La parole à nos stagiaires de 2024

Publié le 05/03/2025

Pollinisation

Retours d’expérience de Théa, Baptiste, Gwénolé, Stacy, Rose et Paul

Comment votre sujet de stage s’inscrit-il dans votre cursus et que vous a-t-il apporté dans votre formation universitaire et pour votre futur parcours professionnel ?

L’entrée en Master donne une dimension professionnalisante à nos parcours universitaires, notamment par l’approfondissement des connaissances et la réalisation de stages de fin d’année. Ces expériences nous permettent de découvrir des domaines nouveaux et de renforcer des compétences en lien direct avec nos projets professionnels. Pour ma part, bien que familière de l’étude du comportement animal, je n’avais jamais eu l’occasion de l’appliquer à l’abeille domestique dans le domaine de l’écotoxicologie.

Lors de mon stage au sein de l’ITSAP-Institut de l’abeille, j’ai eu l’opportunité d’étudier l’impact de faibles doses de pesticides utilisées en agriculture sur le comportement des butineuses. Cette expérience a été une véritable mine d’informations dans ce domaine spécifique. Elle a non seulement renforcé mon intérêt pour la recherche en apiculture et m’a également permis de travailler au sein d’une équipe engagée, partageant des connaissances précieuses sur la protection des abeilles et des colonies. Ce stage a confirmé mon envie d’orienter ma carrière vers l’étude du comportement pour la conservation des espèces.

Quel objectif poursuiviez-vous et quels sont les résultats de vos travaux ? Comment pensez-vous que cela aidera les apiculteurs sur leur exploitation ?

Mon travail s'est concentré sur le développement d’un protocole pour étudier les effets des faibles doses de pesticides sur le comportement de retour à la ruche des butineuses exposées par contact. En 2021, la méthode a été validée officiellement pour en évaluer les effets, quand elles sont ingérées par voie orale, en « mimant » une consommation de nectar et de pollen contaminé. Mais les abeilles sont aussi directement exposées par contact lors d’une pulvérisation de pesticides au champ.

L’objectif était donc de définir une méthode pour cette voie d’exposition, en particulier pour les fongicides définis a priori comme présentant une faible toxicité à court terme sur les abeilles mais dont les effets sur le terrain restent à mieux caractériser. Le travail s’est concentré sur le développement d’une méthode d’exposition des abeilles et les premiers tests ont permis d’obtenir des résultats prometteurs. Cette nouvelle approche permettrait de mieux comprendre les risques liés aux pratiques agricoles et de protéger plus efficacement les colonies en ajustant, par exemple, les périodes de traitement ou en favorisant des pratiques plus favorables aux abeilles.

Autrice : 

Théa Missud – Étudiante en Master 1 Biodiversité, Écologie, Évolution, parcours Génie écologique à Poitiers

Photographies : 

Théa Missud

Comment votre sujet de stage s’inscrit-il dans votre cursus et que vous a-t-il apporté dans votre formation universitaire et pour votre futur parcours professionnel ?

Ce stage de fin de Master 1 et de début de césure m’a permis de m’immerger dans le monde de la recherche et d’en apprendre les codes.

Depuis le début de celui-ci, j'ai pu acquérir des connaissances générales théoriques sur le frelon asiatique à pattes jaunes et apprendre la méthodologie scientifique Ce stage m’a également permis de me découvrir un intérêt grandissant pour l’étude des espèces exotiques envahissantes.

Quel objectif poursuiviez-vous et quels sont les résultats de vos travaux ? Comment pensez-vous que cela aidera les apiculteurs sur leur exploitation ?

Compte tenu de son impact croissant sur l’apiculture, le frelon asiatique à pattes jaunes représente un sujet de recherche important. Dans ce cadre, l’ITSAP-Institut de l’abeille et l’INRAe travaillent en partenariat pour améliorer la détection des nids de frelons par radiotélémétrie. Ceci passe par la mise au point d’une méthode de ce type embarquée sur un drone. Au cours de mon stage, j’ai pu tester et comparer les performances techniques et physiques de différentes balises radio miniaturisées (la distance et la durée d’émission de leur signal, leur poids).

Afin d’optimiser la capacité de vol des frelons équipés de balises, j’ai également comparé différentes méthodes d’anesthésie des frelons et de fixation de la balise. Ces premiers travaux ont permis de sélectionner celle qui présente les meilleurs critères de performance, incluant une bonne capacité de vol des frelons équipés. Ceci offre la possibilité d’un marquage des frelons tôt en saison, c’est-à-dire dès l’apparition des premières ouvrières frelons, généralement d’un poids réduit comparativement à celles qui arrivent plus tard dans la saison. Les premiers essais sur le terrain ont débuté mi-septembre et se sont poursuivis jusqu’à la fin de mon stage fin novembre.

Auteur : 

Baptiste Aurousseau - Etudiant en Master 1 Horticulture, à Angers

Photographie  : 

Baptiste Aurousseau

Comment votre sujet de stage s’inscrit-il dans votre cursus et que vous a-t-il apporté dans votre formation universitaire et pour votre futur parcours professionnel ?

D’un point de vue universitaire, ce stage transdisciplinaire m’a permis de découvrir ou d'approfondir plusieurs domaines comme les statistiques, l’écologie générale, l’identification d’espèces et la communication ou vulgarisation scientifique. Ces compétences et connaissances acquises me sont particulièrement utiles dans mon master en écophysiologie, écologie et éthologie.

Enfin, professionnellement parlant, ce stage m’a permis de découvrir le monde de la recherche appliquée d’une utilité très perceptible et son lien important avec le monde apicole. De plus, cela m’a permis d’observer les compétences organisationnelles, collaboratives et humaines nécessaires pour rejoindre l’univers de la recherche. Cela me plairait de travailler dans une structure similaire !

Quel objectif poursuiviez-vous et quels sont les résultats de vos travaux ? Comment pensez-vous que cela aidera les apiculteurs sur leur exploitation ?

Notre objectif était d’évaluer les performances, en termes d’attractivité et de sélectivité, de dispositifs de piégeage des fondatrices des colonies de frelons asiatiques au printemps. Ce stage s’insérait dans une étude initiée en 2022, qui amène l’ITSAP-Institut de l’abeille à tester différents pièges et appâts. Les dispositifs de piégeage mis à l’épreuve en 2024 incluaient les pièges recommandés par le Plan National de Lutte contre le Frelon Asiatique (PNFA).

Les résultats de cette étude ont permis d’acquérir des références sur les dispositifs de piégeage pour en recommander ou non l’usage auprès des acteurs en charge de la lutte et des apiculteurs. Parmi les pièges testés en 2024, celui qui présente les meilleurs résultats est le piège « Beevital sans réducteur d’entrée ». Comparativement aux autres pièges, il présente un niveau de sélectivité plus élevé (25% de frelons asiatiques sur un total de 2 771 insectes capturés de mars à mai). Malgré des performances supérieures, il reste néanmoins impactant pour la biodiversité. Des propositions d’améliorations de ces dispositifs sont aussi soumises pour possiblement accroître l’attractivité et la sélectivité des pièges afin de limiter leur impact sur la faune, majoritairement l’entomofaune.

Auteur : 

Gwenolé GUIHARD – Étudiant en troisième année de BUT Génie Biologique en Sciences de l’environnement, à La Roche-sur-Yon.

Photographie : 

Gwenolé GUIHARD

Comment votre sujet de stage s’inscrit-il dans votre cursus et que vous a-t-il apporté dans votre formation universitaire et pour votre futur parcours professionnel ?

Ce stage a été une étape clé dans mon parcours, marquant l'aboutissement de deux années de master en biologie, avec un focus sur des questions environnementales qui me passionnent. Il m'a ouvert une porte vers un nouveau chapitre « académique » avec un contrat de six mois dans le domaine de la recherche.

Ce stage m'a confirmé que la recherche est la voie dans laquelle je souhaite m'engager. Non seulement j'ai acquis des compétences précieuses mais j'ai aussi ressenti une véritable satisfaction en contribuant à une problématique cruciale pour l'avenir. Cette expérience a renforcé mon désir de poursuivre en thèse, en particulier en entomologie, pour continuer à explorer ces enjeux environnementaux qui me tiennent à cœur.

Quel objectif poursuiviez-vous et quels sont les résultats de vos travaux ? Comment pensez-vous que cela aidera les apiculteurs sur leur exploitation ?

Pendant ces six mois, j'ai eu la chance d'étudier l'impact des couverts fleuris sur le succès reproducteur des osmies, en tenant compte des effets des pesticides utilisés dans des vergers de pommiers sur l’exposition des insectes pollinisateurs. Ce sujet m'a semblé particulièrement pertinent dans un contexte où la pression sur la production agricole augmente, tandis que les insectes pollinisateurs sont de plus en plus menacés.

Même si les résultats concernant les osmies n'ont pas montré d'effet marquant provenant des couverts fleuris, l’exposition aux pesticides apparait élevée. Cette expérience a ouvert des pistes importantes pour la protection des pollinisateurs. Outre les osmies, je suis convaincue qu'il reste encore beaucoup d’explorations à conduire sur tous les pollinisateurs, et les autres insectes auxiliaires et ravageurs également. Cela me motive énormément.

Autrice : 

Stacy Reis-Pinto – étudiante en MASTER 2 de Biologie Intégrative et Changement Globaux, faculté de biologie à Orléans

Photographies : 

Stacy Reis-Pinto

Comment votre sujet de stage s’inscrit-il dans votre cursus et que vous a-t-il apporté dans votre formation universitaire et pour votre futur parcours professionnel ?

Ces mois passés au sein de l’équipe de l’ITSAP-Institut de l’abeille m'ont permis de mieux comprendre le rôle crucial que jouent les pollinisateurs dans la production fruitière. Cela m’a également ouvert les yeux sur les défis auxquels sont confrontés les arboriculteurs pour concilier rendement et protection des pollinisateurs.

Grâce à ce stage, j’ai approfondi mes connaissances sur l’écologie des pollinisateurs, mais aussi sur les pratiques de gestions possibles et utiles à mettre en place pour le développement d’une agriculture durable et respectueuse de la biodiversité.

Quel objectif poursuiviez-vous et quels sont les résultats de vos travaux ? Comment pensez-vous que cela aidera les apiculteurs sur leur exploitation ?

Mon étude visait à évaluer l'impact des couverts fleuris sur la nouaison des pommiers, en analysant à la fois les communautés de pollinisateurs et le succès de la pollinisation. Les résultats obtenus montrent que la proximité des couverts fleuris améliore significativement le taux de nouaison des pommiers situés à moins de 100 mètres, où les pollinisateurs attirés par les fleurs du couvert débordent sur les fleurs des pommiers adjacents. Au-delà de cette distance, l’effet se dissipe.

Ce constat peut être intéressant pour les apiculteurs et agriculteurs. Il souligne en effet l’importance d’une gestion réfléchie de l’emplacement et de la composition en espèces des couverts fleuris pour maximiser les bénéfices sur le service de pollinisation, et plus largement sur la biodiversité.

Attraction : Attractivité du couvert

Spillover : Débordement des abeilles du couvert vers le verger

Enhanced pollination : Amélioration de la pollinisation des pommiers

Autrice : 

Rose Leilde – Etudiante en Master 2 Biodiversité Ecologie et Evolution à l’université de Bordeaux

Photographies : 

Rose Leilde

Comment votre sujet de stage s’inscrit-il dans votre cursus et que vous a-t-il apporté dans votre formation universitaire et pour votre futur parcours professionnel ?

Ce stage encadré conjointement par l’INRAE et l’ITSAP-Institut de l’abeille m’a permis de mettre en pratique les connaissances acquises en écotoxicologie durant mon cursus.

En me permettant d’appréhender des problématiques de l’apiculture autour des effets des pratiques phytosanitaires sur les abeilles, il a renforcé mon intérêt pour la protection des pollinisateurs et des autres auxiliaires dans les agrosystèmes, vers laquelle je souhaiterais m’orienter professionnellement.

Quel objectif poursuiviez-vous et quels sont les résultats de vos travaux ? Comment pensez-vous que cela aidera les apiculteurs sur leur exploitation ?

Au cours de mon stage, j’ai étudié les effets d’un pesticide sur les taux de pertes journalières d’abeilles et sur l’activité des colonies à l’aide de compteurs électroniques d’abeilles installés à l’entrée de la ruche. Un des objectifs était notamment d’identifier des taux de mortalité anormalement élevés pouvant présenter un risque pour le développement des colonies. Nous avons par exemple testé l’effet d’un retrait artificiel élevé d’abeilles pendant deux jours en fin de saison, correspondant à 3 fois la mortalité de fond des colonies, selon un scenario de l’Autorité Européenne (EFSA, 2013).

Ce retrait pourrait présenter un risque pour les colonies, tout du moins sur le court terme, puisque les premiers résultats indiquent une réduction de taille de la population supérieure au seuil minimum acceptable de 10 % fixé par l’EFSA (2023). Le travail au moyen de ces compteurs va se poursuivre afin de tester leur potentiel en tant qu’outil de surveillance des colonies d’abeilles pour mieux comprendre et prévenir les problèmes d’affaiblissements des colonies d’apiculteurs sur le terrain.

Bibliographie

    EFSA (European Food Safety Authority), 2013. Guidance Document on the risk assessment of plant protection products on bees (Apis mellifera, Bombus spp. and solitary bees). EFSA Journal 2013;11(7):3295, 268 pp. https://doi.org/10.2903/j.efsa.2013.3295

    EFSA (European Food Safety Authority), 2023. Revised guidance on the risk assessment of plant protection products on bees (Apis mellifera, Bombus spp. and solitary bees). EFSA Journal 2023;21(5):7989, 133 pp. https://doi.org/10.2903/j.efsa.2023.7989

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Auteur : 

Paul JACQUES - Etudiant en Master 2 Gestion de l’Environnement – Spécialité Écotoxicologie à Metz

Photographie : 

Paul JACQUES

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