Varroas sur langes : calcul simplifié

Publié le 25/09/2023

Maladies, prédateurs

Retour d’expériences d’utilisateurs

Le dénombrement des varroas sur langes est une activité chronophage. Le scanner BeeVS a été utilisé par l’ADA BFC et l’AOP Miel de Corse lors de leurs suivis de médicaments contre Varroa. Après un temps d’organisation et de prise en main, l’outil a donné pleine satisfaction, facilitant grandement l’acquisition des données. L’occasion de soulever quelques questions sur les résultats obtenus. Voici leurs retours d’expérience(1).

Les premiers retours soulignent que l’outil facilite indéniablement les opérations de comptage. En Corse, Caroline Marinthe, en charge des suivis d’efficacité à la station apicole, témoigne de son expérience d’utilisatrice : le scanner BeeVS a été employé pour réaliser les suivis des tests d’efficacité des médicaments. Les comptages de varroas sur lange doivent être réalisés chaque semaine pendant 13 semaines sur 48 colonies, une activité chronophage et fatigante pour les yeux .

L’utilisation du scanner BeeVs est d’abord un soulagement pour la réalisation des observations . Comme préconisé par Apisfero, l’association qui a développé et met à disposition l’outil, les langes sont remplacés deux fois par semaine pour y limiter la présence de débris. Du coup ce ne sont pas 624 langes qui sont comptés mais près de 1250 scans réalisés.

Stocker pour optimiser l’atelier « scanner »

Bien que les ruches soient à proximité directe des locaux où le scanner a été installé, le choix s’est porté sur une organisation permettant d’espacer les moments dédiés aux scans en stockant les langes relevés tous les 3 à 4 jours. Ainsi conservés en l’état dans des raques et placés une chambre froide dotée d’un déshumidificateur avant d’être scannés, il n’y a pas eu de développement de moisissures sur les langes.

Mais les coûts en électricité induits par cette méthode restent élevés et ne doivent être engagés qui si le délai entre le retrait des langes et leur scan se justifie.

Complément d’information d’Apisfero

D’après Andrea Vareiso, membre de l’association, le stockage des langes est une pratique répandue pour surveiller l’infestation sur un territoire, en s’appuyant sur l’utilisation d’un scanner mutualisé. Ainsi, dans le cadre du plan de surveillance de l’infestation des colonies en Autriche, le BeeVS permet le suivi d’infestation sur des ruchers sentinelles : le compromis consiste à ce que l’apiculteur change les langes qui sontenlevés par un bénévole lors de tournées sur des ruchers dans un rayon de 20 km autour d’un BeeVS . En cas de nombreux langes à traiter, il est possible d’employer deux scanners en parallèle : le changement de lange sur un BeeVS est fait au moment où est réalisé le scanner sur le second dispositif, ce qui permet d’optimiser le temps dédié à ce travail d’imagerie.

En même temps que la mise à disposition des scanners, Apisfero propose l’acquisition de langes auto-collants, sous forme de feuilles souples à déposer dans le tiroir d’un plancher grillagé ou sur un lange rigide après avoir retiré le contre-collant ou transfert.

Si leur manipulation peut s’avérer délicate en cas de vent ou de pluie (l’eau fragilisant les langes autocollants), ils sont facilement stockés en réajustant le transfert pour les empiler ou peuvent être conservés dans des raques.

Traçabilité : du retrait du lange jusqu’au scanner

Afin d’identifier les langes au cours de leur stockage, une étiquette portant le numéro de la ruche est placée au moment de son retrait sur chaque feuille collante, de façon que le numéro apparaisse ensuite sur la face visible de l’image prise par le scanner. En changeant la couleur de l’étiquette chaque semaine, il est possible de s’assurer du bon renouvellement et de la durée de mise en place du lange à chaque retrait.

Au moment de scanner le lange, l’attribution du numéro de ruche peut être fait dans l’interface du BeeVS au moyen d’un QR code à imprimer ou par choix dans une liste déroulante. « La seconde option nous est parue plus rapide avec un nombre important d’identifiants de colonies ; De plus les fonds de couleur des QR code consomment de l’encre sans utilité manifeste » précise Caroline Marinthe.

Des images et données perfectibles

_ L’utilisation du scanner nécessite un petit délai de prise en main pour créer sa routine d’utilisation mais, une fois rodé, son emploi se révèle très simple_, témoigne encore l’intéressée. Cependant, en plaçant les feuilles collantes fournies dans les tiroirs des planchers et en comparant les images des scanners, il s’avère que les feuilles ne sont pas entièrement scannées par le BeeVS. En effet, une petite partie du tiroir et du scan (où se trouvent parfois des varroas) n’est pas prise en compte dans l’analyse d’images. Enfin pour les faibles densités (moins de 50 varroas sur le lange) l’outil d’imagerie donne un résultat différent des recomptages réalisés à l’œil. Dans ces cas, il convient de dénombrer soi-même les varroas sur langes. Ces éléments, constatés également par l’ITSAP-Institut de l’abeille dans ses essais, ont été remontés aux développeurs et certains sont déjà pris en compte, en particulier la reconstitution de l’image du lange et l’omission de certaines parties du lange par le scanner.

Pour la chargée des suivis d’efficacité à la station apicole Caroline Marinthe, les données sont facilement accessibles sur le site, mais leur mise en forme se limite à une évolution des chutes au cours du temps, individualisée pour chacune des ruches. Comparer l’évolution des chutes sur un même graphe pour l’ensemble d’un rucher ou regrouper des ruches, par exemple selon une modalité de traitement, nécessite d’exporter et mettre en forme les données soi-même.

Des retours d’expérience et des fonctionnalités pratiques qui ont été communiquées aux développeurs du BeeVS en fonction des besoins exprimés. Les scannersBeeVS continuent à être employés et éprouvés en pratique lors des expérimentations Varroa de l’ITSAP-Institut de l’abeille, de l’ADA Bourgogne Franche-Comté et de l’AOP Miel de Corse.

Pour l’ADA Bourgogne Franche Comté, le témoignage de Jean-Baptiste Malraux

194 453, c’est le nombre de varroas que le scanner aura identifié dans le cadre de l'évaluation du dispositif en Bourgogne-Franche-Comté. Son emploi a été expérimenté pour suivre la cinétique des chutes de 4 modalités de traitement sur 4 lots de 10 colonies. Au regard du temps passé, la méthode visuelle du comptage, qu’elle soit intégrale ou avec VarEval, n'aurait pas permis de réaliser ce travail qui demande un engagement en temps conséquent et peu flexible. Si le dispositif comporte des contraintes en lien avec le stockage des langes (photo 1), le traitement de ces derniers est rapide et simple. Etant donné l'éloignement des ruchers et le souhait d'optimiser les déplacements, l'apiculteur disposait d'une autonomie de 2 semaines en langes. C'est donc 40 langes qui étaient traitées tous les 15 jours dans un espace dédié (photo 2). Il nous faudra revoir la modalité de stockage des langes pour une plus grande facilité et rapidité de manipulation. Pour autant, BeeVS constitue un outil qui offre un fort potentiel pour l'observation des dynamiques de chutes dans le cadre de suivis d’efficacité ou d'expérimentations de moyens de lutte contre varroa.

Note

(1) La comparaison des résultats issus du scanner à langes BeeVS avec l’emploi de la grille Vareval et avec l’observation exhaustive d’un lange a été présenté dans la précédente Newsletter.

Auteur : 

Julien Vallon

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