Échanges de miels entre l’Union européenne et la Chine en 2023

Publié le 26/06/2024

Qualité des produits

La Chine maintient sa position de 1er exportateur

Dans l’Union européenne, les importations de miel de Chine ont largement fluctué sur la dernière décennie, connaissant une hausse record entre 2010 et 2015, puis une tendance à la baisse, sensible jusqu’en 2019. L’année post-Brexit, 2020, enregistre une division par deux des tonnages importés par l’Union des 27 . L’autre fait marquant de 2020 est la fermeture quasi complète de la Chine aux importations de miel de l’UE. Enfin, 2023 est placée sous le signe la diminution des achats des 27 en provenance des pays tiers mais aussi de l’Empire du milieu. On vous livre ici une photographie plus détaillée de ces flux.

Après 3 ans d’augmentation (2020-2022), les importations de miel en provenance de Chine baissent de 12% en 2023 ; celles-ci chutent pour atteindre 60 000 tonnes, soit 17% du total des importations de l’UE. Dans le même temps, les importations du Royaume-Uni se sont stabilisées à 37 165 tonnes, soit +1% par rapport à 2022.

Comme le montre la figure 1, dans sa nouvelle configuration à 27 états membres, sans le Royaume-Uni, le tonnage de miel chinois importé par l’UE baisse de facto de 50%, et ce, du simple fait que les importations du Royaume-Uni en provenance de Chine ne sont plus prises en compte dans la statistique.

Figure 1 : Structure des importations de miel de Chine par les états membres de l’UE des 28 de 2010 à 2019 et ceux de l’UE des 27 sur la période 2020-2022

Source : Eurostat

Sur la période 2017-2019, l’UE a importé chaque année environ 80 000 tonnes de miel de Chine. Après l’année 2020 qui voit le tonnage s’effondrer artificiellement de 50%, la croissance reprend pour porter les importations à 68 400 tonnes en 2022 (+70% en 2 ans). En 2023, le volume repart à la baisse (-12%) pour se situer à 60 200 tonnes.

Sur la période 2018-2023, le prix moyen des importations du miel chinois fluctue entre 1,36 €/kg et 1,58 €/kg : en 2023, il atteint seulement 1,39 €/kg.

Trois pays cumulent 70% des tonnages importés de Chine

Le paysage change en 2023, marqué par l’arrivée du Portugal dans le trio de tête des pays importateurs de miel chinois qui, associé à la Belgique et la Pologne, représentent près de 70% des importations et gagnent 10 points sur cet indicateur du cumul (60% en 2022).

La Belgique constitue la principale porte d’entrée du miel chinois au sein de l’UE avec 21 500 tonnes, soit 36% du total en 2023, volume stable par rapport à 2022. Le prix moyen de ce miel est en baisse de 12% par rapport à 2022 et s’établit à 1,54 €/kg. La Pologne conserve son rang de deuxième importateur avec 22% du total : 13 150 tonnes, en recul de 11% par rapport à 2022, sur la base d’un prix moyen de seulement 1,20 €/kg, pratiquement stable par rapport à 2022.

Le Portugal se positionne en 3ème position des pays importateurs de miel chinois (11% du total) : le tonnage frôle les 7 000 tonnes avec une augmentation de +35% par rapport à 2022. Le prix, excessivement bas à seulement 1,11 € par kilo, est stable par rapport à 2022.

Dans ce contexte, l’Espagne apparaît en net retrait avec une chute de ses importations de miel de Chine de 37%, qui passent ainsi sous le seuil des 5 000 tonnes, au prix de 1,27 €/kg (-13% par rapport à 2022). Suivent 2 pays qui importent plus de 3 000 tonnes : les Pays-Bas et l’Irlande selon des dynamiques différentes (-35% pour les Pays-Bas et -1% pour l’Irlande). Les prix d’achat baissent de 20% pour ces deux acteurs.

Si la France et l’Italie sont absents de ce panorama, l’Allemagne y figure au 7ème rang mais présente un tonnage limité de 2 850 tonnes, en baisse de 11% par rapport à 2022, achetées au prix moyen de 1,62 €/kg lui aussi, qui perd également 20%.

Figure 2 : Importations de miel de Chine et du Vietnam par les pays de l’UE des 27 et par le Royaume-Uni. 2021-2023

Source : données Eurostat et Office for National Statistics

Bilan des importations de miels en provenance de Chine et du Vietnam

Ce dernier pays joue un rôle de « cheval de Troie » au sein de l’UE au profit de la Chine. Il semble donc pertinent de présenter les évolutions du cumul des tonnages importés en Europe (UE des 27 et Royaume-Uni) en intégrant le Vietnam. Le tonnage acheté par l’UE en provenance de celui-ci est ainsi passé de 925 tonnes en 2021 à 4 700 tonnes en 2023.

La fermeture du marché chinois aux importations européennes, une tendance confirmée

Sur la période 2016-2019, les exportations de miel de l’UE vers la Chine se sont effondrées de 56%, passant d’un total de 1 126 tonnes en 2016 à seulement 491 tonnes en 2019. Selon les opérateurs français actifs sur ce marché, à compter de 2016, la Chine a renforcé le contrôle aléatoire des miels européens sur son territoire. En janvier de cette année-là, elle a notifié aux ambassades des États membres de l’UE, par le biais de son administration générale de la supervision de la qualité, de l’inspection et de la quarantaine, une révision des conditions d’importation concernant le miel.

Puis en 2020, le marché chinois s’est pratiquement fermé aux importations de l’Union européenne des 27, laissant entrer seulement 341 tonnes en provenance du vieux continent.

Figure 3 : Structure des exportations de miel vers la Chine par les états membres de l’UE des 28 de 2015 à 2019 puis de l’UE des 27 pour les années 2020 à 2023

Source : Eurostat.

Après le léger rebond de 2021, le tonnage de miel exporté par l’UE vers la Chine est devenu confidentiel, de seulement 235 tonnes en 2023.

L’Allemagne pèse 51% du total (120 tonnes) suivie par la Belgique, la Bulgarie, et l’Espagne, pour des tonnages confidentiels de 20 à 30 tonnes. Pour mémoire, la France n’a exporté en 2023 que 11 tonnes de miel vers la Chine (135 tonnes en 2021 puis 25 tonnes en 2022).

Auteurs : 

Jacques Combes (consultant indépendant), Cécile Ferrus (ITSAP-Institut de l’abeille)

Contact : 

cecile.ferrus(a)itsap.asso.fr

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