
La plupart de ces critères ont été proposés par Ruttner dès 1972, suite au congrès Apimondia de Lunz. Ceux-ci ont fait l’objet d’une publication actualisée dans le Beebook en 2013. Ce document se base donc sur ces recommandations.
1. L’identification des reines
1. Numéro individuel
Chaque reine doit être identifiée par un numéro unique.
Pour la nomenclature, il semble pertinent d’utiliser celle de Beebreed : n° d’association (2 chiffres), n° d’éleveur (), n° de reine (3 chiffres), année (4 chiffres).
Le n° de reine peut correspondre à un numéro de pastille.
2. Généalogie
Toutes les reines sur lesquelles un contrôle de performances est réalisé doivent obligatoirement avoir une généalogie connue, au minimum sur la voie maternelle.
Si la voie mâle est connue (IA, station de fécondation dirigée), il faut indiquer le numéro de la colonie souche (mère des reines qui produisent les mâles).
3. Compléments
D’autres informations sont intéressantes à renseigner pour chaque reine testée :
- Type d’accouplements (naturel, station de fécondation dirigé, île de fécondation, insémination)
- Site de fécondation (rucher ou personne si IA)
- Série d’élevage
- Date d’émergence
- Date de fécondation
- …
2. L’organisation d’un rucher de testage
Dans tous les cas, confier le suivi des colonies à des apiculteurs expérimentés est important, notamment pour la qualité des notations de comportement.
1. Généralités
La base de l’évaluation est de placer les colonies dans un rucher dans lequel les conditions sont similaires, à commencer par l’utilisation d’un matériel uniforme et si possible proche des standards commerciaux.
Localisation et organisation
Quelques principes doivent être suivis dans le choix de l’emplacement puis dans le positionnement des colonies au sein du rucher :
- Avoir suffisamment de ressources
- Eviter le positionnement des ruches en ligne, favoriser les positionnements individuels ou les regrouper en petits groupes avec des entrées dans différentes directions
- Idéalement, les groupes de ruches sont séparés par des haies, barrières….
Taille
La taille minimum d’un rucher de contrôle de performance est de 10 colonies. Celles-ci doivent appartenir à différentes origines. Le maximum de colonies par rucher dépend des ressources disponibles mais il faut éviter les ruchers de taille supérieure à 30 ruches.
Reines
Au sein d’un même rucher, les reine sœurs ne doivent pas être regroupées.
Durée et calendrier
Le contrôle de performance démarre avec l’évaluation de pré-hivernage. Les observations peuvent démarrer quand toutes les abeilles sont issues de la reine testée (40j après l’introduction de la reine).
Pour les évaluations comportementales, il faut noter les colonies à chaque inspection, au minimum 4 fois. Ces évaluations doivent se dérouler dans des conditions environnementales similaires (même jour), et si possible être réalisées par le même testeur.
2. La gestion des colonies
Les règles de base sont de se rapprocher au maximum des standards de production et de traiter toutes les colonies de la même manière.
Ruche
Voici quelques recommandations spécifiquement pour les ruches :
- Utiliser les modèles standards (Dadant, Langstroth)
- Poser les ruches sur un support (meilleure position de travail, protège des champignons)
- Peindre avec différentes peintures (attention au type de peinture utilisé)
- Laisser suffisamment de place à la colonie, ajouter une hausse quand les abeilles occupent la plupart des cadres (au moins les ¾)
- L’utilisation de plancher grillagé permet une meilleure ventilation et un contrôle facile des chutes varroa
- Avoir des entrées de tailles modifiables pour adapter la ruche à la saison, la force de la colonie… Et servir de protection en hiver
- La taille des planches d’atterrissage doit être identique entre ruches mais les couleurs peuvent être différentes
- L’utilisation d’une grille à reine est facultative mais en cas d’utilisation, ils faut les placer sur toutes les colonies en même temps
- Les nourrisseurs doivent être installés uniquement si les colonies ont besoin de nourrissement et mettre le même matériel (notamment en capacités) au même moment dans toutes les colonies
- Marquage multiple des ruches recommandé (toit, position dans rucher, côté)
Eau
Il faut veiller à ce que le rucher dispose d’un accès à une eau propre et en quantité suffisante
Cire
Les colonies doivent être établies sur des cires propres (sans pesticides, même origine). Les cadres peuvent être déjà bâtis mais doivent être désinfectés avant leurs poses.
Établissement colonie
Pour l’établissement des colonies, la méthode idéale est de partir de paquets d’abeilles, elle permet un bon contrôle sanitaire et une bonne homogénéité entre colonies. Pour cela 2Kg minimum d’ouvrières jeunes et en bonne santé doivent être utilisées, la reine doit être introduite au même moment pour tout le rucher de testage et il faut distribuer un nourrissement.
Il est cependant également admissible d’utiliser des colonies pré-existentes dans lesquelles on introduit les reines à tester. En ce cas, il faut ajuster la taille des colonies afin d’aboutir à un groupe homogène.
Nourrissement
La règle principale est de nourrir avec la même quantité par colonie. Toujours veiller à avoir 10Kg de miel/sirop stocké par colonie permet un développement optimal de celles-ci.
3. Protocole de mesure des différents critères
Tous les critères cités ci-après peuvent s’évaluer sur une colonie qui se trouve sur un rucher de testage mais il n’est pas nécessaire de réaliser l’intégralité de ceux-ci.
1. Production de miel
La méthode d’évaluation est de peser avant et après extraction avec une notation en Kg et une précision de 100 g.
Avoir une notation séparée par miellée peut s’avérer indispensable.
2. Douceur et tenue au cadre
Ces critères de comportement sont notés selon le protocole standard de mesure (cf. table 1), sur une échelle de 1 à 4 avec la possibilité de demi-points intermédiaires (soit 7 valeurs). Ces critères doivent être évalués 3- à 6 fois par saison, toujours à la même date pour toutes les colonies d’un rucher. Le résultat qui sera enregistré est la moyenne des évaluations.
3. Essaimage
Ce critère de comportement s’évalue aussi sur une même échelle (cf. table 1). En revanche, la note enregistrée est la plus basse de l’année. Les cellules de supersédure ne sont pas considérées comme des cellules d’essaimage.
Note | Douceur | Tenue au cadre | Essaimage |
---|---|---|---|
1 | Les abeilles montrent une agressivité forte malgré l’usage de l’enfumoir / les abeilles attaquent sans être perturbés | Les abeilles quittent les rayons, courent sur hausses et font des grappes dans ou en dehors de la ruche | Essaimage actif : la colonie essaime ou l’essaimage ne peut être évité sans intervention forte (mise en ruchette provisoire d’un essaim…) |
2 | Attaques d’abeilles et piqûres durant le travail même si l’enfumoir est utilisé intensément | Les abeilles quittent leurs rayons et se regroupent sur les bords des cadres et des hausses | Tendance forte à l’essaimage indiquée par construction répétée de cellules royales et des symptômes avancés de préparation à l’essaimage (réduction couvain ouvert, reine amaigrie, construction rayon limitée |
3 | On peut travailler sur la colonie facilement en utilisant un peu l’enfumoir | Les abeilles bougent mais ne quittent pas leurs cadres durant l’intervention | Faible tendance à l’essaimage : présence de cellules royales avec larves mais les conditions générales de la colonie n’indique pas d’activité d’essaimage immédiate. La préparation à l’essaimage peut être stoppée en détruisant les cellules royales et en offrant d’avantage de rayons. |
4 | L’utilisation de l’enfumoir ou de vêtements de protection sont inutiles pendant la procédure de travail normale | Les abeilles restent sur leurs cadres sans réactions notables aux manipulations | La colonie n’indique aucune tendance à l’essaimage. Il n’y a pas de cellules royales avec des œufs, des larves ou des pupes. |
4. Comportement hygiénique
Plusieurs possibilités existent pour la mesure de ce caractère. Chacune présente des avantages et des inconvénients d’un point de vue pratique que chacun doit apprécier selon ses moyens. Dans tous les cas, il est important de faire la mesure sur une colonie au minimum 2 fois par an et si possible d’avantage :
- Couvain congelé : contrôle du nettoyage 24h ou 48h après
- Couvain tué à N² : contrôle du nettoyage 24h ou 48h après
- Pin test : couvain percé avec des aiguilles, contrôle du nettoyage 6h après.
5. Infestation de varroa
La mesure de l’infestation de varroas est différente selon le niveau d’infestation. En période de faible infestation (printemps), elle se fait par le suivi de la mortalité naturelle. En période d’infestation plus forte, elle se fait par l’estimation de la population de varroas phorétiques.
Dans les conditions européennes, il est donc recommandé de faire 3-4 semaines de suivi des chutes naturelles (relevé hebdomadaire) lors de la première floraison puis de mesurer l’infestation sur abeilles durant l’été (répété par intervalle de 3-4 semaines).
6. Autres maladies
Pour toutes les autres maladies ou parasitoses, il faut enregistrer tous les symptômes et maladies observées. Un simple enregistrement oui/non est pour l’instant utile pour la sélection.
La mesure du taux d’infection de certains virus ou pathogènes de l’abeille peut également être affiné avec l’appui de laboratoires d’analyse.
7. Autonomie alimentaire / nourrissement
Toujours veiller à avoir 10 Kg de miel/sirop stocké par colonie permet un développement optimal de celles-ci. Le nourrissement ne doit donc se faire que pour compenser des colonies qui seraient en deçà de cette recommandation.
Il faut enregistrer la quantité apportée avec une précision de 100 g.
8. Développement printanier et hivernage
La mesure de ces critères peut se combiner avec la mesure du nourrissement. La prise en compte de ces caractères se fait par la mesure des populations d’abeilles et des surfaces de couvain à différentes dates (au moins avant hivernage, après hivernage – première floraison mais avant émergence jeunes abeilles, première miellée, pic de développement).
La qualité de l’hivernage est appréciée en divisant le nombre de cadres couverts d’abeilles au printemps (fleurissement du saule) par celui au moment du nourrissement d’automne. Cette mesure peut se combiner au nourrissement hivernal.
Pour estimer le développement de printemps, on calcule la différence entre les nombres de cadres couverts de la colonie la plus forte et de celle de la colonie la plus faible, et on juge toutes les colonies par rapport à cette différence.
9. Durée de vie
Il suffit d’un contrôle régulier de la présence de la reine.
La difficulté pour la mise en œuvre étant d’avoir les colonies dans des conditions similaires jusqu’à la mort de la dernière reine.
10. Morphométrie
Pour certains apiculteurs, la morphologie des abeilles, souvent associé à l’idée de race, peut également faire l’objet d’un suivi strict par exemple via apiclass.
11. Autres caractères
De nombreux autres caractères peuvent faire l’objet de protocoles de contrôle rigoureux si leurs améliorations répondent à des objectifs de sélection définis. Ainsi, des productions spécifiques, comme le pollen ou la gelée royale peuvent faire être évalués selon des protocoles définis.
Dernière mise à jour
2015-06-15 15:22:02