Prestations de pollinisation : le juste prix
Publié le 05/03/2023
Pollinisation
Technico-économie
Une activité en quête de rentabilité
Loin d’être négligeable, le prix des prestations de pollinisation doit refléter au mieux les charges directes et indirectes associées à cette activité. Le revenu qu’il génère est l’un des facteurs importants pouvant inciter les apiculteurs à proposer ce service. C’est pourquoi, dans le cadre du projet FLEUR*, l’ITSAP-Institut de l’abeille s’est penché sur la manière d’établir un tarif juste pour une prestation de pollinisation. Méthodologie, on vous guide.
Les prestations de pollinisation offrent un revenu complémentaire intéressant au sein d’une exploitation apicole. Elles souffrent pourtant d’un manque d’intérêt de la part des apiculteurs (Article Enquête en ligne 2022). D’après nos enquêtes[1],[2], l’apport de trésorerie immédiate qu’ils peuvent percevoir tôt dans la saison en proposant ce service, est la source de motivation principale pour les trois quarts des apiculteurs-pollinisateurs interrogés.
Les prestations de pollinisation offrent un revenu complémentaire intéressant au sein d’une exploitation apicole. Elles souffrent pourtant d’un manque d’intérêt de la part des apiculteurs (Article Enquête en ligne 2022). D’après nos enquêtes[1],[2], l’apport de trésorerie immédiate qu’ils peuvent percevoir tôt dans la saison en proposant ce service, est la source de motivation principale pour les trois quarts des apiculteurs-pollinisateurs interrogés.
Se positionner sur un marché peu formalisé n’est pas évident pour un apiculteur qui démarre l’activité. La construction d’un prix juste et rémunérateur est donc essentielle pour donner envie à des apiculteurs de se lancer ou de poursuivre malgré certains aléas. La manière dont le tarif d’une prestation est ou peut être établi et la connaissance de ses composantes mérite d’être éclaircie. Dans les portraits d’apiculteurs pollinisateurs présentés précédemment, les méthodes déployées par les apiculteurs pour raisonner leurs prix, prennent globalement en compte les pratiques tarifaires alentour, le calcul des charges directes (carburant, temps de travail, nourrissement éventuel) ou encore la valorisation de leur expérience. Les méthodes de calcul sont là encore hétérogènes, entre vraie démarche comptable, estimation simplifiée, ou même revalorisation selon les conditions de l’année (clients, offre et demande, mortalités et affaiblissements).
Se positionner sur un marché peu formalisé n’est pas évident pour un apiculteur qui démarre l’activité. La construction d’un prix juste et rémunérateur est donc essentielle pour donner envie à des apiculteurs de se lancer ou de poursuivre malgré certains aléas. La manière dont le tarif d’une prestation est ou peut être établi et la connaissance de ses composantes mérite d’être éclaircie. Dans les portraits d’apiculteurs pollinisateurs présentés précédemment, les méthodes déployées par les apiculteurs pour raisonner leurs prix, prennent globalement en compte les pratiques tarifaires alentour, le calcul des charges directes (carburant, temps de travail, nourrissement éventuel) ou encore la valorisation de leur expérience. Les méthodes de calcul sont là encore hétérogènes, entre vraie démarche comptable, estimation simplifiée, ou même revalorisation selon les conditions de l’année (clients, offre et demande, mortalités et affaiblissements).
Une trop grande disparité dans les prix pratiqués
D’après les deux enquêtes que nous avons menées ces dernières années, le tarif des prestations de pollinisation, toutes cultures confondues, s’échelonnent pour 2015 de 0 à 150€ HT par colonie mobilisée et de 30 à 100€ HT en 2022. La prestation est donc parfois offerte, dans le cadre d’échanges comme la mise à disposition d’un emplacement. Mais le tarif peut aussi être étudié pour une pollinisation spécifique sous serre. Autre résultat de nos investigations, les tarifs sont plus bas en arboriculture (pommier, poirier, cerisier, amandier et abricotier) et une grande part des apiculteurs se déclarent peu satisfaits de la rémunération qu’ils en tirent. Il existe aussi une disparité régionale pour une même culture ou tout simplement selon les situations. Par exemple, pour une prestation sur du tournesol semences, les prix déclarés ont pu varier du simple au quadruple : 15€ à 60€ HT par colonie, sur la base de 17 réponses, dans l’enquête de 2015 ; pour la pollinisation des courgettes en 2022 dans la même région, les tarifs pratiqués vont de 35 à 150€ HT par colonie (sur la base de 4 répondants).
D’après les deux enquêtes que nous avons menées ces dernières années, le tarif des prestations de pollinisation, toutes cultures confondues, s’échelonnent pour 2015 de 0 à 150€ HT par colonie mobilisée et de 30 à 100€ HT en 2022. La prestation est donc parfois offerte, dans le cadre d’échanges comme la mise à disposition d’un emplacement. Mais le tarif peut aussi être étudié pour une pollinisation spécifique sous serre. Autre résultat de nos investigations, les tarifs sont plus bas en arboriculture (pommier, poirier, cerisier, amandier et abricotier) et une grande part des apiculteurs se déclarent peu satisfaits de la rémunération qu’ils en tirent. Il existe aussi une disparité régionale pour une même culture ou tout simplement selon les situations. Par exemple, pour une prestation sur du tournesol semences, les prix déclarés ont pu varier du simple au quadruple : 15€ à 60€ HT par colonie, sur la base de 17 réponses, dans l’enquête de 2015 ; pour la pollinisation des courgettes en 2022 dans la même région, les tarifs pratiqués vont de 35 à 150€ HT par colonie (sur la base de 4 répondants).
Pour connaître plus précisément les pratiques tarifaires des apiculteurs, vous pouvez consulter le tableau des prix en vigueur dans chacun des trois portraits et le graphique présentant les prix moyens par culture, recueillis lors de l’enquête en ligne dans l’article associé.
Face à de tels écarts de prix, il paraissait nécessaire de détailler les coûts à intégrer afin de définir des tarifs de prestations de pollinisation qui soient une juste valorisation du travail effectué par les apiculteurs-pollinisateurs. Nous avons commencé par nous intéresser aux charges directes, charges connexes à l’activité de prestation de pollinisation, puis aux charges indirectes, c’est-à-dire à celles plus difficilement quantifiables, mais à intégrer dans le tarif d’une prestation si on ne veut pas travailler à perte. Nous nous sommes appuyés sur trois portraits d’apiculteur-pollinisateurs pour illustrer ces charges et les stratégies entreprises dans différentes situations dans cet effort de maîtrise des coûts.
Pour connaître plus précisément les pratiques tarifaires des apiculteurs, vous pouvez consulter le tableau des prix en vigueur dans chacun des trois portraits et le graphique présentant les prix moyens par culture, recueillis lors de l’enquête en ligne dans l’article associé.
Face à de tels écarts de prix, il paraissait nécessaire de détailler les coûts à intégrer afin de définir des tarifs de prestations de pollinisation qui soient une juste valorisation du travail effectué par les apiculteurs-pollinisateurs. Nous avons commencé par nous intéresser aux charges directes, charges connexes à l’activité de prestation de pollinisation, puis aux charges indirectes, c’est-à-dire à celles plus difficilement quantifiables, mais à intégrer dans le tarif d’une prestation si on ne veut pas travailler à perte. Nous nous sommes appuyés sur trois portraits d’apiculteur-pollinisateurs pour illustrer ces charges et les stratégies entreprises dans différentes situations dans cet effort de maîtrise des coûts.
Charges directes, le coût du transport sous surveillance
Elles sont assez faciles à estimer. Les charges directes sont celles engagées spécifiquement pour cette activité de prestation, en plus des autres charges occasionnées par l’activité apicole. Le coût engendré par le transport des colonies en fait partie. Comme tous déplacements, ceux liés aux prestations de pollinisation génèrent des frais de carburant et d’utilisation du véhicule. Leur importance est fonction de la distance entre le siège social de l’apiculteur, le rucher de départ et l’emplacement de la prestation mais aussi du nombre d’aller-retour nécessaire pour le dépôt et le retrait des colonies, du nombre de visites éventuelles pendant la pollinisation et des caractéristiques du véhicule.
Pour proposer une méthode d’estimation de ces charges, il est possible de multiplier la somme des kilomètres parcourus au coefficient des barèmes de frais kilométriques. Ce coefficient, issu du Ministère en charge des finances, inclut à la fois les frais de carburant et les frais d’entretien du véhicule. Ce barème est accessible ici :
Ainsi, le coefficient est égal à 0,661 pour un véhicule de 7 CV et plus, réalisant moins de 5 000 km par an.
Cela donne la formule suivante :
Charges D total = 0,661 × D
D est la distance totale parcourue pour l’apport et le retrait des colonies ainsi que les éventuelles visites pendant la prestation, hors frais éventuels de péage.
Elles sont assez faciles à estimer. Les charges directes sont celles engagées spécifiquement pour cette activité de prestation, en plus des autres charges occasionnées par l’activité apicole. Le coût engendré par le transport des colonies en fait partie. Comme tous déplacements, ceux liés aux prestations de pollinisation génèrent des frais de carburant et d’utilisation du véhicule. Leur importance est fonction de la distance entre le siège social de l’apiculteur, le rucher de départ et l’emplacement de la prestation mais aussi du nombre d’aller-retour nécessaire pour le dépôt et le retrait des colonies, du nombre de visites éventuelles pendant la pollinisation et des caractéristiques du véhicule.
Pour proposer une méthode d’estimation de ces charges, il est possible de multiplier la somme des kilomètres parcourus au coefficient des barèmes de frais kilométriques. Ce coefficient, issu du Ministère en charge des finances, inclut à la fois les frais de carburant et les frais d’entretien du véhicule. Ce barème est accessible ici :
Ainsi, le coefficient est égal à 0,661 pour un véhicule de 7 CV et plus, réalisant moins de 5 000 km par an.
Cela donne la formule suivante :
Charges D total = 0,661 × D
D est la distance totale parcourue pour l’apport et le retrait des colonies ainsi que les éventuelles visites pendant la prestation, hors frais éventuels de péage.
Comment optimiser la charge transport : deux exemples ?
• Limiter la distance parcourue :
Afin de limiter ses temps et ses frais de transport, l’apiculteur du portrait n°1 a déterminé un temps de trajet maximum de 20 minutes pour se rendre sur les sites de prestations de pollinisation des cultures sous abris. La demande en prestations de pollinisation à proximité de son siège d’exploitation étant importante, il peut se permettre de choisir les clients les plus proches.
• Avoir un nombre de colonies ou une durée minimum :
Ainsi, les apiculteurs du portrait n°3 n’acceptent de fournir un client éloigné de son exploitation qu’à certaines conditions, à savoir un nombre de ruche et une durée de prestation suffisamment importants. Ils peuvent, par exemple, réaliser une prestation de pollinisation à 1 heure de route de leur siège d’exploitation car cela va concerner 15 colonies, pour une durée de 2 mois.
Comment optimiser la charge transport : deux exemples ?
• Limiter la distance parcourue :
Afin de limiter ses temps et ses frais de transport, l’apiculteur du portrait n°1 a déterminé un temps de trajet maximum de 20 minutes pour se rendre sur les sites de prestations de pollinisation des cultures sous abris. La demande en prestations de pollinisation à proximité de son siège d’exploitation étant importante, il peut se permettre de choisir les clients les plus proches.
• Avoir un nombre de colonies ou une durée minimum :
Ainsi, les apiculteurs du portrait n°3 n’acceptent de fournir un client éloigné de son exploitation qu’à certaines conditions, à savoir un nombre de ruche et une durée de prestation suffisamment importants. Ils peuvent, par exemple, réaliser une prestation de pollinisation à 1 heure de route de leur siège d’exploitation car cela va concerner 15 colonies, pour une durée de 2 mois.
Le coût du travail pendant la durée de la pollinisation
Le temps de travail nécessaire pour chaque prestation peut être découpé en 5 étapes principales : la visite de préparation et de sélection des colonies en amont, le transport des colonies (trajet pour l’apport et pour le retrait des colonies), le chargement et le déchargement des colonies pour l’apport, les visites éventuelles au cours de la prestation (temps de déplacement et temps de visite) et enfin le chargement et déchargement des colonies pour le retrait.
Le coût associé à chacune de ces étapes dépend à la fois de l’organisation du travail (nombre de personnes, exploitants et/ou salariés et niveau de leur rémunération) et de la période travaillée : certaines opérations peuvent être réalisées de nuit (transhumance notamment) ; dans ce cas, il faudra envisager un coût horaire plus élevé.
Pour chaque étape :
Charges T étape = T travail × (2 × SMIC net × 1,3× N exploitant + 1 × SMIC net × 1,3 × N salarié)
N = Nombre de personne(s)
Dans cette formule, est envisagée une rémunération de 2 SMIC par exploitant et de 1 SMIC par salarié (SMIC net multiplié par 1,3 pour obtenir le SMIC brut). Le montant est doublé en cas de travail de nuit. Finalement, les charges liées au travail sont égales à la somme des charges liées au travail de chaque étape.
Charges T total = Charges T étape 1 + Charges T étape 2 + Charges T étape 3 + Charges T étape 4 + Charges T étape 5
Le temps de travail nécessaire pour chaque prestation peut être découpé en 5 étapes principales : la visite de préparation et de sélection des colonies en amont, le transport des colonies (trajet pour l’apport et pour le retrait des colonies), le chargement et le déchargement des colonies pour l’apport, les visites éventuelles au cours de la prestation (temps de déplacement et temps de visite) et enfin le chargement et déchargement des colonies pour le retrait.
Le coût associé à chacune de ces étapes dépend à la fois de l’organisation du travail (nombre de personnes, exploitants et/ou salariés et niveau de leur rémunération) et de la période travaillée : certaines opérations peuvent être réalisées de nuit (transhumance notamment) ; dans ce cas, il faudra envisager un coût horaire plus élevé.
Pour chaque étape :
Charges T étape = T travail × (2 × SMIC net × 1,3× N exploitant + 1 × SMIC net × 1,3 × N salarié)
N = Nombre de personne(s)
Dans cette formule, est envisagée une rémunération de 2 SMIC par exploitant et de 1 SMIC par salarié (SMIC net multiplié par 1,3 pour obtenir le SMIC brut). Le montant est doublé en cas de travail de nuit. Finalement, les charges liées au travail sont égales à la somme des charges liées au travail de chaque étape.
Charges T total = Charges T étape 1 + Charges T étape 2 + Charges T étape 3 + Charges T étape 4 + Charges T étape 5
Exemple d’organisation du travail en fonction du matériel disponible
•L’apiculteur du portrait n°2 réalise trois allers-retours avec son camion pour l’apport des 120 colonies demandées pour une prestation de pollinisation. Pour déposer les colonies dans la parcelle, il fait appel à une aide extérieure car sa grue n’est pas utilisable dans les vergers. Chaque transhumance se fait de nuit (en soirée ou le matin tôt avant le lever du soleil).
•Les charges liées à un éventuel nourrissement :
Dans certains cas, les apiculteurs peuvent être amenés à nourrir les colonies en amont ou pendant les prestations afin de faire face à un risque de disette alimentaire. C’est une pratique utilisée, par exemple, lorsque les vergers fleurissent tôt dans la saison (amandier, abricotier) ou dans le cadre des cultures sous serres qui limitent l’accès à des ressources florales extérieures. Le nourrissement, quand il est pratiqué, est de nature glucidique (candi, sirop) et peut être aussi protéique (pâte protéinée).
Charges N total = coût nourrissement par colonie × N colonies nourries
•Exemple de nourrissement pratiqué :
•Les apiculteurs du portrait n°3 visitent les colonies 8 à 10 jours en amont de la prestation : ils vérifient alors les besoins et ajoutent, si nécessaire, jusqu’à 2,5 kg de candi par colonie.
Le total des charges directes : on a fait le calcul !
Dans l’enquête de 2015, sur les 63 prestations étudiées, les montants de ces postes de charges directes ont été établis. Pour une colonie, le total s’élève à 23,00 € en moyenne.
Exemple d’organisation du travail en fonction du matériel disponible
•L’apiculteur du portrait n°2 réalise trois allers-retours avec son camion pour l’apport des 120 colonies demandées pour une prestation de pollinisation. Pour déposer les colonies dans la parcelle, il fait appel à une aide extérieure car sa grue n’est pas utilisable dans les vergers. Chaque transhumance se fait de nuit (en soirée ou le matin tôt avant le lever du soleil).
•Les charges liées à un éventuel nourrissement :
Dans certains cas, les apiculteurs peuvent être amenés à nourrir les colonies en amont ou pendant les prestations afin de faire face à un risque de disette alimentaire. C’est une pratique utilisée, par exemple, lorsque les vergers fleurissent tôt dans la saison (amandier, abricotier) ou dans le cadre des cultures sous serres qui limitent l’accès à des ressources florales extérieures. Le nourrissement, quand il est pratiqué, est de nature glucidique (candi, sirop) et peut être aussi protéique (pâte protéinée).
Charges N total = coût nourrissement par colonie × N colonies nourries
•Exemple de nourrissement pratiqué :
•Les apiculteurs du portrait n°3 visitent les colonies 8 à 10 jours en amont de la prestation : ils vérifient alors les besoins et ajoutent, si nécessaire, jusqu’à 2,5 kg de candi par colonie.
Le total des charges directes : on a fait le calcul !
Dans l’enquête de 2015, sur les 63 prestations étudiées, les montants de ces postes de charges directes ont été établis. Pour une colonie, le total s’élève à 23,00 € en moyenne.

NB : L’enquête a été réalisée en 2015 or ces charges sont très dépendantes de la conjoncture économique. Ces chiffres sont donc à considérer dans la conjoncture actuelle.
Ces trois postes de charges doivent être pris en compte absolument mais le calcul du tarif d’une prestation de pollinisation qui s’en contenterait, ignorerait de fait toute une partie du travail d’un apiculteur-pollinisateur, ainsi que certaines contraintes techniques à prendre en compte et d’autres dépenses indirectement liées à cette activité.
Ces trois postes de charges doivent être pris en compte absolument mais le calcul du tarif d’une prestation de pollinisation qui s’en contenterait, ignorerait de fait toute une partie du travail d’un apiculteur-pollinisateur, ainsi que certaines contraintes techniques à prendre en compte et d’autres dépenses indirectement liées à cette activité.
Les charges indirectes dans le viseur : la production de miel impactée
Il est impératif que les apiculteurs puissent les quantifier. En France, ces professionnels se définissent d’abord comme des producteurs de miel. Par conséquent, les prestations de pollinisation sont souvent décrites comme une activité annexe. Cependant, dans des systèmes apicoles dans lesquels c’est le même cheptel qui est utilisé, cette activité entre directement en concurrence avec la réalisation d’une miellée ou d’un autre atelier comme l’élevage au printemps. Et cela représente un frein pour plus d’un tiers des apiculteurs enquêtés. Même si du miel peut être produit lors des pollinisations, ce n’est généralement pas suffisant pour réaliser une récolte et il sert alors de réserves pour les abeilles. Le manque à gagner en production de miel – en privilégiant une prestation de pollinisation plutôt qu’une miellée - est fortement variable selon les rendements habituellement réalisés par l’apiculteur sur les miellées et selon les conditions de la saison apicole.
Il est impératif que les apiculteurs puissent les quantifier. En France, ces professionnels se définissent d’abord comme des producteurs de miel. Par conséquent, les prestations de pollinisation sont souvent décrites comme une activité annexe. Cependant, dans des systèmes apicoles dans lesquels c’est le même cheptel qui est utilisé, cette activité entre directement en concurrence avec la réalisation d’une miellée ou d’un autre atelier comme l’élevage au printemps. Et cela représente un frein pour plus d’un tiers des apiculteurs enquêtés. Même si du miel peut être produit lors des pollinisations, ce n’est généralement pas suffisant pour réaliser une récolte et il sert alors de réserves pour les abeilles. Le manque à gagner en production de miel – en privilégiant une prestation de pollinisation plutôt qu’une miellée - est fortement variable selon les rendements habituellement réalisés par l’apiculteur sur les miellées et selon les conditions de la saison apicole.
Quelles stratégies pour concilier production de miel et pollinisation ?
•L’apiculteur du portrait n°1 dispose de deux cheptels dont l’un est destiné aux pollinisations de cultures sous abris. Il réalise ainsi les deux activités simultanément.
•L’apiculteur du portrait n°2 fait hiverner toutes ses colonies dans un environnement de vergers pour profiter des floraisons des vergers en amont des miellées majeures. La réalisation de prestations de pollinisation en arboriculture lui permet d’obtenir un apport financier en début de saison avec peu d’impact sur sa stratégie de miellées.
•L’apiculteur du portrait n°3 place les colonies les plus anciennes, c’est-à-dire celles dotées d’une reine de trois ans, pour la pollinisation en arboriculture. L’apiculteur considère ces colonies moins productives en miel. En sortie de prestation, elles serviront au renouvellement du cheptel.
Quelles stratégies pour concilier production de miel et pollinisation ?
•L’apiculteur du portrait n°1 dispose de deux cheptels dont l’un est destiné aux pollinisations de cultures sous abris. Il réalise ainsi les deux activités simultanément.
•L’apiculteur du portrait n°2 fait hiverner toutes ses colonies dans un environnement de vergers pour profiter des floraisons des vergers en amont des miellées majeures. La réalisation de prestations de pollinisation en arboriculture lui permet d’obtenir un apport financier en début de saison avec peu d’impact sur sa stratégie de miellées.
•L’apiculteur du portrait n°3 place les colonies les plus anciennes, c’est-à-dire celles dotées d’une reine de trois ans, pour la pollinisation en arboriculture. L’apiculteur considère ces colonies moins productives en miel. En sortie de prestation, elles serviront au renouvellement du cheptel.
Lorsque le miel produit durant la prestation de pollinisation est en quantité commercialisable, soit 15% des prestations étudiées dans l’enquête de 2015, la vente représente entre 0 et 41% du chiffre d’affaires issu des prestations de pollinisation. Les apiculteurs du portrait n°3 mettent à profit la pollinisation sur tournesol pour développer leurs essaims de l’année. De plus, les prestations de pollinisation sur colza leur permettent souvent de produire du miel. Au cours de la prestation de pollinisation sur cerisier, l’apiculteur du portrait n°1 arrive régulièrement à produire du miel.
Lorsque le miel produit durant la prestation de pollinisation est en quantité commercialisable, soit 15% des prestations étudiées dans l’enquête de 2015, la vente représente entre 0 et 41% du chiffre d’affaires issu des prestations de pollinisation. Les apiculteurs du portrait n°3 mettent à profit la pollinisation sur tournesol pour développer leurs essaims de l’année. De plus, les prestations de pollinisation sur colza leur permettent souvent de produire du miel. Au cours de la prestation de pollinisation sur cerisier, l’apiculteur du portrait n°1 arrive régulièrement à produire du miel.
Ainsi, le manque à gagner en production de miel – si une prestation est réalisée plutôt qu’une miellée - est fortement variable selon les stratégies des apiculteurs et selon les conditions de la saison apicole. De même, le chevauchement entre la période de multiplication d’essaims et la période de pollinisation existe ou non selon les cas. Il paraît ainsi difficile d’appréhender la manière d’intégrer cela dans la définition d’un tarif de prestation de pollinisation, dans un schéma commun. L’approche individuelle paraît plus appropriée.
Ainsi, le manque à gagner en production de miel – si une prestation est réalisée plutôt qu’une miellée - est fortement variable selon les stratégies des apiculteurs et selon les conditions de la saison apicole. De même, le chevauchement entre la période de multiplication d’essaims et la période de pollinisation existe ou non selon les cas. Il paraît ainsi difficile d’appréhender la manière d’intégrer cela dans la définition d’un tarif de prestation de pollinisation, dans un schéma commun. L’approche individuelle paraît plus appropriée.
Le risque de perte de cheptel, dissuasif mais à estimer
Placées au milieu de cultures agricoles, les colonies sont plus susceptibles d’être exposées à des traitements phytosanitaires. Les apiculteurs sont relativement inquiets des effets non intentionnels liés à l’usage des pesticides et c’est un frein au développement de prestations de pollinisation en tant que chef d’exploitation. Ils étaient plus de 80% des apiculteurs interrogés en 2022 (15 apiculteurs) et un tiers en 2015 à considérer ce sujet préoccupant, et à avoir constaté des affaiblissements des populations ou des mortalités pendant ou après la pollinisation des cultures.
Placées au milieu de cultures agricoles, les colonies sont plus susceptibles d’être exposées à des traitements phytosanitaires. Les apiculteurs sont relativement inquiets des effets non intentionnels liés à l’usage des pesticides et c’est un frein au développement de prestations de pollinisation en tant que chef d’exploitation. Ils étaient plus de 80% des apiculteurs interrogés en 2022 (15 apiculteurs) et un tiers en 2015 à considérer ce sujet préoccupant, et à avoir constaté des affaiblissements des populations ou des mortalités pendant ou après la pollinisation des cultures.
Le risque et la perte existent, mais il est délicat d’estimer la compensation d’une perte de cheptel qui peut s’avérer onéreuse. Le coût de remplacement d’un essaim varie entre 120 et 150€, auquel s’ajouterait le coût lié au manque à gagner car l’essaim n’a pas la même capacité de production qu’une colonie. Le coût de remplacement d’une colonie serait encore supérieur.
Le risque et la perte existent, mais il est délicat d’estimer la compensation d’une perte de cheptel qui peut s’avérer onéreuse. Le coût de remplacement d’un essaim varie entre 120 et 150€, auquel s’ajouterait le coût lié au manque à gagner car l’essaim n’a pas la même capacité de production qu’une colonie. Le coût de remplacement d’une colonie serait encore supérieur.
Sens de l’anticipation et disponibilité des colonies peuvent permettre de hausser les tarifs
Si la plupart des prestations de pollinisation durent de 2 à 4 semaines, plus le cheptel mobilisé est important, plus l’apiculteur peut et doit techniquement anticiper cette période plusieurs mois avant. Un travail indispensable et pourtant difficile à évaluer tant les situations sont diverses. Le cas de l’apiculteur du portrait n°1 est assez spécifique sur ce sujet. Il prévoit de créer des essaims en mai/juin de l’année précédente pour avoir suffisamment de colonies disponibles lors de la saison de pollinisation suivante. Il considère que son engagement à pouvoir fournir les besoins en colonies, au moment demandé par l’agriculteur et cela année après année, doit être pris en compte et valorisé dans la définition du tarif.
Si la plupart des prestations de pollinisation durent de 2 à 4 semaines, plus le cheptel mobilisé est important, plus l’apiculteur peut et doit techniquement anticiper cette période plusieurs mois avant. Un travail indispensable et pourtant difficile à évaluer tant les situations sont diverses. Le cas de l’apiculteur du portrait n°1 est assez spécifique sur ce sujet. Il prévoit de créer des essaims en mai/juin de l’année précédente pour avoir suffisamment de colonies disponibles lors de la saison de pollinisation suivante. Il considère que son engagement à pouvoir fournir les besoins en colonies, au moment demandé par l’agriculteur et cela année après année, doit être pris en compte et valorisé dans la définition du tarif.
La stratégie peut être implicitement anticipée ou au contraire complètement opportuniste. Certains apiculteurs ont établi une relation de confiance avec des clients agriculteurs : ils s’engagent à leur fournir tous les ans des colonies pour assurer leur pollinisation. Dans d’autres cas, les apiculteurs ont une approche « opportuniste » ou de « dernière minute” des prestations de pollinisation : ils répondent à la demande et mettent à disposition un nombre variable de colonies en pollinisation en fonction du cheptel obtenu en sortie d’hivernage. Dans ce second cas, ils ou elles n’offrent pas forcément la garantie de fournir des colonies d’abeilles d’une année sur l’autre aux agriculteurs.
La stratégie peut être implicitement anticipée ou au contraire complètement opportuniste. Certains apiculteurs ont établi une relation de confiance avec des clients agriculteurs : ils s’engagent à leur fournir tous les ans des colonies pour assurer leur pollinisation. Dans d’autres cas, les apiculteurs ont une approche « opportuniste » ou de « dernière minute” des prestations de pollinisation : ils répondent à la demande et mettent à disposition un nombre variable de colonies en pollinisation en fonction du cheptel obtenu en sortie d’hivernage. Dans ce second cas, ils ou elles n’offrent pas forcément la garantie de fournir des colonies d’abeilles d’une année sur l’autre aux agriculteurs.
Le savoir-faire de l’apiculteur - pollinisateur, à valoriser
L’acquisition de compétences et des connaissances sur les techniques de pollinisation relève majoritairement de l’expérience individuelle des apiculteurs et ceux-ci sont généralement en attente des instructions des agriculteurs demandeurs. La situation est différente pour certaines cultures de semences très étudiées par des semenciers : dans ce cas, des cahiers des charges précis encadrent davantage les critères techniques et permettent aux apiculteurs de suivre des objectifs en termes de préparation de colonies. Le besoin de technicité requis varie fortement selon les conditions météorologiques (région et saison), l’espèce cultivée à polliniser (ressources florales, attractivité), le mode de culture (plein champ, sous abris, sous filet insect-proof), etc.
L’acquisition de compétences et des connaissances sur les techniques de pollinisation relève majoritairement de l’expérience individuelle des apiculteurs et ceux-ci sont généralement en attente des instructions des agriculteurs demandeurs. La situation est différente pour certaines cultures de semences très étudiées par des semenciers : dans ce cas, des cahiers des charges précis encadrent davantage les critères techniques et permettent aux apiculteurs de suivre des objectifs en termes de préparation de colonies. Le besoin de technicité requis varie fortement selon les conditions météorologiques (région et saison), l’espèce cultivée à polliniser (ressources florales, attractivité), le mode de culture (plein champ, sous abris, sous filet insect-proof), etc.
Certains apiculteurs ont cependant un niveau technique particulièrement élevé. C’est le cas de l’apiculteur du portrait n°1, en particulier pour les cultures sous abris. Grâce à la documentation mais aussi son expérience, il adapte très précisément la préparation des colonies apportées aux types de culture à polliniser. Il conseille les agriculteurs sur la pollinisation de leurs cultures, les traitements à adapter en présence des abeilles et réalise des visites en cours de pollinisation pour s’assurer que tout se passe bien. L’apiculteur du portrait n°2, quant à lui, veille essentiellement aux propriétés connues des produits phytosanitaires utilisés dans la parcelle où sont placées ses colonies, afin d’en anticiper les effets néfastes.
Certains apiculteurs ont cependant un niveau technique particulièrement élevé. C’est le cas de l’apiculteur du portrait n°1, en particulier pour les cultures sous abris. Grâce à la documentation mais aussi son expérience, il adapte très précisément la préparation des colonies apportées aux types de culture à polliniser. Il conseille les agriculteurs sur la pollinisation de leurs cultures, les traitements à adapter en présence des abeilles et réalise des visites en cours de pollinisation pour s’assurer que tout se passe bien. L’apiculteur du portrait n°2, quant à lui, veille essentiellement aux propriétés connues des produits phytosanitaires utilisés dans la parcelle où sont placées ses colonies, afin d’en anticiper les effets néfastes.
Les charges de structure
Les charges de structure représentent les postes de dépenses de l’exploitation apicole qui sont communes à plusieurs ateliers de l’exploitation – dont les prestations de pollinisation - et sont relativement fixes, quel que soit le niveau d'activité.
Les charges de structure représentent les postes de dépenses de l’exploitation apicole qui sont communes à plusieurs ateliers de l’exploitation – dont les prestations de pollinisation - et sont relativement fixes, quel que soit le niveau d'activité.
Ce sont, par exemple, la construction des bâtiments et leur entretien, l’achat et l’entretien du matériel de miellerie, des véhicules et du matériel de manutention, les loyers des emplacements ou les charges sociales. Selon les choix de la méthode de calcul, notamment la clé de répartition choisie, il peut être pertinent d’attribuer un ratio de ces charges à l’activité de pollinisation, même si celui-ci n’est pas facile à évaluer.
Ce sont, par exemple, la construction des bâtiments et leur entretien, l’achat et l’entretien du matériel de miellerie, des véhicules et du matériel de manutention, les loyers des emplacements ou les charges sociales. Selon les choix de la méthode de calcul, notamment la clé de répartition choisie, il peut être pertinent d’attribuer un ratio de ces charges à l’activité de pollinisation, même si celui-ci n’est pas facile à évaluer.
Ces freins qui raréfient les offres de prestations de pollinisation
Les prestations de pollinisation demeurent peu populaires auprès des apiculteurs. Cela est dû à plusieurs raisons. L’une des raisons tient au contenu même de la formation en apiculture : les apiculteurs interrogés déclarent avoir eu peu, voire pas du tout, d’informations sur l’activité de pollinisation au cours de leur cursus de formation. C’est souvent l’apprentissage auprès d’un apiculteur-pollinisateur qui va les encourager eux-mêmes, à pratiquer cette activité. C’est également une voie de diversification qui souffre d’une mauvaise image auprès d’une grande partie du monde apicole en raison des craintes d’intoxications des colonies, comme détaillé précédemment.
Autre motif d’une forme de résistance : réaliser des prestations de pollinisation en parallèle de la production de miel peut être contraignant du point de vue des apiculteurs. Les tâches nécessaires pour les prestations de pollinisation s’accumulent parfois sur la période de mars à juillet, alors que la charge de travail liée aux autres activités de l’exploitation reste élevée.
Les prestations de pollinisation demeurent peu populaires auprès des apiculteurs. Cela est dû à plusieurs raisons. L’une des raisons tient au contenu même de la formation en apiculture : les apiculteurs interrogés déclarent avoir eu peu, voire pas du tout, d’informations sur l’activité de pollinisation au cours de leur cursus de formation. C’est souvent l’apprentissage auprès d’un apiculteur-pollinisateur qui va les encourager eux-mêmes, à pratiquer cette activité. C’est également une voie de diversification qui souffre d’une mauvaise image auprès d’une grande partie du monde apicole en raison des craintes d’intoxications des colonies, comme détaillé précédemment.
Autre motif d’une forme de résistance : réaliser des prestations de pollinisation en parallèle de la production de miel peut être contraignant du point de vue des apiculteurs. Les tâches nécessaires pour les prestations de pollinisation s’accumulent parfois sur la période de mars à juillet, alors que la charge de travail liée aux autres activités de l’exploitation reste élevée.
Contrairement aux emplacements pour la production de miel où le déchargement de l’ensemble des colonies a lieu au même endroit, les placements des colonies pour la pollinisation sont très dispersés sur les parcelles (en particulier dans les vergers) et dans les tunnels. Ainsi, à la demande des agriculteurs, les ruches sont placées par lots (2 à 4 ruches) ou seules ou par deux dans les tunnels, selon la surface à polliniser. Pour répondre à cette organisation, l’exemple de l’apiculteur du portrait n°2 montre la nécessité de faire appel à une personne extérieure pour le déchargement des ruches car les emplacements dans les rangs de vergers ne lui permettent pas d’utiliser sa grue. Quant au témoignage de l’apiculteur du portrait n°1, il déplore des accès souvent difficiles aux parcelles avec des embourbements réguliers des camions, ce qui l’oblige à disposer d’un 4x4.
Contrairement aux emplacements pour la production de miel où le déchargement de l’ensemble des colonies a lieu au même endroit, les placements des colonies pour la pollinisation sont très dispersés sur les parcelles (en particulier dans les vergers) et dans les tunnels. Ainsi, à la demande des agriculteurs, les ruches sont placées par lots (2 à 4 ruches) ou seules ou par deux dans les tunnels, selon la surface à polliniser. Pour répondre à cette organisation, l’exemple de l’apiculteur du portrait n°2 montre la nécessité de faire appel à une personne extérieure pour le déchargement des ruches car les emplacements dans les rangs de vergers ne lui permettent pas d’utiliser sa grue. Quant au témoignage de l’apiculteur du portrait n°1, il déplore des accès souvent difficiles aux parcelles avec des embourbements réguliers des camions, ce qui l’oblige à disposer d’un 4x4.
Les relations avec les agriculteurs
Contrairement à la production de miel, la prestation de pollinisation est bien plus dépendante d’un partenariat avec les agriculteurs. Si certains limitent cela à l’aspect comptable, d’autres y voient une réelle opportunité de travail plus qu’un frein. Cette dimension relationnelle avec les agriculteurs est motivante pour un tiers des apiculteurs enquêtés en 2015 et pour plus de la moitié des apiculteurs sondés en 2022. C’est une rencontre technique propice pour échanger sur les pratiques agricoles ainsi que les besoins en habitats et ressources, pour accueillir ces insectes.
Cependant, notre dernière enquête révèle que 16% des apiculteurs interrogés vivent le partenariat avec les agriculteurs comme une contrainte notamment du fait de problème de communication sur certains sujets (un changement impromptu du nombre de colonies demandé par l’agriculteur ou sa réaction lorsque l’apiculteur rappelle la nécessité de respecter la règle du non-traitement des cultures pendant la pollinisation).
Contrairement à la production de miel, la prestation de pollinisation est bien plus dépendante d’un partenariat avec les agriculteurs. Si certains limitent cela à l’aspect comptable, d’autres y voient une réelle opportunité de travail plus qu’un frein. Cette dimension relationnelle avec les agriculteurs est motivante pour un tiers des apiculteurs enquêtés en 2015 et pour plus de la moitié des apiculteurs sondés en 2022. C’est une rencontre technique propice pour échanger sur les pratiques agricoles ainsi que les besoins en habitats et ressources, pour accueillir ces insectes.
Cependant, notre dernière enquête révèle que 16% des apiculteurs interrogés vivent le partenariat avec les agriculteurs comme une contrainte notamment du fait de problème de communication sur certains sujets (un changement impromptu du nombre de colonies demandé par l’agriculteur ou sa réaction lorsque l’apiculteur rappelle la nécessité de respecter la règle du non-traitement des cultures pendant la pollinisation).
Pour garantir un bon déroulement des prestations de pollinisation, cela demande de la part de l’apiculteur de l’anticipation, des connaissances agricoles et des contacts réguliers en amont et durant la prestation. L’apiculteur du portrait n°1 est très méthodique avant d’accepter un nouveau client-agriculteur. Il prend le temps de le rencontrer, de présenter la technicité du travail de préparation, de montrer que leurs métiers sont d’égale importance, afin que l’agriculteur puisse assurer de bonnes conditions d’accueil aux colonies mises à disposition.
Pour garantir un bon déroulement des prestations de pollinisation, cela demande de la part de l’apiculteur de l’anticipation, des connaissances agricoles et des contacts réguliers en amont et durant la prestation. L’apiculteur du portrait n°1 est très méthodique avant d’accepter un nouveau client-agriculteur. Il prend le temps de le rencontrer, de présenter la technicité du travail de préparation, de montrer que leurs métiers sont d’égale importance, afin que l’agriculteur puisse assurer de bonnes conditions d’accueil aux colonies mises à disposition.
Les agriculteurs en position de dépendance
Pour de nombreuses variétés cultivées en France, la production de fruits et de graines est tributaire de la pollinisation entomophile. Dans les milieux agricoles actuels, les populations d’insectes pollinisateurs indigènes sont souvent insuffisantes pour couvrir les besoins en pollinisation des surfaces de culture. D’autres espèces d’abeilles (bourdons, osmies notamment) peuvent être apportées dans les cultures en tant qu’agent pollinisateur mais ces solutions sont encore peu développées et assez onéreuses (pour de grandes surfaces de vergers par exemple). Dans l’enquête en ligne à laquelle 46 arboriculteurs² ont répondu, ils sont une majorité (84% des sondés) à louer ou acheter des insectes pollinisateurs pour assurer la pollinisation de leurs vergers. Parmi eux, 15% ont leurs propres colonies, et les autres font appel à des apiculteurs pour l’apport de colonies d’abeilles domestiques. Certains complètent ce dispositif par des colonies de bourdons domestiques (17% des sondés) ou des cocons d’osmies (9% des sondés).
Pour de nombreuses variétés cultivées en France, la production de fruits et de graines est tributaire de la pollinisation entomophile. Dans les milieux agricoles actuels, les populations d’insectes pollinisateurs indigènes sont souvent insuffisantes pour couvrir les besoins en pollinisation des surfaces de culture. D’autres espèces d’abeilles (bourdons, osmies notamment) peuvent être apportées dans les cultures en tant qu’agent pollinisateur mais ces solutions sont encore peu développées et assez onéreuses (pour de grandes surfaces de vergers par exemple). Dans l’enquête en ligne à laquelle 46 arboriculteurs² ont répondu, ils sont une majorité (84% des sondés) à louer ou acheter des insectes pollinisateurs pour assurer la pollinisation de leurs vergers. Parmi eux, 15% ont leurs propres colonies, et les autres font appel à des apiculteurs pour l’apport de colonies d’abeilles domestiques. Certains complètent ce dispositif par des colonies de bourdons domestiques (17% des sondés) ou des cocons d’osmies (9% des sondés).
Les agriculteurs sont donc fortement dépendants de ce service de pollinisation par les abeilles domestiques car il existe peu d’alternatives. Au vu de son importance, il est nécessaire que l’offre en prestations de pollinisation se maintienne voire se développe. Or, l’un des leviers pour encourager les apiculteurs à proposer ce service est de pouvoir le valoriser économiquement.
Les agriculteurs sont donc fortement dépendants de ce service de pollinisation par les abeilles domestiques car il existe peu d’alternatives. Au vu de son importance, il est nécessaire que l’offre en prestations de pollinisation se maintienne voire se développe. Or, l’un des leviers pour encourager les apiculteurs à proposer ce service est de pouvoir le valoriser économiquement.

Figure 1 : Déterminer un prix juste de prestation de pollinisation : un équilibre complexe
Comme nous l’avons souligné l’identification et le calcul des charges permettant de définir un tarif juste de pollinisation s’avère complexe. Il ne suffit pas de comptabiliser les charges intervenant directement pour l’activité de pollinisation. D’autres charges dites « indirectes », plus difficiles à chiffrer, doivent être prises en compte. En outre, chaque exploitation apicole et chaque prestation de pollinisation représente une situation particulière. Pour cette raison, il n’est pas pertinent de présenter un exemple de construction de prix. Il est plus pertinent de laisser le conseiller apicole ou l’apiculteur s’appuyer sur la méthode proposée ici pour lui permettre d’évaluer ses propres charges, notamment indirectes, très variables selon les profils, gardons-le à l’esprit.
Comme nous l’avons souligné l’identification et le calcul des charges permettant de définir un tarif juste de pollinisation s’avère complexe. Il ne suffit pas de comptabiliser les charges intervenant directement pour l’activité de pollinisation. D’autres charges dites « indirectes », plus difficiles à chiffrer, doivent être prises en compte. En outre, chaque exploitation apicole et chaque prestation de pollinisation représente une situation particulière. Pour cette raison, il n’est pas pertinent de présenter un exemple de construction de prix. Il est plus pertinent de laisser le conseiller apicole ou l’apiculteur s’appuyer sur la méthode proposée ici pour lui permettre d’évaluer ses propres charges, notamment indirectes, très variables selon les profils, gardons-le à l’esprit.
D’autre part, l’activité de pollinisation est globalement délaissée par les apiculteurs en raison d’un manque de publicité et d’aspects contraignants. Un paradoxe, quand on sait que les agriculteurs sont demandeurs de ce service de pollinisation par les colonies d’abeilles domestiques, souvent nécessaire pour s’assurer une bonne récolte. C’est pourquoi, un dialogue doit s’instaurer entre les deux professions afin d’établir un prix des prestations de pollinisation qui corresponde aux attentes de chacun.
D’autre part, l’activité de pollinisation est globalement délaissée par les apiculteurs en raison d’un manque de publicité et d’aspects contraignants. Un paradoxe, quand on sait que les agriculteurs sont demandeurs de ce service de pollinisation par les colonies d’abeilles domestiques, souvent nécessaire pour s’assurer une bonne récolte. C’est pourquoi, un dialogue doit s’instaurer entre les deux professions afin d’établir un prix des prestations de pollinisation qui corresponde aux attentes de chacun.
Sources bibliographiques
Cet article s’appuie principalement sur deux études :
[1] L’enquête du projet POLAPIS menée en 2015 auprès de 29 exploitations apicoles dans les régions Rhône-Alpes, Aquitaine et Midi-Pyrénées.
[2] Les enquêtes du projet FLEUR menées en 2022 en région SUD-PACA et départements limitrophes :
• une enquête en ligne avec 57 apiculteurs répondants et une enquête approfondie qui a abouti à la réalisation de trois portraits d’apiculteurs-pollinisateurs.
• une enquête en ligne à laquelle ont répondu 46 arboriculteurs (producteurs de fruits à pépins et abricots) diffusée par le GRCETA en Région Sud-PACA.
FLEUR : Favoriser l’Emergence d’Usages pour Répondre aux enjeux apicoles et arboricoles régionaux (2021-2020, Financements FEADER PEI, Région Sud PACA)
Cet article s’appuie principalement sur deux études :
[1] L’enquête du projet POLAPIS menée en 2015 auprès de 29 exploitations apicoles dans les régions Rhône-Alpes, Aquitaine et Midi-Pyrénées.
[2] Les enquêtes du projet FLEUR menées en 2022 en région SUD-PACA et départements limitrophes :
• une enquête en ligne avec 57 apiculteurs répondants et une enquête approfondie qui a abouti à la réalisation de trois portraits d’apiculteurs-pollinisateurs.
• une enquête en ligne à laquelle ont répondu 46 arboriculteurs (producteurs de fruits à pépins et abricots) diffusée par le GRCETA en Région Sud-PACA.
FLEUR : Favoriser l’Emergence d’Usages pour Répondre aux enjeux apicoles et arboricoles régionaux (2021-2020, Financements FEADER PEI, Région Sud PACA)
Autres sources bibliographiques :
Ferrus, C. et al., “Le service de pollinisation sous contrôle” in Decourtye, Axel (dir.) Les abeilles des ouvrières agricoles à protéger, Paris : France Agricole, 2018, collection AgriProduction, pp. 34-54.
Allier, F., “Pollinisation en production de semences oléagineuses : une coopération technique entre agriculteurs et apiculteurs”, Cahier technique ITSAP, octobre 2012.
Autres sources bibliographiques :
Ferrus, C. et al., “Le service de pollinisation sous contrôle” in Decourtye, Axel (dir.) Les abeilles des ouvrières agricoles à protéger, Paris : France Agricole, 2018, collection AgriProduction, pp. 34-54.
Allier, F., “Pollinisation en production de semences oléagineuses : une coopération technique entre agriculteurs et apiculteurs”, Cahier technique ITSAP, octobre 2012.
Auteurs :
Zoé Lemarchand, Constance Beri, Cécile Ferrus, Fabrice Allier

s'inscrire à la newsletter
Vous y retrouverez les actualités de nos dernières recherches, événements, publications, infos clés à savoir en tant qu'apiculteur.