L’Ukraine retrouve sa place de 1er fournisseur du marché hexagonal
Publié le 18/12/2022
Qualité des produits
Bilan des importations françaises de miel en 2021
Sur la période 2016-2020, la France a importé entre 32 000 et 35 000 tonnes de miel par an. Ses deux principaux fournisseurs sont l’Ukraine et l’Espagne, suivies par l’Allemagne, l’Argentine et la Chine. L’année 2021 marque un infléchissement certain dans la dynamique d’approvisionnement du marché avec seulement 29 300 tonnes de miel importé. Tendance pérenne ou effet collatéral des tensions géopolitiques actuelles, l’avenir le dira.
L’ITSAP-Institut de l’abeille a fait appel à l’expertise de Jacques Combes, un consultant indépendant, pour réaliser cette étude du marché du miel en 2021. Les analyses réalisées sont basées sur les chiffres extraits de deux bases de données disponibles sur Internet, en utilisant le code du produit « miel naturel » (NC8 0409 0000) :
L’ITSAP-Institut de l’abeille a fait appel à l’expertise de Jacques Combes, un consultant indépendant, pour réaliser cette étude du marché du miel en 2021. Les analyses réalisées sont basées sur les chiffres extraits de deux bases de données disponibles sur Internet, en utilisant le code du produit « miel naturel » (NC8 0409 0000) : celle des douanes françaises, qui fournit de façon exhaustive le volume et la valeur des importations et des exportations de la France vers les autres pays de l’Union européenne (UE) et les pays tiers (https://lekiosque.finances.gouv.fr/); et Eurostat, en se référant à la rubrique Commerce UE depuis 1988 par NC8 puis en réalisant les extractions souhaitées (https://ec.europa.eu/eurostat/fr/data/database).
celle des douanes françaises, qui fournit de façon exhaustive le volume et la valeur des importations et des exportations de la France vers les autres pays de l’Union européenne (UE) et les pays tiers (https://lekiosque.finances.gouv.fr/); et Eurostat, en se référant à la rubrique Commerce UE depuis 1988 par NC8 puis en réalisant les extractions souhaitées (https://ec.europa.eu/eurostat/fr/data/database).
Quelle méthode adoptée pour cette étude ?
En fonction des variables, les séries temporelles peuvent couvrir plus d’une décennie (2010-2021) ou une période plus récente (2015-2021). Les chiffres sont exploités par année civile et sont disponibles en volume ou en valeur. Dans la base de données Eurostat 2021 permettant d’extraire les données sur la référence douanière « miel naturel » en 2021, seules les données de l’espace géographique de l’UE des 27 sont renseignées avec deux modifications à souligner : l’UE des 27 inclut dorénavant la Croatie mais exclut le Royaume-Uni (Brexit oblige) et les données d’importations et d’exportations du Royaume-Uni ne sont plus renseignées.
Le Royaume-Uni n’étant plus pris en compte, seuls les chiffres de 2021 sont comparables à ceux de 2020, l’observation se faisant à espace géographique constant, à savoir les 27 pays de l’UE. Cette réalité handicape les analyses menées et les évolutions constatées sur les années antérieures à 2020.
En fonction des variables, les séries temporelles peuvent couvrir plus d’une décennie (2010-2021) ou une période plus récente (2015-2021). Les chiffres sont exploités par année civile et sont disponibles en volume ou en valeur. Dans la base de données Eurostat 2021 permettant d’extraire les données sur la référence douanière « miel naturel » en 2021, seules les données de l’espace géographique de l’UE des 27 sont renseignées avec deux modifications à souligner : l’UE des 27 inclut dorénavant la Croatie mais exclut le Royaume-Uni (Brexit oblige) et les données d’importations et d’exportations du Royaume-Uni ne sont plus renseignées.
Le Royaume-Uni n’étant plus pris en compte, seuls les chiffres de 2021 sont comparables à ceux de 2020, l’observation se faisant à espace géographique constant, à savoir les 27 pays de l’UE. Cette réalité handicape les analyses menées et les évolutions constatées sur les années antérieures à 2020.
En ce qui concerne l’origine effective des miels, c’est-à-dire leurs pays de récolte, l’hypothèse retenue est la suivante : les miels importés directement de pays tiers ont été récoltés dans le pays fournisseur de l’UE ou de la France. Par exemple, les miels importés de Chine, d’Argentine ou d’Ukraine sont issus de la récolte effectuée dans ces pays. Si l’on s’intéresse à présent au négoce intra-européen (importations et exportations entre les différents pays de l’Union), le miel faisant l’objet de ces échanges peut avoir trois origines différentes. Prenons l’exemple d’un tonnage importé par la France en provenance d’un autre pays de l’Union sur une année civile, il peut s’agir de miel effectivement récolté au sein du pays exportateur vers la France ; de miel importé d’un ou plusieurs pays tiers puis réexporté vers la France ; de miel récolté dans un pays de l’UE, importé par le pays qui le réexporte ensuite vers la France.
L’analyse qui suit met en évidence une très forte dynamique des échanges intra-européens sur le produit « miel ». Mais il convient de rester prudent sur les origines des miels approvisionnant chacun des marchés nationaux dont le marché français.
En ce qui concerne l’origine effective des miels, c’est-à-dire leurs pays de récolte, l’hypothèse retenue est la suivante : les miels importés directement de pays tiers ont été récoltés dans le pays fournisseur de l’UE ou de la France. Par exemple, les miels importés de Chine, d’Argentine ou d’Ukraine sont issus de la récolte effectuée dans ces pays. Si l’on s’intéresse à présent au négoce intra-européen (importations et exportations entre les différents pays de l’Union), le miel faisant l’objet de ces échanges peut avoir trois origines différentes. Prenons l’exemple d’un tonnage importé par la France en provenance d’un autre pays de l’Union sur une année civile, il peut s’agir de miel effectivement récolté au sein du pays exportateur vers la France ; de miel importé d’un ou plusieurs pays tiers puis réexporté vers la France ; de miel récolté dans un pays de l’UE, importé par le pays qui le réexporte ensuite vers la France.
L’analyse qui suit met en évidence une très forte dynamique des échanges intra-européens sur le produit « miel ». Mais il convient de rester prudent sur les origines des miels approvisionnant chacun des marchés nationaux dont le marché français.
Figure 1 : Évolution des tonnages de miel importés par la France de 2010 à 2021 Source : Douanes françaises
DES IMPORTATIONS FRANÇAISES A LEUR PLUS BAS NIVEAU DEPUIS 2015
En 2021, les importations de miel baissent sensiblement en volume, de -5 500 tonnes (soit -16%) pour se situer à seulement 29 292 tonnes, soit le niveau le plus bas depuis 2015. Depuis lors, le tonnage annuel de miel importé n’avait jamais été inférieur à 32 000 tonnes. Le prix moyen en euros par kilo étant en hausse par rapport à 2020 (+ 7%, à 3,49 €/kg), la valeur des importations ne baisse pour sa part que de 9,7%.
Ce tonnage importé très faible soulève un certain nombre de questions dans la mesure où cette même année, la récolte française a été modeste elle-aussi (voir figure 1).
Tableau 1 : Chiffres clés des importations françaises de miel en 2020 et 2021 Source : Douanes françaises
Même si la France importe a minima 1 tonne du miel auprès d’une quarantaine de pays, les 8 pays qui exportent vers la France plus de 950 tonnes de miel chacun représentent en cumul pratiquement 85% des tonnages importés.
L’Ukraine fait à nouveau de l’ombre au miel chinois
Selon les années, l’Ukraine et l’Espagne ont pris l’habitude de se disputer la première marche du podium. L’Ukraine avait perdu son rang de 1er fournisseur de la France en 2020 au bénéfice de la péninsule ibérique, son tonnage d’exportation en direction de notre pays s’effondrant alors à 4 700 tonnes. Ce chiffre est à nouveau à la hausse en 2021, avec plus de 6 500 tonnes vendues à la France. Quant à l’Espagne, elle reste un partenaire majeur de l’hexagone mais ce fournisseur a connu une baisse sensible de son volume importé par la France cette même année (-20%). Puis suivent l’Allemagne (10,7%), la Chine (2300 tonnes seulement, en recul de 26%, mais avec un poids relatif de 7,8%), laBelgique avec 1 800 tonnes (- 17% en 2020) et un poids relatif de 6,1%. Et enfin, la Bulgarie avec 1 670 tonnes (5,7% en poids relatif). Ces 4 pays représentant un total cumulé de 33%.
Selon les années, l’Ukraine et l’Espagne ont pris l’habitude de se disputer la première marche du podium. L’Ukraine avait perdu son rang de 1er fournisseur de la France en 2020 au bénéfice de la péninsule ibérique, son tonnage d’exportation en direction de notre pays s’effondrant alors à 4 700 tonnes. Ce chiffre est à nouveau à la hausse en 2021, avec plus de 6 500 tonnes vendues à la France. Quant à l’Espagne, elle reste un partenaire majeur de l’hexagone mais ce fournisseur a connu une baisse sensible de son volume importé par la France cette même année (-20%). Puis suivent l’Allemagne (10,7%), la Chine (2300 tonnes seulement, en recul de 26%, mais avec un poids relatif de 7,8%), laBelgique avec 1 800 tonnes (- 17% en 2020) et un poids relatif de 6,1%. Et enfin, la Bulgarie avec 1 670 tonnes (5,7% en poids relatif). Ces 4 pays représentant un total cumulé de 33%.
Le scénario des années 2015-2019, période au cours de laquelle le miel ukrainien avait progressivement éclipsé les miels de Chine, est à nouveau d’actualité en 2021. Les 2 pays suivants qui exportent des volumes significatifs, selon des stratégies cependant différentes, sont l’Argentine et la Hongrie avec pour chacun 4,3% à 3,3% du total des importations françaises de 2021. Enfin, il faut retenir que 2021 voit le tonnage importé d’Argentine (4,3%) chuter, avec 1 250 tonnes contre 3 442 tonnes en 2020.
Le scénario des années 2015-2019, période au cours de laquelle le miel ukrainien avait progressivement éclipsé les miels de Chine, est à nouveau d’actualité en 2021. Les 2 pays suivants qui exportent des volumes significatifs, selon des stratégies cependant différentes, sont l’Argentine et la Hongrie avec pour chacun 4,3% à 3,3% du total des importations françaises de 2021. Enfin, il faut retenir que 2021 voit le tonnage importé d’Argentine (4,3%) chuter, avec 1 250 tonnes contre 3 442 tonnes en 2020.
Figure 2 : Structure des importations françaises de miel en volume de 2016 à 2021 Source : Sur base des données des Douanes françaises
Et côté prix ?
Pour un indice de prix moyen de 100 (des miels importés en France), les prix à l’importation varient de 62 à 176, dans un rapport de 1 à 3,5. Le cas de la Nouvelle-Zélande affichant un prix moyen de près de 34 € par kilo est un peu à part : il s’agit d’un marché de niche, celui des miels de Manuka dont le volume total importé est de l’ordre de 73 tonnes en 2021.
Les prix à l’importation varient de façon très importante en fonction des pays d’origine, reflet des types de miels importés, de la tendance du prix mondial et des éventuelles politiques de prix adoptées par les pays.
Les miels provenant des pays tiers sont particulièrement compétitifs : la Chine et l’Ukraine affichent un prix moyen 30% inférieur au prix moyen pondéré des importations. La Chine exporte en moyenne au prix de 2,42 € par kilo.
Pour un indice de prix moyen de 100 (des miels importés en France), les prix à l’importation varient de 62 à 176, dans un rapport de 1 à 3,5. Le cas de la Nouvelle-Zélande affichant un prix moyen de près de 34 € par kilo est un peu à part : il s’agit d’un marché de niche, celui des miels de Manuka dont le volume total importé est de l’ordre de 73 tonnes en 2021.
Les prix à l’importation varient de façon très importante en fonction des pays d’origine, reflet des types de miels importés, de la tendance du prix mondial et des éventuelles politiques de prix adoptées par les pays.
Les miels provenant des pays tiers sont particulièrement compétitifs : la Chine et l’Ukraine affichent un prix moyen 30% inférieur au prix moyen pondéré des importations. La Chine exporte en moyenne au prix de 2,42 € par kilo.
Mais c’est l’Ukraine qui se positionne avec le prix le plus attractif, toutes origines confondues. En 2021, le prix moyen des miels ukrainiens, en hausse cependant par rapport à 2020 (1,64 €/kg), atteint seulement 2,15 €/kg.
En ce qui concerne les partenaires européens exportant vers la France, les prix varient du simple au double : pour les pays de négoce que sont la Belgique et l’Espagne, ils sont légèrement supérieurs à la moyenne (indice 105 à 119 par rapport à cet indice de prix moyen de 100). Les miels en provenance de Hongrie sont 55% plus chers que la moyenne : cela concerne des miels mono floraux, notamment d’acacia. Enfin, les volumes importés d’Italie, qui ne représentent que 2,5% du total, s’achètent 80% plus cher que la moyenne : il s’agit de miels mono floraux et souvent issus de l’agriculture biologique.
Mais c’est l’Ukraine qui se positionne avec le prix le plus attractif, toutes origines confondues. En 2021, le prix moyen des miels ukrainiens, en hausse cependant par rapport à 2020 (1,64 €/kg), atteint seulement 2,15 €/kg.
En ce qui concerne les partenaires européens exportant vers la France, les prix varient du simple au double : pour les pays de négoce que sont la Belgique et l’Espagne, ils sont légèrement supérieurs à la moyenne (indice 105 à 119 par rapport à cet indice de prix moyen de 100). Les miels en provenance de Hongrie sont 55% plus chers que la moyenne : cela concerne des miels mono floraux, notamment d’acacia. Enfin, les volumes importés d’Italie, qui ne représentent que 2,5% du total, s’achètent 80% plus cher que la moyenne : il s’agit de miels mono floraux et souvent issus de l’agriculture biologique.
Auteurs :
Jacques Combes (consultant indépendant), Cécile Ferrus (ITSAP-Institut de l’abeille)
Contact :
cecile.ferrus(a)itsap.asso.fr
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