Quelles clés de compréhension d’un marché 2023 difficile ?
Publié le 26/06/2024
Qualité des produits
L’accentuation du déséquilibre entre l’offre et la demande tant en France qu’au sein de l’Union européenne a conduit à la crise de mévente du miel en fûts.
Le livrable 1 du rapport de l’ITSAP-Institut de l’abeille 2023 a pour objectif de présenter l’analyse des échanges commerciaux pour la France et pour les 27 États membres de l’Union européenne, élargi au Royaume-Uni devenu pays tiers en janvier 2020 suite au Brexit. Réalisé depuis plusieurs années selon une méthodologie constante, ce travail portant sur les années 2020, 2021 et 2022 éclaire de façon précieuse le scénario qui s’est produit en 2023.
Le livrable 1 du rapport de l’ITSAP-Institut de l’abeille 2023 a pour objectif de présenter l’analyse des échanges commerciaux pour la France et pour les 27 États membres de l’Union européenne, élargi au Royaume-Uni devenu pays tiers en janvier 2020 suite au Brexit. Réalisé depuis plusieurs années selon une méthodologie constante, ce travail portant sur les années 2020, 2021 et 2022 éclaire de façon précieuse le scénario qui s’est produit en 2023.
Le principal enseignement de cette analyse conclut que malgré un effet correctif sur les volumes importés tant en France qu’au sein de l’Union en 2023, celui-ci a été trop tardif pour éviter une crise de mévente des miels français et européens; et ce, compte tenu d’une accumulation des stocks sur la période 2020-2022 d’une part, et d’autre part, du fléchissement de la demande, qui s’est accentuée en 2023. Dans ce contexte, logiquement, les prix des miels importés sont pour les principales origines en nette baisse, accentuant la perte de compétitivité absolue (c’est-à-dire la compétitivité prix) des miels français et européens et leurs difficultés à trouver leur place dans un marché totalement saturé.
Le principal enseignement de cette analyse conclut que malgré un effet correctif sur les volumes importés tant en France qu’au sein de l’Union en 2023, celui-ci a été trop tardif pour éviter une crise de mévente des miels français et européens; et ce, compte tenu d’une accumulation des stocks sur la période 2020-2022 d’une part, et d’autre part, du fléchissement de la demande, qui s’est accentuée en 2023. Dans ce contexte, logiquement, les prix des miels importés sont pour les principales origines en nette baisse, accentuant la perte de compétitivité absolue (c’est-à-dire la compétitivité prix) des miels français et européens et leurs difficultés à trouver leur place dans un marché totalement saturé.
En 2023, le bilan des échanges montre une accentuation de la tendance observée sur la période 2020-2022 : une augmentation du tonnage disponible qui, face à une demande atone, conduit inéluctablement à l’accumulation de stocks de miels en fûts.
En 2023, le bilan des échanges montre une accentuation de la tendance observée sur la période 2020-2022 : une augmentation du tonnage disponible qui, face à une demande atone, conduit inéluctablement à l’accumulation de stocks de miels en fûts. L’évolution de la consommation et la variation de stocks n’étant renseignées ni pour la France ni pour l’Union européenne, l’analyse porte uniquement sur l’évolution de l’offre définie comme la somme en tonnes de « production + importations - exportations » pour les deux univers géographiques. En retenant, dans un premier temps, l’hypothèse simplificatrice d’une consommation de miel stable et d’une absence de variations de stocks, cette démarche illustrée dans les tableaux 1 et 2 montre que l’offre a considérablement augmenté dans les années 2022 et 2023 tant en France que dans l’Union européenne.
L’évolution de la consommation et la variation de stocks n’étant renseignées ni pour la France ni pour l’Union européenne, l’analyse porte uniquement sur l’évolution de l’offre définie comme la somme en tonnes de « production + importations - exportations » pour les deux univers géographiques. En retenant, dans un premier temps, l’hypothèse simplificatrice d’une consommation de miel stable et d’une absence de variations de stocks, cette démarche illustrée dans les tableaux 1 et 2 montre que l’offre a considérablement augmenté dans les années 2022 et 2023 tant en France que dans l’Union européenne.

Tableau 1 : Évolution de l’offre de miel sur le marché français. 2020-2023
Source : sur la base des données des Douanes françaises, de FranceAgriMer et d’ADA France
- Source : Estimation de la production de miel 2023. Valeur médiane. ADA France,2023
Une offre en hausse de 4% en France
Et ce, malgré une baisse du tonnage importé en 2023 qui s’accompagne d’une diminution des exportations. Dans un contexte où la production française est estimée à 33 900 tonnes par ADA France, l’augmentation de l’offre sur le marché français n’a pu être contenue. Du coup, après avoir augmenté de 17% en 2022, celle-ci affiche en 2023 une nouvelle hausse de 4%.
La consommation française de miel n’est pas connue : elle se situe sans doute entre 45 000 tonnes et 50 000 tonnes. Selon Nielsen, « le miel est à la peine en 2023 » et les achats des ménages en GMS ont baissé de -4,5% en volume. Ce recul constitue la 4ème année de baisse consécutive des ventes de miel en GMS.
La consommation française de miel n’est pas connue : elle se situe sans doute entre 45 000 tonnes et 50 000 tonnes. Selon Nielsen, « le miel est à la peine en 2023 » et les achats des ménages en GMS ont baissé de -4,5% en volume. Ce recul constitue la 4ème année de baisse consécutive des ventes de miel en GMS.
On peut en déduire que le surplus accumulé chez les opérateurs, apiculteurs et conditionneurs confondus, se situerait entre 12 000 et 30 000 tonnes et que la crise de 2023 n’est pas conjoncturelle.
On peut en déduire que le surplus accumulé chez les opérateurs, apiculteurs et conditionneurs confondus, se situerait entre 12 000 et 30 000 tonnes et que la crise de 2023 n’est pas conjoncturelle.
50% du miel importé en France depuis des pays tiers et un prix en baisse
Les volumes échangés sont en recul avec une baisse concomitante des importations (31 260 tonnes soit -12%) et des exportations (4 477 tonnes soit -14%). Du coup, la balance commerciale s’améliore, avec un déficit en valeur qui recule de 20 millions d’euros pour se limiter à 79 millions et 26 800 tonnes en volume. Le prix moyen des importations est en baisse, respectivement de -4% pour les importations depuis les 26 pays de l’UE et de -19% pour celles en provenance des pays tiers.
Les volumes échangés sont en recul avec une baisse concomitante des importations (31 260 tonnes soit -12%) et des exportations (4 477 tonnes soit -14%). Du coup, la balance commerciale s’améliore, avec un déficit en valeur qui recule de 20 millions d’euros pour se limiter à 79 millions et 26 800 tonnes en volume. Le prix moyen des importations est en baisse, respectivement de -4% pour les importations depuis les 26 pays de l’UE et de -19% pour celles en provenance des pays tiers.
En 2023, le poids relatif des importations originaires des pays tiers représente presque 50% du total : alors que pour la période 2017-2021, cet indicateur se limitait à 26%, il explose pour les années 2022 et 2023 avec respectivement 49,5% puis 46,6% du tonnage total importé par la France provenant des pays tiers.
En 2023, le poids relatif des importations originaires des pays tiers représente presque 50% du total : alors que pour la période 2017-2021, cet indicateur se limitait à 26%, il explose pour les années 2022 et 2023 avec respectivement 49,5% puis 46,6% du tonnage total importé par la France provenant des pays tiers.
Cinq pays représentent 65% des tonnages importés; pour l’UE il s’agit de l’Espagne, de la Belgique et de l’Allemagne, auxquels s’ajoutent l’Ukraine et la Chine. Pour atteindre 76% en cumul, il faut inclure la Hongrie et l’Argentine. En 2023, l’Ukraine reprend sa place de 1er fournisseur de la France car le tonnage de miel chinois s’effondre : seulement 2 495 tonnes en 2023, soit -64% !
Cinq pays représentent 65% des tonnages importés; pour l’UE il s’agit de l’Espagne, de la Belgique et de l’Allemagne, auxquels s’ajoutent l’Ukraine et la Chine. Pour atteindre 76% en cumul, il faut inclure la Hongrie et l’Argentine. En 2023, l’Ukraine reprend sa place de 1er fournisseur de la France car le tonnage de miel chinois s’effondre : seulement 2 495 tonnes en 2023, soit -64% ! Le prix moyen des miels importés par la France des autres pays de l’UE des 27 se situe à 4,30 €/kg soit 80% de plus que celui des miels importés des pays tiers qui est particulièrement bas (2,40 €/kg). Pour les pays tiers, les miels en provenance d’Asie, de Chine et du Vietnam plus précisément, sont parmi les moins chers, de l’ordre de 2,21 €/kg pour la Chine. Mais en 2023, le prix du miel Ukrainien est en baisse de 28% et passe sous le seuil des 2€/kg, soit moins cher que le miel chinois.
Le prix moyen des miels importés par la France des autres pays de l’UE des 27 se situe à 4,30 €/kg soit 80% de plus que celui des miels importés des pays tiers qui est particulièrement bas (2,40 €/kg). Pour les pays tiers, les miels en provenance d’Asie, de Chine et du Vietnam plus précisément, sont parmi les moins chers, de l’ordre de 2,21 €/kg pour la Chine. Mais en 2023, le prix du miel Ukrainien est en baisse de 28% et passe sous le seuil des 2€/kg, soit moins cher que le miel chinois.
Le prix des miels importés vers l’Union européenne s’effondre

Tableau 2 : Évolution de l’offre de miel sur le marché de l’Union européenne. 2020-2023
Source : DG AGRI Commission européenne. Honey market presentation. *La dernière présentation de la DG AGRI (avril 2024) ne renseigne pas la production de miel dans l’UE. L’estimation est basée sur la stabilité du nombre de ruches au sein de l’UE (20,27 millions de ruches).
Le scénario est un peu différent pour l’UE des 27 avec un tonnage de miel présent sur le marché qui, sur la période 2021-2023, n’augmente que de 11% contre +20% pour la France. Pour autant, en 2023, il talonne les 420 000 tonnes (soit + 67 500 tonnes par rapport à 2021).
Comme en France, la consommation européenne de miel n’est pas connue. Mais certaines données témoignent qu’elle serait au mieux stable et sinon en baisse. Ainsi, en Allemagne, 1er pays consommateur de miel de l’UE, elle a chuté de 10% en 2023 se situant à 80 170 tonnes. Le panel NIELSEN indique que les achats des ménages en GMS ont reculé de 4,3% en Allemagne et de 3% en Italie.
Ainsi, malgré une correction importante sur le tonnage importé des pays tiers en 2023 de 14%, soit -26 750 tonnes, le marché européen est plombé par un disponible trop important face à une consommation atone.
Malgré la baisse des volumes importés en 2023, le déficit de l’Union reste de l’ordre de 140 000 tonnes pour une valeur de 210 millions d’euros. S’il diminue de près de 40% en valeur, c’est d’abord le fait d’un prix moyen des importations en provenance des pays tiers qui recule de près de 30% (prix moyen 2,19 €/kg).
Malgré la baisse des volumes importés en 2023, le déficit de l’Union reste de l’ordre de 140 000 tonnes pour une valeur de 210 millions d’euros. S’il diminue de près de 40% en valeur, c’est d’abord le fait d’un prix moyen des importations en provenance des pays tiers qui recule de près de 30% (prix moyen 2,19 €/kg).
Ces importations baissent de 14% pour redescendre sous la barre des 170 000 tonnes. Une tendance équivalente est enregistrée pour les échanges entre les 27 États membres : 135 000 tonnes, soit -9% par rapport à 2022. La Chine et l’Ukraine restent les deux premiers fournisseurs de l’Union, captant les ⅔ des tonnages importés : la Chine pèse 37% du total et l’Ukraine avec 28% a regagné 16 points de parts de marché. L’ Argentine et le Mexique viennent compléter le top 4 des pays fournisseurs qui, à 6, représentent 85% du total importé.
Ces importations baissent de 14% pour redescendre sous la barre des 170 000 tonnes. Une tendance équivalente est enregistrée pour les échanges entre les 27 États membres : 135 000 tonnes, soit -9% par rapport à 2022. La Chine et l’Ukraine restent les deux premiers fournisseurs de l’Union, captant les ⅔ des tonnages importés : la Chine pèse 37% du total et l’Ukraine avec 28% a regagné 16 points de parts de marché. L’ Argentine et le Mexique viennent compléter le top 4 des pays fournisseurs qui, à 6, représentent 85% du total importé.
Les prix moyens des miels importés de ces 4 pays baissent de façon significative en 2023. Cela affecte principalement l’Argentine (-28%) et la Chine (-12%) . Le prix moyens des « autres pays » sont stables.
Les quatre premiers pays européens important du miel des pays tiers restent inchangés depuis plusieurs années : l’Allemagne, la Belgique, la Pologne et l’Espagne représentent ainsi en cumul plus des deux tiers du total (68%). La Chine a exporté vers l’UE un total de 60 200 tonnes de miel : la Belgique, la Pologne et le Portugal représentent 70% des volumes importés, ce dernier pays faisant son entrée dans le trio de tête. La Belgique constitue la principale porte d’entrée du miel chinois au sein de l’UE avec 21 500 tonnes importées soit 36% du total.
Les prix moyens des miels importés de ces 4 pays baissent de façon significative en 2023. Cela affecte principalement l’Argentine (-28%) et la Chine (-12%) . Le prix moyens des « autres pays » sont stables.
Les quatre premiers pays européens important du miel des pays tiers restent inchangés depuis plusieurs années : l’Allemagne, la Belgique, la Pologne et l’Espagne représentent ainsi en cumul plus des deux tiers du total (68%). La Chine a exporté vers l’UE un total de 60 200 tonnes de miel : la Belgique, la Pologne et le Portugal représentent 70% des volumes importés, ce dernier pays faisant son entrée dans le trio de tête. La Belgique constitue la principale porte d’entrée du miel chinois au sein de l’UE avec 21 500 tonnes importées soit 36% du total.
La typologie des 10 principaux pays impliqués dans les échanges intra UE en 4 types reste inchangée à l’exception de l’arrivé du Portugal dans le type 2, pays qualifiés de « plaques tournantes ».
La typologie des 10 principaux pays impliqués dans les échanges intra UE en 4 types reste inchangée à l’exception de l’arrivé du Portugal dans le type 2, pays qualifiés de « plaques tournantes ».
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