Échanges de miels entre l’Union européenne et la Chine : le grand déséquilibre

Publié le 28/11/2023

Qualité des produits

L’empire du Milieu mène le jeu

Les importations de miel en provenance de Chine ont largement fluctué sur la dernière décennie. De 2010 à 2015, le tonnage importé par l’UE des 28 avait pratiquement doublé, atteignant 100 000 tonnes en 2015, année de tous les records. Il s’en est suivi 4 années de baisse consécutives avant 2020, année qui voit encore ces importations chuter et la Chine fermer son marché aux importations de miel de l’UE. 2022 marque le retour en force du géant asiatique dans les importations de l’UE, dans un contexte d’augmentation sensible des tonnages importés des pays tiers par celle-ci.

Entre 2016 à 2019, l’Union européenne « boude » le miel chinois, avec environ 82 000 tonnes importées par an. Le Royaume-Uni représente, sur cette période, 40% des importations de miel de Chine en direction de l’UE des 28. En 2020, année post-Brexit, l’UE des 27 enregistre une division par deux des tonnages importés, soit environ 40 000 tonnes. Par ailleurs, cette année marque la fermeture quasi complète de la Chine aux importations de miel de l’UE.

Le rebond des exportations chinoises en 2022 est donc surprenant : le tonnage de miel vendu en Europe y augmente de + 42% pour atteindre 68 400 tonnes, soit un poids relatif de 36%. S’il est plausible que la Chine reste le 1er fournisseur de miel du Royaume-Uni, l’impact de ce flux sur le marché de l’UE des 27 reste limité car en 2022, l’UE n’a importé que 1 500 tonnes de miel en provenance du Royaume-Uni, selon Eurostat.

3 ans de forte croissance des importations de miels de Chine vers l’UE

Les importations de miel de Chine par l’UE des 27 affichent une nette dynamique depuis 2020. Comme le montre la figure 1, dans sa nouvelle configuration à 27 états membres c’est-à-dire sans le Royaume-Uni, de facto le tonnage de miel chinois importé par l’UE baisse de 50%, et ce du simple fait que les importations, en provenance de Chine, du Royaume-Uni ne sont plus prises en compte dans la statistique. La période 2020-2022 se caractérise par une remontée très importante des tonnages importés par l’UE qui passe de 40 000 tonnes en 2020 à plus de 68 400 tonnes en 2022 soit une hausse de 71% en trois campagnes. Les 9 pays européens important plus de 1 000 tonnes chacun représentent 95% du total de ce volume, enregistré en 2022.

Cette année-là, les deux premiers pays qui représentent 52% du tonnage total importé de Chine sont la Belgique, dont les achats ont augmenté en 2022 de + 75% pour atteindre 21 400 tonnes (soit 30% du tonnage total importé par l’UE) et la Pologne, dont les achats ont augmenté de 10% pour se situer à 14 700 tonnes (soit 21,5% du total).

Puis on retrouve 3 pays dont le cumul des tonnages importés talonne les 30% : l’Espagne avec près de 7 700 tonnes (11% du total) qui affiche en 2022 une très forte hausse de + 3 000 tonnes, (+ 64%) ; les Pays-Bas avec 6 450 tonnes de miel importé de Chine qui ont plus que doublé leurs achats (+ 128%) et le Portugal dont le tonnage importé de Chine a dépassé en 2022 le seuil des 5 000 tonnes, soit + 20% par rapport à 2022, ce qui représente 7,4% en poids relatif.

Deux autres pays ont importé en 2022 plus de 3 000 tonnes de miel de Chine : l’Allemagne (- 12%) et l’Irlande dont les achats en Chine ont plus que triplé en 2022. La Roumanie avec 2 600 tonnes (+ 16% par rapport à 2021) vient compléter la liste des 9 pays totalisant 95% des tonnages importés de Chine.

Figure 1 : Structure des importations de miel de Chine par les états membres de l’UE des 28 de 2010 à 2019 et ceux de l’UE des 27 sur la période 2020-2022

Source : Eurostat

Figure 2 : Structure des exportations de miel vers la Chine par les états membres de l’UE des 27. 2016-2022.

Source : sur la base des données d’Eurostat.

2022, les exportations européennes vers la Chine sont en berne

Les exportations de miel européen vers la Chine ne représentent que de 1% à 2% du total exporté par l’UE des 27, qui lui-même est confidentiel au regard des volumes échangés au sein de l’Europe. Mais la fermeture par la Chine de son marché mérite une brève analyse. Car en 2016, la Chine a mis en place, de façon unilatérale et arbitraire, un contrôle aléatoire des importations de miels européens sur son territoire. En janvier 2016, elle a notifié aux ambassades des États membres de l’UE une révision des conditions d’importation concernant le miel.

Ces mesures de blocages aléatoires sont prises au motif de la présence de spores de loque américaine, bactérie inactive qui ne présente strictement aucun danger pour la santé humaine. Selon les opérateurs français, l’Europe est tout simplement victime d’un protectionnisme mal déguisé.

Sur la période 2016-2019, les exportations de miel de l’UE des 28 (c’est-à-dire avec le Royaume-Uni) vers la Chine se sont effondrées de 56% passant de 1 126 tonnes à 491 tonnes. Sur cette période quatre pays dominent : l’Allemagne, le Royaume-Uni, la France et l’Espagne.

Puis en 2020, le marché chinois s’est pratiquement fermé aux importations de l’Union européenne et le tonnage de miel exporté par l’UE des 27 vers la Chine devient confidentiel. Quatre pays restent présents : l’Allemagne (150 tonnes), l’Espagne (47 tonnes), le Danemark (34 tonnes) et la France (35 tonnes).

Après un léger rebond observé en 2021, le tonnage de miel exporté par l’UE vers la Chine en 2022 est redevenu confidentiel (282 tonnes). Quatre pays réalisent l’essentiel de ce flux : l’Allemagne (108 tonnes), l’Espagne (45 tonnes), le Danemark (38 tonnes) et la France (25 tonnes).

Enfin pour 2023, Eurostat ne fournit aucune donnée des volumes exportés par l’UE des 27 vers la Chine : le marché chinois est-il définitivement fermé aux miels de l’UE ?

Auteurs : 

Jacques Combes (consultant indépendant), Cécile Ferrus (ITSAP-Institut de l’abeille)

Contact : 

cecile.ferrus(a)itsap.asso.fr

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