Importations de miel en France : l’Ukraine perd du terrain au profit de l’Espagne
Publié le 14/10/2021
Qualité des produits
Bilan des importations françaises de miel en 2020
Selon les années, la France importe entre 32 000 et 35 000 tonnes de miel. Parmi ses principaux pays fournisseurs, l’Ukraine et l’Espagne, puis viennent l’Allemagne, l’Argentine et enfin la Chine. Si la période 2015-2019 a consacré l’Ukraine comme premier pays fournisseur du marché français, le pays ayant vu ses exportations vers l’Hexagone doubler sur la période tandis que celles de Chine diminuaient, 2020 révèle un tout autre scénario. Les achats de miel provenant “d’Ukraine” ont chuté au profit de l’Espagne, devenu l’année dernière le 1er fournisseur de la France, en s’arrogeant 20% de ses importations.
UN POINT DE METHODOLOGIE
L’ITSAP-Institut de l’abeille a fait appel à l’expertise de Jacques Combes, un consultant indépendant, pour réaliser une étude du marché du miel en 2020. Les analyses réalisées sont basées sur les chiffres extraits de deux bases de données disponibles sur Internet, en utilisant le code du produit «miel naturel» (NC8 0409 0000) :
•Les douanes françaises, qui fournissent de façon exhaustive le volume et la valeur des importations et des exportations de la France vers les autres pays de l’UE et les pays tiers (https://lekiosque.finances.gouv.fr/)
•Eurostat, en utilisant la rubrique Commerce UE (Union européenne) depuis 1988 par NC8 puis en réalisant les extractions souhaitées (https://ec.europa.eu/eurostat/fr/data/database).
L’ITSAP-Institut de l’abeille a fait appel à l’expertise de Jacques Combes, un consultant indépendant, pour réaliser une étude du marché du miel en 2020. Les analyses réalisées sont basées sur les chiffres extraits de deux bases de données disponibles sur Internet, en utilisant le code du produit «miel naturel» (NC8 0409 0000) :
•Les douanes françaises, qui fournissent de façon exhaustive le volume et la valeur des importations et des exportations de la France vers les autres pays de l’UE et les pays tiers (https://lekiosque.finances.gouv.fr/)
•Eurostat, en utilisant la rubrique Commerce UE (Union européenne) depuis 1988 par NC8 puis en réalisant les extractions souhaitées (https://ec.europa.eu/eurostat/fr/data/database).
En fonction des variables, les séries temporelles couvrent soit pratiquement une décennie (2010-2020) soit une période plus récente (2015-2020). Les chiffres sont exploités par année civile, disponibles soit en volume soit en valeur.
Dans la version 2021 de la base de données d’Eurostat, servant à extraire les données sur la référence douanière «miel naturel » en 2020, seules les données de l’espace géographique de l’UE des 27 sont renseignées :
•dorénavant l’UE des 27 inclut la Croatie mais exclut le Royaume-Uni
•les données d’importations et d’exportations du Royaume-Uni ne sont plus renseignées.
En fonction des variables, les séries temporelles couvrent soit pratiquement une décennie (2010-2020) soit une période plus récente (2015-2020). Les chiffres sont exploités par année civile, disponibles soit en volume soit en valeur.
Dans la version 2021 de la base de données d’Eurostat, servant à extraire les données sur la référence douanière «miel naturel » en 2020, seules les données de l’espace géographique de l’UE des 27 sont renseignées :
•dorénavant l’UE des 27 inclut la Croatie mais exclut le Royaume-Uni
•les données d’importations et d’exportations du Royaume-Uni ne sont plus renseignées.
Cette étude de marché exclut donc le Royaume-Uni, les chiffres de l’UE 2020 et ceux de 2019 n’étant pas comparables. Cette réalité handicape les analyses et les explications des évolutions constatées.
En ce qui concerne l’origine effective des miels (c’est-à-dire leurs pays de récolte), l’hypothèse retenue est la suivante : les miels importés directement de pays tiers ont été récoltés dans le pays fournisseur de l’UE ou de la France. Par exemple, les miels importés de Chine, d’Argentine ou d’Ukraine sont issus de la récolte effectuée dans ces pays.
Si l’on s’intéresse à présent au négoce intra-européen (importations et exportations entre les différents pays de l’Union), le miel faisant l’objet de ces échanges peut avoir trois origines différentes.
Cette étude de marché exclut donc le Royaume-Uni, les chiffres de l’UE 2020 et ceux de 2019 n’étant pas comparables. Cette réalité handicape les analyses et les explications des évolutions constatées.
En ce qui concerne l’origine effective des miels (c’est-à-dire leurs pays de récolte), l’hypothèse retenue est la suivante : les miels importés directement de pays tiers ont été récoltés dans le pays fournisseur de l’UE ou de la France. Par exemple, les miels importés de Chine, d’Argentine ou d’Ukraine sont issus de la récolte effectuée dans ces pays.
Si l’on s’intéresse à présent au négoce intra-européen (importations et exportations entre les différents pays de l’Union), le miel faisant l’objet de ces échanges peut avoir trois origines différentes.
Prenons l’exemple d’un tonnage importé par la France en provenance d’un autre pays de l’Union sur une année civile, il peut s’agir :
•de miel effectivement récolté au sein du pays exportateur vers la France
•de miel importé d’un ou plusieurs pays tiers puis réexporté vers la France
•de miel récolté dans un pays de l’UE, importé par le pays qui le réexporte ensuite vers la France.
L’analyse qui suit met en évidence une très forte dynamique des échanges intra-européens sur le produit « miel ». Il convient de rester relativement prudent sur les origines des miels approvisionnant chacun des marchés nationaux dont le marché français.
Prenons l’exemple d’un tonnage importé par la France en provenance d’un autre pays de l’Union sur une année civile, il peut s’agir :
•de miel effectivement récolté au sein du pays exportateur vers la France
•de miel importé d’un ou plusieurs pays tiers puis réexporté vers la France
•de miel récolté dans un pays de l’UE, importé par le pays qui le réexporte ensuite vers la France.
L’analyse qui suit met en évidence une très forte dynamique des échanges intra-européens sur le produit « miel ». Il convient de rester relativement prudent sur les origines des miels approvisionnant chacun des marchés nationaux dont le marché français.
Figure 1 : Évolution des tonnages de miel importés par la France de 2010 à 2020
Source : Douanes françaises
LES GRANDS ENSEIGNEMENTS
L’année 2020 voit les importations françaises de miel revenir presque aux volumes record enregistrés en 2016 et 2017 après deux années (2018 et 2019) pendant lesquelles elles s’étaient plus ou moins stabilisées à un niveau inférieur, de l’ordre de 32 500 tonnes (voir figure 1).
Tableau 1 : Chiffres clés des importations françaises de miel en 2019 et 2020
Source : Douanes Françaises
En 2020, les importations de miel augmentent sensiblement en volume (+ 2 050 tonnes), soit + 6,3%, pour se situer à 34 820 tonnes. Le prix moyen en € au kilo étant en très légère hausse par rapport à 2019, la valeur des importations augmente de près de 7%.
Figure 2 : Structure des importations françaises de miel en volume de 2015 à 2020
Source : Douanes Françaises
Le tonnage importé en 2020 talonne celui observé sur les années 2016 et 2017 pour lesquelles il dépassait les 35 000 tonnes. Même si la France importe du miel auprès d’une quarantaine de pays (une tonne au minimum), les 8 pays qui exportent en France plus de 1 000 tonnes de miel en 2020 réalisent 80% des tonnages importés.
En fonction des années, l’Ukraine et l’Espagne se disputent les premières places du classement des fournisseurs de la France :
•En 2020, l’Espagne se classe première avec presque 20% des importations françaises. Ce pays exporte une partie de sa production mais aussi des miels de négoce, importés de l’UE ou de pays tiers.
•L’Ukraine, 1er fournisseur de la France sur les années 2017-2019, voit ses ventes s’effondrer de près de 30% en 2020, passant ainsi de 6 610 tonnes en 2019 à un peu moins de 4 700 tonnes en 2020.
En fonction des années, l’Ukraine et l’Espagne se disputent les premières places du classement des fournisseurs de la France :
•En 2020, l’Espagne se classe première avec presque 20% des importations françaises. Ce pays exporte une partie de sa production mais aussi des miels de négoce, importés de l’UE ou de pays tiers.
•L’Ukraine, 1er fournisseur de la France sur les années 2017-2019, voit ses ventes s’effondrer de près de 30% en 2020, passant ainsi de 6 610 tonnes en 2019 à un peu moins de 4 700 tonnes en 2020.
3 pays émergent ensuite, avec pour chacun un poids relatif de l’ordre de 9% à 10% :
•L’Argentine avec près de 10% ;
•L’Allemagne avec un peu plus de 9% ;
•La Chine dont le tonnage importé augmente en 2020 de 43% par rapport à 2019 et représente 9% du total.
Le scénario des années 2015-2019, période au cours de laquelle le miel ukrainien avait progressivement éclipsé les miels de Chine avec un tonnage passé de 22% à moins de 7% en 2019, ne s’est pas renouvelé. Derrière ce peloton de tête, les 3 pays qui exportent des volumes significatifs mais selon des stratégies différentes, sont la Belgique, la Hongrie et la Bulgarie pour, chacun, 5% à 6% du total des importations françaises de 2020.
3 pays émergent ensuite, avec pour chacun un poids relatif de l’ordre de 9% à 10% :
•L’Argentine avec près de 10% ;
•L’Allemagne avec un peu plus de 9% ;
•La Chine dont le tonnage importé augmente en 2020 de 43% par rapport à 2019 et représente 9% du total.
Le scénario des années 2015-2019, période au cours de laquelle le miel ukrainien avait progressivement éclipsé les miels de Chine avec un tonnage passé de 22% à moins de 7% en 2019, ne s’est pas renouvelé. Derrière ce peloton de tête, les 3 pays qui exportent des volumes significatifs mais selon des stratégies différentes, sont la Belgique, la Hongrie et la Bulgarie pour, chacun, 5% à 6% du total des importations françaises de 2020.
Ce que l’on doit retenir de 2020
•L’effondrement des importations depuis l’Ukraine :-29% par rapport à 2019 pour un poids relatif de 13%
•La forte augmentation des importations de miel de Chine qui représentent 9% du total des importations en 2020 contre 7% en 2019
•L’Espagne qui tire son épingle du jeu et augmente ses exportations vers la France de + 4% par rapport à 2019, pour atteindre 19,7% du total des importations françaises.
•L’effondrement des importations depuis l’Ukraine :-29% par rapport à 2019 pour un poids relatif de 13%
•La forte augmentation des importations de miel de Chine qui représentent 9% du total des importations en 2020 contre 7% en 2019
•L’Espagne qui tire son épingle du jeu et augmente ses exportations vers la France de + 4% par rapport à 2019, pour atteindre 19,7% du total des importations françaises. null
Les prix à l’importation
Pour un indice de prix moyen des miels importés en France de 100, les prix à l’importation varient de 50 à 200, soit d’un rapport de 1 à 4. Le cas de la Nouvelle-Zélande, dont le prix moyen de vente se situe autour de 34 € le kilo, est un cas à part : il s’agit d’un marché de niche, celui des miels de Manuka dont le volume total importé n’excède pas 90 tonnes pour l’année 2020.
On observe des variations très significative de prix en fonction des pays d’origine, reflétant tout à la fois les types de miels importés, la tendance du prix mondial et les éventuelles politiques de prix adoptées par les pays.
Les miels importés des pays tiers sont particulièrement compétitifs : l’Argentine et la Chine affichent un prix 30% inférieur au prix moyen pondéré des importations, soit entre 2,30 et 2,25 € le kilo.
Pour un indice de prix moyen des miels importés en France de 100, les prix à l’importation varient de 50 à 200, soit d’un rapport de 1 à 4. Le cas de la Nouvelle-Zélande, dont le prix moyen de vente se situe autour de 34 € le kilo, est un cas à part : il s’agit d’un marché de niche, celui des miels de Manuka dont le volume total importé n’excède pas 90 tonnes pour l’année 2020.
On observe des variations très significative de prix en fonction des pays d’origine, reflétant tout à la fois les types de miels importés, la tendance du prix mondial et les éventuelles politiques de prix adoptées par les pays.
Les miels importés des pays tiers sont particulièrement compétitifs : l’Argentine et la Chine affichent un prix 30% inférieur au prix moyen pondéré des importations, soit entre 2,30 et 2,25 € le kilo.
L’Ukraine se positionne avec un prix nettement inférieur à ces deux pays exportateurs: en 2020, le prix moyen des miels ukrainiens, en baisse par rapport à 2019, est de seulement 1,64 €/kg (contre 1,76 €/kg en moyenne en 2019), soit pratiquement une baisse de 30% par rapport à ceux d’origine chinoise ou argentine. Enfin, en ce qui concerne les pays d’Europe exportant vers la France, les prix varient du simple au double : pour les pays de négoce que sont la Belgique et l’Espagne, les prix sont légèrement supérieurs à la moyenne (indice 109 à 117 par rapport à un indice de prix moyen de 100). Les miels en provenance d’Allemagne ou de Hongrie sont 30% à 40% plus chers que la moyenne, avec des miels mono floraux, notamment d’acacia pour ce dernier pays. Enfin, les volumes importés d’Italie qui ne représentent que 2% du total se négocient à un prix élevé, le double de la moyenne : il s’agit de miels mono floraux et souvent issus de l’agriculture biologique.
L’Ukraine se positionne avec un prix nettement inférieur à ces deux pays exportateurs: en 2020, le prix moyen des miels ukrainiens, en baisse par rapport à 2019, est de seulement 1,64 €/kg (contre 1,76 €/kg en moyenne en 2019), soit pratiquement une baisse de 30% par rapport à ceux d’origine chinoise ou argentine. Enfin, en ce qui concerne les pays d’Europe exportant vers la France, les prix varient du simple au double : pour les pays de négoce que sont la Belgique et l’Espagne, les prix sont légèrement supérieurs à la moyenne (indice 109 à 117 par rapport à un indice de prix moyen de 100). Les miels en provenance d’Allemagne ou de Hongrie sont 30% à 40% plus chers que la moyenne, avec des miels mono floraux, notamment d’acacia pour ce dernier pays. Enfin, les volumes importés d’Italie qui ne représentent que 2% du total se négocient à un prix élevé, le double de la moyenne : il s’agit de miels mono floraux et souvent issus de l’agriculture biologique.
Auteurs :
Jacques Combes (consultant indépendant), Cécile Ferrus (ITSAP-Institut de l’abeille)
Contact :
cecile.ferrus(a)itsap.asso.fr
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