combes (consultant indépendant), Cécile Ferrus (ITSAP-Institut de l’abeille)

Contact : 

cecile.ferrus(a)itsap.asso.fr

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