Marché français du miel en 2023 : l’heure du bilan
Publié le 17/12/2024
Qualité des produits
L’apiculture française résiste mais la valorisation du miel national est fragilisée.
Alors que les évolutions des deux sources d’approvisionnement du marché français que sont la production nationale et les importations se traduisent par un disponible apparent stable par rapport à 2022, c’est du côté de la demande qu’il faut souligner quelques faits marquants en 2023. L’article précédent a présenté en détail les évolutions des débouchés pour chacun des circuits de vente de miel, notamment pour les deux principaux, la grande distribution et les ventes directes des apiculteurs. La crise de la consommation, liée notamment à une inflation galopante des prix dans le secteur alimentaire se traduit par une baisse de consommation dans les principaux circuits.
La figure 1 présente une synthèse complète des flux en fonction de l’origine des miels, issus de la récolte française ou d’importations. Si l’on s’intéresse aux débouchés principaux, la grande distribution reste de loin le 1er circuit de ventes de miel pour l’année 2023, avec plus de 20 500 tonnes de miel écoulées, tous formats confondus. Elle est approvisionnée par le réseau des conditionneurs français mais aussi belges et espagnols.
Viennent ensuite les ventes directes avec 11 500 tonnes, dont l’importance caractérise la filière apicole par rapport aux filières agricoles. Elles sont toutefois en baisse en 2023, ce recul peut être imputé à la crise de la consommation mais aussi sans doute pour certains territoires à une saturation de ce segment de marché. La restauration, l’industrie agro-alimentaire, les cosmétiques et autres secteurs représentent en cumul un tonnage estimé à 11 300 tonnes. Enfin, les exportations avec moins de 4 500 tonnes sont en recul par rapport à 2022.
La figure 1 présente une synthèse complète des flux en fonction de l’origine des miels, issus de la récolte française ou d’importations. Si l’on s’intéresse aux débouchés principaux, la grande distribution reste de loin le 1er circuit de ventes de miel pour l’année 2023, avec plus de 20 500 tonnes de miel écoulées, tous formats confondus. Elle est approvisionnée par le réseau des conditionneurs français mais aussi belges et espagnols.
Viennent ensuite les ventes directes avec 11 500 tonnes, dont l’importance caractérise la filière apicole par rapport aux filières agricoles. Elles sont toutefois en baisse en 2023, ce recul peut être imputé à la crise de la consommation mais aussi sans doute pour certains territoires à une saturation de ce segment de marché. La restauration, l’industrie agro-alimentaire, les cosmétiques et autres secteurs représentent en cumul un tonnage estimé à 11 300 tonnes. Enfin, les exportations avec moins de 4 500 tonnes sont en recul par rapport à 2022.
Les deux autres débouchés, à savoir les ventes en magasins spécialisés et les « autres ventes », représentent respectivement 6 330 tonnes et 1 130 tonnes. Le débouché « autres » regroupe en fait tous les points de ventes qui ne sont pas dans les catégories mentionnées dans la figure 1 : il s’agit, de manière non exhaustive, des restaurants indépendants, des commerces de bouche comme les boulangeries ou des épiceries, tous les rayons de produits du terroir présents dans de nombreux points de vente comme les jardineries, les stations-services, tous les lieux fréquentés par les touristes, ou encore les points de vente de matériel apicole, etc.
Les deux autres débouchés, à savoir les ventes en magasins spécialisés et les « autres ventes », représentent respectivement 6 330 tonnes et 1 130 tonnes. Le débouché « autres » regroupe en fait tous les points de ventes qui ne sont pas dans les catégories mentionnées dans la figure 1 : il s’agit, de manière non exhaustive, des restaurants indépendants, des commerces de bouche comme les boulangeries ou des épiceries, tous les rayons de produits du terroir présents dans de nombreux points de vente comme les jardineries, les stations-services, tous les lieux fréquentés par les touristes, ou encore les points de vente de matériel apicole, etc.

Figure 1. Principaux flux en fonction de l’origine du miel et poids relatif des différents débouchés en 2023.

Sur la base des articles précédents, voici les enseignements clés de l’année 2023 :
•Après la hausse enregistrée en 2022 ayant permis de gommer le recul de 2021 (-12 000 tonnes par rapport à 2020) et de porter la récolte à 31 400 tonnes, celle de 2023 atteint 29 857 tonnes, en légère baisse par rapport à 2022 (-4,9%) mais elle s’inscrit dans la moyenne des bonnes années. Ainsi, malgré le changement climatique et la pression exercée par la présence de varroa et du frelon asiatique, l’apiculture française témoigne d’une forte résilience.
•Après la hausse enregistrée en 2022 ayant permis de gommer le recul de 2021 (-12 000 tonnes par rapport à 2020) et de porter la récolte à 31 400 tonnes, celle de 2023 atteint 29 857 tonnes, en légère baisse par rapport à 2022 (-4,9%) mais elle s’inscrit dans la moyenne des bonnes années. Ainsi, malgré le changement climatique et la pression exercée par la présence de varroa et du frelon asiatique, l’apiculture française témoigne d’une forte résilience.
•Toujours selon l’Observatoire de FranceAgriMer, les stocks de miel, chez les apiculteurs, en fin d’année 2023 poursuivent leur augmentation pour dépasser le précédent record datant de 2020 : ils se situent à 15 900 tonnes, en augmentation de + 2 300 tonnes par rapport à fin 2022, soit l’équivalent de 53% du tonnage récolté en 2023. Ce niveau souligne les difficultés de commercialisation que rencontrent les apiculteurs et confirme que la demande en miels français serait sensiblement inférieure à l’offre. La variation de stocks chez les conditionneurs reste inconnue.
•Toujours selon l’Observatoire de FranceAgriMer, les stocks de miel, chez les apiculteurs, en fin d’année 2023 poursuivent leur augmentation pour dépasser le précédent record datant de 2020 : ils se situent à 15 900 tonnes, en augmentation de + 2 300 tonnes par rapport à fin 2022, soit l’équivalent de 53% du tonnage récolté en 2023. Ce niveau souligne les difficultés de commercialisation que rencontrent les apiculteurs et confirme que la demande en miels français serait sensiblement inférieure à l’offre. La variation de stocks chez les conditionneurs reste inconnue.
•Le tonnage commercialisé représente 80% de la récolte du fait du poids relatif des volumes non vendus (12,6%) et de l’augmentation des stocks (7,7%) soit 23 795 tonnes, en légère baisse par rapport à 2022 (-5,5%). Sur les deux dernières années, l’apiculture française a mis sur le marché domestique environ 24 000 tonnes de miel.
•Le tonnage commercialisé représente 80% de la récolte du fait du poids relatif des volumes non vendus (12,6%) et de l’augmentation des stocks (7,7%) soit 23 795 tonnes, en légère baisse par rapport à 2022 (-5,5%). Sur les deux dernières années, l’apiculture française a mis sur le marché domestique environ 24 000 tonnes de miel.
•Après le niveau record enregistré en 2020 et deux années de baisse consécutives, la production de miels sous référentiel de types AOP/LR/IGP affiche un net redressement : 1 505 tonnes, en hausse de 24% par rapport à 2022, ce qui représente 5% de la production nationale. Près de 1 400 apiculteurs adhèrent à l’un des 7 SIQO (hors AB).
•Après le niveau record enregistré en 2020 et deux années de baisse consécutives, la production de miels sous référentiel de types AOP/LR/IGP affiche un net redressement : 1 505 tonnes, en hausse de 24% par rapport à 2022, ce qui représente 5% de la production nationale. Près de 1 400 apiculteurs adhèrent à l’un des 7 SIQO (hors AB).
•La production dans les régions Nord, Centre et Est baisse de 6% entre 2023 et 2022, soit un peu plus que le niveau national : le recul est marginal (36% contre 36,2% en 2022) et cette zone continue de fournir plus du tiers de la récolte française. La production de miel dans les régions du sud a plutôt bien résisté en 2023 à l’exception de l’Auvergne Rhône-Alpes. Celle-ci représente toujours la majorité de la production avec un poids relatif de 52%.
•La production dans les régions Nord, Centre et Est baisse de 6% entre 2023 et 2022, soit un peu plus que le niveau national : le recul est marginal (36% contre 36,2% en 2022) et cette zone continue de fournir plus du tiers de la récolte française. La production de miel dans les régions du sud a plutôt bien résisté en 2023 à l’exception de l’Auvergne Rhône-Alpes. Celle-ci représente toujours la majorité de la production avec un poids relatif de 52%.
•Les volumes échangés sont en recul avec une baisse concomitante des importations (31 260 tonnes, soit -12%) et des exportations (4 477 tonnes, soit -14%). Du coup, la balance commerciale s’améliore, avec un déficit en valeur qui recule de 20 millions € pour se limiter à 79 millions et 26 800 tonnes en volume. Le prix moyen des importations est en baisse de 10%, à 3,43 €/kg, ce qui détériore encore la compétitivité du miel français au sein du marché national.
•Les volumes échangés sont en recul avec une baisse concomitante des importations (31 260 tonnes, soit -12%) et des exportations (4 477 tonnes, soit -14%). Du coup, la balance commerciale s’améliore, avec un déficit en valeur qui recule de 20 millions € pour se limiter à 79 millions et 26 800 tonnes en volume. Le prix moyen des importations est en baisse de 10%, à 3,43 €/kg, ce qui détériore encore la compétitivité du miel français au sein du marché national.
•Alors que pour la période 2017-2021, le poids moyen des importations des miels des pays tiers se limitait à 26%, cet indicateur explose pour les années 2022 et 2023 avec respectivement 49,5% puis 46,6% du tonnage total importé par la France provenant des pays tiers. Cinq pays représentent 65% des tonnages importés : l’Espagne, la Belgique, et l’Allemagne, pour l’Union européenne, avec l’Ukraine et la Chine. Pour atteindre 76% en cumul, il faut ajouter la Hongrie et l’Argentine. En 2023, l’Ukraine reprend sa place de 1er fournisseur de la France car le tonnage de miel chinois s’effondre, affichant seulement 2 495 tonnes en 2023, soit – 64%!.
•Alors que pour la période 2017-2021, le poids moyen des importations des miels des pays tiers se limitait à 26%, cet indicateur explose pour les années 2022 et 2023 avec respectivement 49,5% puis 46,6% du tonnage total importé par la France provenant des pays tiers. Cinq pays représentent 65% des tonnages importés : l’Espagne, la Belgique, et l’Allemagne, pour l’Union européenne, avec l’Ukraine et la Chine. Pour atteindre 76% en cumul, il faut ajouter la Hongrie et l’Argentine. En 2023, l’Ukraine reprend sa place de 1er fournisseur de la France car le tonnage de miel chinois s’effondre, affichant seulement 2 495 tonnes en 2023, soit – 64%!.
•L’année 2023 affiche une certaine correction par rapport à une offre sans doute excessive sur le marché français, héritée de 2022. Sous l’effet conjoint d’une récolte en recul de 5% et d’une baisse plus sensible des importations (-17%), le disponible apparent de 2023 est de l’ordre de 55 055 tonnes, soit un recul de 4 900 tonnes (-8%), par rapport à 2022.
•L’année 2023 affiche une certaine correction par rapport à une offre sans doute excessive sur le marché français, héritée de 2022. Sous l’effet conjoint d’une récolte en recul de 5% et d’une baisse plus sensible des importations (-17%), le disponible apparent de 2023 est de l’ordre de 55 055 tonnes, soit un recul de 4 900 tonnes (-8%), par rapport à 2022.
•Estimée par la méthode des bilans, la consommation de miel en 2023 serait de 50 578 tonnes, soit +1,7% par rapport à 2022. Ce résultat semble en contradiction avec les informations disponibles sur l’évolution des achats des ménages en 2023 qui représentent 72% des débouchés, à savoir des baisses des tonnages vendus en GMS et en ventes directes. L’hypothèse sous-jacente à ce résultat est une variation de stocks 2023 versus 2022 nulle chez les conditionneurs, cette valeur restant inconnue. Dans le cas contraire, cette variation vient impacter directement le tonnage consommé, à la hausse ou à la baisse.
•Estimée par la méthode des bilans, la consommation de miel en 2023 serait de 50 578 tonnes, soit +1,7% par rapport à 2022. Ce résultat semble en contradiction avec les informations disponibles sur l’évolution des achats des ménages en 2023 qui représentent 72% des débouchés, à savoir des baisses des tonnages vendus en GMS et en ventes directes. L’hypothèse sous-jacente à ce résultat est une variation de stocks 2023 versus 2022 nulle chez les conditionneurs, cette valeur restant inconnue. Dans le cas contraire, cette variation vient impacter directement le tonnage consommé, à la hausse ou à la baisse.
•Selon NielsenIQ, le « miel ne profite pas de l’inflation et souffre d’une baisse de visibilité ». Le scénario est le même pour tous les formats à l’exception des EDMP : les achats de miel baissent de 5,5% à quasiment 8% en SM en volume, les miels français n’échappant pas à cette tendance.
•Selon NielsenIQ, le « miel ne profite pas de l’inflation et souffre d’une baisse de visibilité ». Le scénario est le même pour tous les formats à l’exception des EDMP : les achats de miel baissent de 5,5% à quasiment 8% en SM en volume, les miels français n’échappant pas à cette tendance.
•Les EDMP, avec un positionnement prix de près de 30% inférieur à la moyenne tirent leur épingle du jeu, connaissant une progression de +6% en volume et de +7% en valeur avec un prix moyen de vente quasi stable (+1,4%) contre des prix moyens en hausse de +7,4% pour les formats HM et SM. Les prix alimentaires ont véritablement explosé sur les années 2022 -2023 avec une hausse de 21,6%, la famille « confitures, compotes & miels » affichant des prix en augmentation de +22%
•Les EDMP, avec un positionnement prix de près de 30% inférieur à la moyenne tirent leur épingle du jeu, connaissant une progression de +6% en volume et de +7% en valeur avec un prix moyen de vente quasi stable (+1,4%) contre des prix moyens en hausse de +7,4% pour les formats HM et SM. Les prix alimentaires ont véritablement explosé sur les années 2022 -2023 avec une hausse de 21,6%, la famille « confitures, compotes & miels » affichant des prix en augmentation de +22% - Malgré la résistance de la filière apicole française qui réussit à approvisionner le marché à hauteur de 24 000 tonnes, la compétitivité relative des miels français reste un handicap pour améliorer leur part de marché face à des importations certes plus limitées en 2023 mais à des prix qui baissent année après année. Le niveau de prix au détail demeure le facteur clé dans la décision d’achats des ménages, achats qui déclinent depuis 3 ans, à compter du pic de consommation observé l’année du COVID, en 2020.
•Malgré la résistance de la filière apicole française qui réussit à approvisionner le marché à hauteur de 24 000 tonnes, la compétitivité relative des miels français reste un handicap pour améliorer leur part de marché face à des importations certes plus limitées en 2023 mais à des prix qui baissent année après année. Le niveau de prix au détail demeure le facteur clé dans la décision d’achats des ménages, achats qui déclinent depuis 3 ans, à compter du pic de consommation observé l’année du COVID, en 2020.
•A partir de 2022, une évolution divergente des prix moyens des miels importés et des prix au détail (tous circuits et GMS) : l’effet « ciseaux ».
Ce phénomène est illustré par la figure 2 qui éclaire un certain nombre de données :
• L’indice des prix du total des importations françaises (source Douanes) passe par un maximum en 2022 puis perd 22 points entre 2022 et 2024 ;
• L’indice des prix des importations françaises en direct des pays tiers (source Eurostat) passe lui aussi par un maximum en 2022 puis perd 48 points entre 2022 et 2024 ;
• A l’inverse, l’indice des prix de la famille « confitures, compotes et miel » de l’INSEE augmente de 16 points entre 2022 et 2023 ;
• Le prix moyen des achats du miel en GMS est passé de 11,00 € en 2022 à 11,71 € en 2023 soit +6,4% (source NielsenIQ).
Ce phénomène est illustré par la figure 2 qui éclaire un certain nombre de données :
• L’indice des prix du total des importations françaises (source Douanes) passe par un maximum en 2022 puis perd 22 points entre 2022 et 2024 ;
• L’indice des prix des importations françaises en direct des pays tiers (source Eurostat) passe lui aussi par un maximum en 2022 puis perd 48 points entre 2022 et 2024 ;
• A l’inverse, l’indice des prix de la famille « confitures, compotes et miel » de l’INSEE augmente de 16 points entre 2022 et 2023 ;
• Le prix moyen des achats du miel en GMS est passé de 11,00 € en 2022 à 11,71 € en 2023 soit +6,4% (source NielsenIQ).
Ce constat amène à préconiser deux pistes de travail :
• Avancer dans la définition d’un prix à la production, c’est-à-dire le prix de vente des miels côté apiculteurs ; une des difficultés est la définition du panier de miels pris en compte pour refléter la diversité des miellées (diapos 13 & 14);
• Envisager de mettre en place une analyse de la valeur pour le miel comme le fait FranceAgriMer pour les viandes et les produits laitiers au travers de l’Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires (OFPM).
• A partir de 2022, une évolution divergente des prix moyens des miels importés et des prix au détail (tous circuits et GMS) : l'effet « ciseaux ».
Ce constat amène à préconiser deux pistes de travail :
• Avancer dans la définition d’un prix à la production, c’est-à-dire le prix de vente des miels côté apiculteurs ; une des difficultés est la définition du panier de miels pris en compte pour refléter la diversité des miellées (diapos 13 & 14);
• Envisager de mettre en place une analyse de la valeur pour le miel comme le fait FranceAgriMer pour les viandes et les produits laitiers au travers de l’Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires (OFPM).
• A partir de 2022, une évolution divergente des prix moyens des miels importés et des prix au détail (tous circuits et GMS) : l'effet « ciseaux ».

Figure 2. Evolution des prix à l’importation et au détail, 2019 – 2024.
Source : exploitation des données de l’INSEE, d’Eurostat et de celles du panel NielsenIQ élaborées par FranceAgriMer
Pour en savoir plus :
Auteurs :
Jacques Combes (consultant indépendant), Cécile Ferrus (ITSAP-Institut de l’abeille)
Contact :
cecile.ferrus(a)itsap.asso.fr
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