La Chine perd le leadership des exportations à destination de l'Union Européenne

Publié le 14/10/2021

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Bilan des échanges commerciaux de miels au sein de l’UE des 27, hors Royaume-Uni

Les importations en Europe depuis des pays tiers ou entre pays membres de l’Union européenne connaissent une forte augmentation depuis 10 ans et les échanges commerciaux entre pays de l’UE sont très dynamiques. Les principaux pays fournisseurs de miel de l’UE restent inchangés mais leur hiérarchie a évolué. En 2020, du fait de la sortie du Royaume-Uni de l’UE (Brexit), la Chine perd sa position de 1er fournisseur des 27 pays de l’UE au profit de l’Ukraine qui représente 31% du total des importations en provenance des pays tiers. Derrière la Chine, désormais à la 2ème place des exportateurs, on retrouve les pays d’Amérique centrale et du Sud, le Mexique et l’Argentine notamment, fournisseurs historiques et réguliers de l’Europe. Trois pays européens réalisent pratiquement les deux tiers (63%) des tonnages de miels importés des pays tiers : l’Allemagne, la Pologne et la Belgique.

Les volumes de miel importés au sein du marché de l’UE sont en forte augmentation depuis une décennie (voir Figure 1), que cela concerne les importations des pays tiers permettant à l’Europe de combler son déficit (différence entre la consommation, la variation de stocks et la récolte) ou bien l’ensemble des flux entre les 28 états membres (ou 27 états membres pour 2020, hors Royaume-Uni).

En 2019, les 28 états membres ont importé des pays tiers un tonnage total de 205 084 tonnes, en légère baisse par rapport à 2018 (-1,3%). Mais ce niveau reste élevé, avoisinant les importations enregistrées en 2017 et 2018. Depuis 2010, le tonnage de miel importé par l’UE, en provenance des pays tiers, a augmenté de 56 600 tonnes, soit +38%.

Ralentissement des importations en 2020 mais un dynamisme des échanges intra-européens

L’année 2020 connaît un volume d’importation inférieur à l’année précédente, de l’ordre de 179 331 tonnes de miel, de la part des 27 états membres de l’UE hors Royaume-Uni. Ce dernier était en 2019 le 2ème pays importateur de miels des pays tiers avec près de 43 000 tonnes, l’Allemagne se classant à la toute première place avec plus de 57 000 tonnes importées.

En faisant abstraction des volumes du Royaume-Uni, ce volume de 179 331 tonnes, importé par les 27 états membres, est supérieur de près de 11% à celui de 2019 pour ces mêmes pays.

Le commerce intra-européen, c’est-à-dire l’ensemble des échanges de miels entre les 27 états membres de l’UE, reste quant à lui très dynamique. En dehors du Royaume-Uni qui y participe peu, à hauteur de 5 000 tonnes, les volumes exportés par l’ensemble des pays de l’UE vers leurs partenaires sont de l’ordre de 145 000 tonnes, pratiquement équivalents à ceux de 2019 qui incluaient le Royaume-Uni. Les échanges intra-européens ont donc été particulièrement importants en 2020.

Ils concernent aussi bien des miels récoltés dans chacun des états membres que des miels importés d’autres états membres ou de pays tiers. Sans le Royaume-Uni, ces échanges intra-européens ont augmenté de +40% par rapport à 2010, dans le même ordre de grandeur que les importations des pays tiers à l’échelle de l’UE.

Figure 1 : Tonnages importés des pays tiers et échanges intra-UE de 2010 à 2020. – Source : Eurostat

N.B : Les données 2020 sont celles fournies par Eurostat en 2021 et concernent l’UE des 27 pays, excluant le Royaume-Uni.

Dans la mesure où l’ensemble statistique étudié pour cette dernière année est différent de celui analysé par Eurostat de 2010 à 2019, le choix a été fait d’illustrer les données 2020 par deux couleurs différentes (jaune pour les échanges intra-européens et vert pour les importations de miel des pays tiers).

Ukraine et Chine se disputent la première place des exportateurs vers l’UE

Si l’identité des principaux pays exportateurs de miel vers l’UE n’a guère changé ces dernières années, la hiérarchie des pays fournisseurs a évolué. Partant de l’hypothèse plausible selon laquelle le Royaume-Uni aurait importé au moins 40 000 tonnes de miel de Chine en 2020, ce dernier pays reste le 1er pays fournisseur de miel de l’Europe si on inclut le Royaume-Uni.

Le tonnage vendu par ce pays recule légèrement sur la période 2014-2019 (-4%) et son poids relatif dans le total des importations des pays tiers a perdu 7 points.

Tableau 1 : Tonnages et poids relatif des principales origines des miels importés des pays tiers par l’UE des 27 en 2020 – Source : Eurostat

Comme pour la France, le fait majeur de ces dernières années est l’augmentation de 160% des importations de miel en provenance d’Ukraine : le tonnage importé par l’UE est ainsi passé de 20 700 tonnes en 2014 à près de 55 000 tonnes en 2020 (hors Royaume-Uni). La Chine et l’Ukraine représentent 53% des tonnages importés par l’UE 27 en 2020 (voir Tableau 1).

Les deux leaders sont suivis par les pays d’Amérique centrale et du sud qui sont les fournisseurs réguliers et historiques de l’Europe, avec cependant des fluctuations importantes en volume en fonction des années : Mexique et Argentine pèsent chacun 10%. Chili, Uruguay, Brésil et Cuba sont les 4 autres principaux pays fournisseurs de l’Europe.

Importations européennes de miel de pays tiers : Allemagne, Pologne, Belgique, le trio de tête

Ainsi, si l’Europe importe du miel provenant de plus de 50 origines différentes, 4 pays – la Chine, l’Ukraine, le Mexique et l’Argentine – peuvent se prévaloir, en 2020, de plus de 75% du tonnage total importé des pays tiers par l’UE des 27. Parmi les principaux pays de l’UE importateurs de miels des pays tiers en 2020 (les 27, hors Royaume-Uni), on retrouve largement en tête l’Allemagne, principal pays importateur des pays tiers (32%), puis la Pologne et la Belgique, qui à eux deux importent 31% des tonnages.

Ces 3 nations réalisent ensemble presque les deux tiers (63%) des tonnages de miels importés de pays tiers.

Sur cette dernière année, la Pologne a acheté 31 667 tonnes de miel des pays tiers, soit une augmentation de 7% par rapport à 2019. Son poids relatif est de 17,7%. Quant à la Belgique, elle a importé en 2020 de l’ordre de 24 000 tonnes, soit 13,5% du total. Ses achats sont en hausse sensible par rapport à 2019 (+14%).

Figure 2 : Origine des importations des pays tiers de l’UE en 2014, 2018, 2019 pour l’UE des 28 et 2020 pour l’UE des 27 – Source : Eurostat

La figure 2 illustre l’origine des importations de miel des pays tiers pour les 28 états membres sur les années 2014, 2018 et 2019 et pour les 27 états (c’est-à-dire sans le Royaume-Uni) pour l’année 2020. Comme expliqué à propos de la Figure 1, du fait du changement de périmètre géographique de UE 27 dans Eurostat, la comparaison des données de 2019 et de 2020 n’est pas pertinente.

L’Espagne reste un importateur notable avec près de 15 500 tonnes soit 8,6% du total. Ce tonnage est en hausse par rapport à 2019 (14 193 tonnes soit +9%). Puis vient ensuite le Portugal, nouvel entrant sur ce marché : après une augmentation de +40% en 2019, les achats de ce pays auprès de pays tiers augmentent de +18% en 2020 pour se situer à 6 340 tonnes. Le Portugal reste cependant un acteur mineur à l’échelle du marché européen, ne pesant que 3,5% du total des importations des pays tiers.

Enfin, la France a importé en direct de pays tiers 9 300 tonnes de miel en 2020, soit une baisse de -11% après la forte hausse enregistrée en 2019 (+28%).

Auteurs : 

Jacques Combes - consultant indépendant, Cécile Ferrus - ITSAP-Institut de l’abeille

Contact : 

cecile.ferrus(a)itsap.asso.fr

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